Tous les articles par Frère Oliveto

Ascension : L’humanité à la droite du Père

Ascension A :
Actes 1, 1-11

Après ces paroles, tandis que les Apôtres le regardaient, il s’éleva, et une nuée vint le soustraire à leurs yeux.

Comment comprendre cette solennité de l’Ascension ? Est-ce seulement l’ultime fait de la présence corporelle de Jésus sur cette terre ? S’agit-il seulement de finir en beauté et dans le mystère les 40 jours d’apparition après la Résurrection ?
La lecture du début du livre des Actes des Apôtres nous donne quelques pistes pour méditer sur ce qui nous est révélé

La glorification du Christ

St Luc, qui a écrit les Actes des Apôtres, nous rapporte un événement avec la précision d’un historien. Nous sommes 40 jours après Pâques, durée très symbolique durant laquelle Jésus s’est montré vivant à ses disciples. Il a pu leur permettre de bien comprendre que c’est lui-même qui est mort sur la croix et qui a été mis au tombeau, puis qui est revenu à leur rencontre, vivant. Il leur a fait constater que tout son être est vivant, y compris son corps. Pour la première fois, la mort n’a donc pas eu de prise sur l’humanité. L’antique malédiction due au péché des origines a été mise en échec. La mort n’a plus le dernier mot.
Durant toute cette période, Jésus a enseigné ses disciples. Mais manifestement ils n’ont pas encore compris ce qui allait se passer ensuite : ils attendent encore son règne sur terre. C’est alors qu’ayant donné les dernières consignes à ses disciples, il s’élève vers le ciel et disparait dans une nuée. La nuée est le signe de Dieu dans l’Ancien Testament, et c’est sans doute ainsi que les disciples l’interprètent : Jésus retourne à Dieu. Il y retourne dans son humanité complète, avec son corps. Paul nous apprend un peu plus ce qui se passe : le Christ va s’asseoir à la droite de Dieu. Et avec lui, en lui, c’est toute l’humanité qui est glorifiée. Pour être Fils de Dieu à la droite du Père, il n’en reste pas moins totalement homme comme nous.
L’élévation au-dessus de tous les cieux dit aussi le pouvoir qui lui est donné. Exalté dans la gloire, il surpasse toutes les forces. Il n’y a plus de place pour quelque superstition que ce soit : puissances telluriques ou astrales, démons et fantômes en tous genres, tout cela ne peut plus être considéré comme quelque chose par les disciples du Christ. Il domine tout l’univers. Il est manifesté comme celui qui régit toute la Création, visible et invisible, tout lui est soumis.

Poursuivre la mission du Christ

Jésus laisse une mission à ses disciples. Remarquons qu’elle parait disproportionnée pour cette poignée de galiléens, marins d’eau douce pour la plupart. Si valeureux étaient-ils, ils n’étaient pas des puissants de ce monde. Ils avaient eu un peu de mal à suivre Jésus durant trois ans, ils l’avaient presque tous quittés au moment de sa passion, ils étaient enfermés par peur des autorités juives au moment de la résurrection… Ils ne se sentaient probablement pas très capables d’être les témoins de leur maître bien-aimé jusqu’aux extrémités de la terre. Déjà qu’il serait probablement difficile de l’être dans leur propre contrée !
Pourtant ils reçoivent bien cette mission de Jésus. Ils reçoivent sa confiance. Et nous la recevons avec eux, car leur envoi est aussi le nôtre. Nous avons la chance de savoir que la souffrance et la mort n’ont plus le dernier mot, que l’humanité a été glorifié à la droite de Dieu le Père, que le Christ règne sur toute la Création visible et invisible et qu’aucune force obscure n’est plus à craindre. Cette bonne nouvelle est à annoncer à tous, partout, et toujours. Elle est à manifester par nos paroles, bien sûr, mais aussi par toute notre vie, comme le Christ.

Attendre la réalisation de la Promesse

Une double promesse est offerte aux disciples, ou une promesse à deux aspects, l’un proche et l’autre plus lointain : la venue de l’Esprit Saint et le retour du Christ. Il s’agit au fond d’un unique mystère. Christ s’en va pour revenir autrement. Il reviendra d’abord en faisant le don de l’Esprit Saint, son Esprit, avec qui il est un. Les disciples ont côtoyé Jésus, ils ont marché à ses côtés, ils ont appris à le connaître mais sans y arriver vraiment. Désormais le Christ les invite à désirer le connaitre de l’intérieur. Il leur promet qu’ils vivront de sa vie, cette vie sur laquelle les puissances des ténèbres n’ont pas de prise. Sa force va venir en eux. C’est l’Esprit qui le guidera désormais dans leur mission jusqu’aux extrémités de la terre.
La deuxième phase de la promesse se réalisera plus tard. Ce sont les anges qui l’annoncent aux disciples. Le Fils de Dieu reviendra dans sa chair, d’auprès de Dieu le Père, pour nous prendre tous ensemble avec lui. Dès maintenant nous sommes les membres de son Corps. Mais déjà la promesse du Salut définitif nous est donnée, et cette espérance de la fin des temps peut transformer notre vie.

Bonne fête de l’Ascension !

Prière universelle :

PU Ascension A

Halte spi des mamans : ça reprend !

Reprise de la halte spi des mamans

La halte spi des mamans reprend, après quelques années tourmentées par la pandémie, suivies par l’épuisement de l’équipe d’organisation. Mais des forces vives se lèvent !

Un jeudi tous les deux mois (entre chaque vacances), de 9h à 15h30, venez souffler et vous ressourcer spirituellement à l’abbaye. Des mamans vous accueillent, en collaboration avec les frères, pour que vous puissiez profiter de quelques heures de recentrage sur votre vocation spirituelle de mère de famille.

Un « menu » équilibré

Vous trouverez le déroulement, très simple, ainsi que les dates de l’année 2022-2023 sur la page de notre site consacrée à la halte spi : ICI !
Accueil convivial, prière introductive, enseignement, temps de silence (possibilité de confession), messe, repas partagé ou en solitude, échange, prière des mères.
Un thème pour l’année : les fruits de l’Esprit. Discerner les fruits de l’Esprit dans sa vie et dans la vie de sa famille, s’en réjouir, les cultiver :

« voici le fruit de l’Esprit : amour, joie, paix, patience, bonté, bienveillance, fidélité, douceur et maîtrise de soi. »

(St Paul aux Galates 5, 22-23)

Connaissez-vous la « prière des mères » ?

Ce mouvement pourrait compléter la halte spi des mamans, et la halte spi compléter ce que propose ce mouvement. Faites connaissance sur le site de la Prière des mères.
Deux groupes voudraient se monter : un à Mont de Marsan et un à Orthez. Si cela vous intéresse, n’hésitez pas à vous faire connaître !

L’ultime témoignage de St Bernard Tolomei

Le martyr de St Bernard Tolomei

Chaque 19 août, nous fêtons l’entrée dans la gloire du ciel de notre fondateur, St Bernard Tolomei. Il est mort le 20 août 1348, durant la grande peste, ou peste noire, qui a ravagé l’Europe, en soignant ses frères du monastère de Sienne, atteints par la pandémie. Voici l’homélie donnée en 2022 à l’occasion de la solennité. Les lectures de la messe sont les suivantes : Gn 12, 1-4 ; Ph 2, 12-18 ; Jn 15, 9-17

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Introduction à la Règle de St Benoît en 6 leçons

Introduction à la Règle de Saint Benoît

6 leçons : est-ce beaucoup pour une introduction à la Règle de Saint Benoît ? Pas tant que cela. Laissez-vous surprendre par la richesse de ce texte relativement court. Il réserve bien des surprises, des perles parfois cachées. Et cette « petite règle pour les débutants », selon le mot de St Benoît lui-même, a dépassé depuis bien longtemps le cadre de la vie monastique. Elle inspire nombre de laïcs dans leur vie personnelle, familiale, ou professionnelle.

Ces conférences, données à l’abbaye de Maylis en juillet 2022, veulent vous offrir quelques clefs de lecture qui vous permettront d’ouvrir plus facilement les bonnes portes. Elles veulent ainsi faciliter l’accès à la source de 1500 ans de tradition spirituelle. Vous pourrez ainsi plus facilement profiter de la fécondité du terreau bénédictin. Et elles sont données de manière à être directement nourrissantes pour la vie spirituelle.

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Prier en couple à l’école des moines

Prier en couple : tout un programme… C’est même le croisement de deux programmes : prier, et vivre en couple. Mettre la prière au cœur du couple, c’est prendre soin du don reçu lors du sacrement de mariage. C’est un des moyens de rester ouvert à cette grâce que Dieu donne chaque jour, à chaque pas. Lieu de communion et d’entraide dans l’ouverture à Dieu, service du couple et de chacun de ses membres, mais aussi mission commune au cœur de l’Église et du monde : la prière englobe beaucoup de dimensions de la vie conjugale.
Le but ici n’est pas de faire un plaidoyer pour la prière conjugale, ni même une explication de son importance. Il s’agit simplement de donner quelques points de repères pratiques pour savoir comment faire, et s’y mettre effectivement. Les couples sont invités à prendre exemple sur la prière de l’Église, qui se manifeste notamment dans la prière des moines. On y trouve bien des éléments qui peuvent être utiles à imiter en les adaptant.

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Le Carême : préparons-nous à fêter l’amour !

Le Carême : préparation aux fêtes de l’amour

Le Carême est un temps de préparation à la fête de Pâques. C’est-à-dire que nous nous préparons à célébrer la manifestation suprême de l’amour de Dieu pour les hommes, pour chacun de nous. Pâques est la grande fête de l’amour.

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L’abbaye (encore) en travaux

Maylis de nouveau en travaux

Lors de votre prochain passage à Maylis, ne vous étonnez pas de trouver quelques changements… Depuis longtemps nous devions retravailler l’accessibilité de l’entrée du magasin et du monastère. Notre plan incliné pour fauteuils roulants, notamment, était trop raide. Les plans inclinés eux aussi prennent de l’âge et se retrouvent hors-normes !
Différents autres besoins se faisaient aussi sentir pour que nos accueils dans cette zone de porterie soient plus commodes et paisibles pour tous.

Entrée de l'abbaye avant le début des travaux
L’entrée que vous connaissez

Pour mieux vous accueillir demain

Après mûre réflexion entre nous puis avec notre chère agence d’architecture TLR de Bordeaux, nous avons entrepris des travaux qui vont nous prendre jusqu’à l’été 2022. Au programme :

  • une accessibilité pour les personnes handicapées au top des normes actuelles
  • un quai de déchargement pour les livraisons
  • un magasin un peu étendu et remis à neuf avec une entrée séparée de celle du monastère
  • un hall d’entrée du monastère plus lumineux
  • un petit relookage esthétique au passage
    Nous espérons que vous apprécierez !
cartons posés sur des chaises
Déménagement de livres
hall d'entrée et magasin vides
C’est vide !
Entree de l'abbaye en travaux
Démolir pour reconstruire
gravats dans le hall d'entrée démoli
C’est parti !

Installation provisoire aujourd’hui

Bien sûr, nous continuons à vous accueillir jusqu’à l’été 2022.

vue du batiment de l'ancienne école
Le magasin et les parloirs provisoires

La boutique a déménagé dans l’ancienne école, sur un côté du parking, à l’opposé de l’église. Les frère seront heureux de vous y accueillir. Vous y trouverez la sélection habituelle de livres, produits monastiques et objets de piété.
L’accueil pour le monastère se passe aussi à la boutique aux heures d’ouverture. Sinon vous y trouverez le numéro de téléphone à appeler pour que nous venions à votre rencontre.
Vous serez les bienvenus et tout va bien se passer !

Salle du magasin provisoire en cours d'aménagement
On emménage !
magasin provisoire aménagé vide
Ça prend forme…
Magasin provisoire en fonctionnement
Soyez les bienvenus !
magasin provisoire : rayon enfants et objets de piété
Retrouvez tout ce que vous aimiez !

A bientôt !

Magasinier souriant à la caisse
Avec le sourire !

31e dimanche : Deux pour le prix d’un

31e dimanche ordinaire B :
Marc 12, 28-34

Il n’y a pas de commandement plus grand que ceux-là.

On demande à Jésus un commandement, le plus grand commandement, et il en donne deux pour le prix d’un. On est habitué à ce que Jésus réponde à sa manière. Nous avons nos questions d’hommes. Il a la Révélation divine qu’il est venu nous offrir, en plénitude.
La recherche du plus grand commandement était une question d’école parmi les scribes et les pharisiens. Ils avaient en effet un problème : leur perfection avait été codifiée, cadrée, régulée, dans plus de 600 commandements. Ils ne savaient pas toujours distinguer ce qui était vraiment important de ce qui l’était moins. Beaucoup de normes semblaient se valoir, et au fond on n’en comprenait plus le sens. Alors ils avaient une fâcheuse tendance à mettre en pratique la Loi juive non parce qu’elle les rapprochait de Dieu, mais parce que la Loi, c’est la Loi. Cela pouvait donc donner une foi étriquée, coincée, rigide, sans souffle. Et dans l’application des règles, ils se souciaient surtout de leur propre perfection.
Tous, cependant, n’étaient pas ainsi, notamment le scribe qui s’avance vers Jésus ce dimanche. Il perçoit combien la réponse de Jésus est ajustée. La première partie de sa réponse, qui cite le passage du livre du Deutéronome lu en première lecture, est classique. Jésus innove en ajoutant le second commandement, celui de l’amour du prochain. C’est le début de la révolution de l’amour. Le scribe comprend tout de suite l’implication de ce rapprochement qui lie le courant prophétique au courant sacerdotal de la Thora. La Thora, les premiers livres de la Bible (dont fait partie le Deutéronome), insiste beaucoup sur le culte. Les prophètes insistent souvent sur le vrai culte constitué par l’amour du prochain.
Vivre le Royaume, c’est tout remettre à sa place, tout remettre en place, c’est honorer Dieu en aimant son prochain, et aimer son prochain en honorant Dieu.

Prière universelle :

PU 31e dimanche ordinaire B

PU Toussaint B

Une méditation en trois questions…
… pour les grands et les petits !

Accueillir l’Évangile :

Aimez-vous le jeu des différences ? Les trois évangélistes rapportent ce passage. Comparez Marc avec Mt 22, 34-40 et Lc 10, 25-28 !

Comprendre sa foi :

Que se passe-t-il si on sépare l’amour de Dieu et l’amour du prochain, ou le culte et la charité chrétienne, pour ne garder que l’un des deux ?

Vivre avec Jésus :

Ce premier commandement, double, est-il l’axe de ma vie ?

Jubilation pour 50 ans donnés !

La vie monastique en vaut la peine !

Le samedi 17 avril, fr Colomban a célébré le cinquantième anniversaire de sa première profession. Chaque jubilé est l’occasion de renouveler les vœux prononcés dans sa jeunesse, mais surtout de rendre grâce pour la fidélité de Dieu qui accomplit des merveilles dans la vie de ses serviteurs. Dans son mot de remerciement, dont vous trouverez un extrait ci-dessous, fr Colomban nous a affirmé: « la vie monastique en vaut la peine ! » Belle et encourageante conclusion de ces années de fidélité.

Voici quelques images commentées de la messe de jubilé, pour que vous puissiez entrer dans la jubilation du fr Colomban et de notre communauté avec lui. Cela peut être pour chacun l’occasion de renouveler les promesses de son baptême.

Remerciement du frère Colomban

Un aperçu sur le mot de remerciement de fr. Colomban, à la fin de la messe. Après avoir remercié ses parents et sa famille, il a ajouté:

Il y a aussi quelques amitiés, fortes et d’autant plus précieuses que la vie monastique peut être marquée par une certaine solitude affective, quelle que soit la réelle chaleur fraternelle d’une communauté. De ces amitiés, j’ai conscience d’avoir plus reçu que je n’ai donné. Et puis il y a le Père Emmanuel et tous nos anciens de la communauté qui m’ont accueilli et guidé dans la vie monastique. Ils m’ont donné le goût de St Benoît, et j’espère un peu de son esprit, à leur exemple j’ai pu persévérer au monastère. Et puis il y a mon Père Abbé et mes frères qui m’entourent aujourd’hui et chaque Heure, chaque jour. Ils me supportent et je les supporte– dans le bon sens bien sur, celui de supporter-, et si je ne sais pas toujours le leur dire et le leur montrer, c’est aujourd’hui peut être l’occasion de leur dire que je les aime et je sais qu’ils m’aiment, pas forcément d’un amour sensible mais toujours vrai. Il y a une oraison de communion qui dit en s’adressant au Seigneur  ‘…sans toi notre vie tombe en ruines’, et bien sans ma communauté ma vie tombe en ruines. Alors si certains ou certaines se posaient la question, qu’ils sachent bien que la vie monastique en vaut la peine.

Homélie du père abbé

Lectures : Ph 3, 7-14 ; Jn 1, 35-42.

Que cherchez-vous ?
Maître, où demeures-tu ?
Venez et vous verrez.
Ils allèrent donc, ils virent où il demeurait
et ils demeurèrent auprès de lui ce jour-là.


On a là une magnifique description de la vie monastique, et je remercie du fond du cœur fr Colomban d’avoir choisi ces deux lectures pour illustrer son Jubilé de 50 ans de vie monastique.
Tout commence par Jésus qui nous interroge : Que cherchez-vous ? 
C’est-à-dire : « qu’est-ce qui vous anime ? Qu’est-ce qui vous motive, vous dynamise ? Quel est l’axe de votre vie … ou plutôt, au fin fond de vous, qu’est-ce qui vous attire ? A quoi aspirez-vous ? »
La réponse des disciples est surprenante : Maître, où demeures-tu ?
C’est dire qu’en le voyant faire les cent pas près du Jourdain, et en entendant le Baptiste déclarer : « voici l’Agneau de Dieu », ils se sont sentis rejoints et interpellés.
Une folle espérance est montée en eux.
Ils ont perçu en Jésus un rayonnement extraordinaire, leur donnant à penser qu’il pourrait les combler, peut-être donner sens à leur vie. Et ils se sont mis à le suivre.
Ainsi le moine a perçu pour lui-même que seul le Christ pourrait donner vraiment sens à sa vie. Ce n’est que là qu’elle prendra du poids, de l’intensité. Ce n’est que là qu’il sera comblé. Tout le reste, sans pour autant être mauvais et étant même bon et beau, tout le reste lui parait léger à côté de l’intimité avec Jésus.
N’est-ce pas ce que cherchait à exprimer st Paul dans la 1° lecture ?


Tous ces avantages que j’avais, je les ai considérés, à cause du Christ, comme une perte.
Oui je considère tout cela comme une perte à cause de ce bien qui dépasse tout : la connaissance du Christ-Jésus, mon Seigneur.


De quels avantages s’agit-il ? De la possibilité de se lancer dans un métier, ou d’envisager de fonder une famille, ou des richesses de sensibilité ou de relations amicales etc … Tout cela parait tellement léger à côté d’une vie en intimité avec Jésus !


Ils allèrent donc, et ils virent où il demeurait, et ils demeurèrent auprès de lui ce jour-là.
On sent là une rencontre extraordinaire, peut-être de l’ordre de celle entre un disciple et son Maître, où celui-ci transmet à l’autre tout ce qui l’habite, l’anime, et l’autre en est comblé dans son intelligence, et il boit tout.
Ce peut être aussi un moment d’amitié particulièrement intense, où les deux amis sont ouverts l’un à l’autre et communient à des valeurs communes. Mgr Robert Le Gall, archevêque de Toulouse, dans une méditation sur l’amitié, la décrivait ainsi : « Nos âmes étaient sur la même branche de l’Arbre de la Vie, et elles s’étaient reconnues. »
Magnifique description pour exprimer que la vie avait fait se rejoindre les 2 amis, et ils avaient reconnu en l’autre des pierres d’attente, des aspirations communes … Ils se sont reconnus !
N’est-il pas émouvant cet éclairage pour envisager notre relation au Christ ? Il est venu se poser sur la même branche que moi, et il me propose son amitié … Il me reconnaît comme sien, et il espère que je vais le reconnaître également !
Ils demeurèrent auprès de lui ce jour-là, c’était environ la 10° heure.
La traduction liturgique formule cela : « ils restèrent auprès de lui », mais dans le grec, original, c’est le même verbe « demeurer » qui est utilisé.
Devant cette insistance sur ce verbe « demeurer », je suis allé regarder dans le Vocabulaire de Théologie Biblique son sens dans la Bible. La notice du P Jules de Vaux m’a beaucoup plu. Son introduction explique :
Toujours en mouvement, Israël, nomade puis exilé, n’a jamais véritablement expérimenté ce qu’est « demeurer ». Ce peuple, toujours en marche, rêve de se reposer des fatigues du désert. Il voudrait s’installer, et vivre en paix dans la terre que Dieu lui a promise. Au soir de chaque grande étape de son histoire, Israël pense dresser ses tentes pour une « sûre demeure ». … et au matin, il faut à nouveau partir … Ainsi, demeurer est un idéal toujours espéré, mais jamais atteint, qui ne trouvera son accomplissement qu’en Dieu.
Israël, peuple nomade, qui rêve de demeurer avec Dieu, est une belle anticipation du moine de st Benoît, toujours en marche, qui rêve de s’arrêter un peu et de demeurer avec Dieu, en Dieu.
Il me semble qu’au fil des ans, ce rêve devient de plus en plus perceptible, parfois-même prégnant. On s’est agité pendant des années, cherchant à servir Dieu en servant la communauté, au mieux de ce que nous pouvions donner. Dès qu’un objectif était atteint, on se disait : « là, on va pouvoir se poser un peu » … mais rapidement la nuée lumineuse s’élevait de nouveau, et il fallait repartir vers un autre objectif. La vie du moine rejoint vraiment celle d’Israël dans le désert, en marche vers la Terre promise.
C’est le « demeurer en Dieu » qui nous attire

St Paul exprime la même réalité avec l’expression « connaître le Christ », puisque dans la Bible il ne s’agit pas d’une connaissance intellectuelle, mais de connaître dans l’amour.
Il s’agit pour moi de connaître le Christ,
d’éprouver la puissance de sa résurrection,
et de communier aux souffrances de sa Passion, en devenant semblable à lui dans sa mort, avec l’espoir de parvenir à la résurrection d’entre les morts.
Tout est dit de la vie monastique, mais aussi de toute vie chrétienne.
Connaître le Christ, je l’ai déjà dit, au sens biblique il ne s’agit pas d’une connaissance purement intellectuelle, mais d’un lien vital, intime. Une connaissance dans l’amour.
Nous retrouvons bien là tout ce qui a été dit de l’amitié avec Jésus.
Éprouver la puissance de sa résurrection. Au cours de notre vie monastique, nous avons tous expérimenté de temps à autre, que le Seigneur était capable de nous combler, de nous faire avancer, de nous transformer. Nous expérimentons un peu la force de sa vie qui nous habite, qui nous ouvre à une vie nouvelle, qui nous sort petit à petit de nos travers, nous établit sur une échelle des valeurs différente.
Mais ayant expérimenté cela, la vie nous conduit aussi, souvent, à communier aux souffrances de sa Passion, en devenant semblable à lui dans sa mort. Comment cela ?
– en constatant, avec l’âge, que notre corps, nos capacités psychologiques ou intellectuelles, sont en train de mourir à petit feu …
– en accueillant de mieux en mieux nos misères, notre péché, mais sans angoisse car nous avons confiance en la puissance de la résurrection.
Il y a quelque temps, un ancien parmi nous, portant un regard sur sa vie et évoquant sa jeunesse à un ami, exprimait : «C’était le bon vieux temps, où nous rêvions encore de perfection et de sainteté, alors que désormais, nous constatons que nous ne sommes que de pauvres misérables, sujets de l’infinie Miséricorde, de laquelle st Benoît dit qu’il ne faut jamais désespérer.»
« Oui, les illusions de la jeunesse se sont envolées où je croyais que je pourrais faire pas mal de choses bonnes, que je pourrais devenir un bon moine » … Tout cela s’effiloche au fur et à mesure que la lumière divine pénètre en nous, mettant à jour nos misères, notre péché même, qui se glissait dans tout ce que nous cherchions à faire.
Comme le dit très bien St Paul, il ne s’agit plus de penser ou espérer être reconnu juste, d’une justice qui s’appuie sur nos œuvres (ce que st Paul appelle une justice qui vient de la Loi de Moïse), mais de celle qui vient de la foi au Christ, la justice qui vient de Dieu et qui est fondée sur la foi.
C’est-à-dire que c’est Dieu qui nous rend juste,
en nous pardonnant et nous purifiant,
en nous reconstruisant sur cette vérité que nous avons besoin d’être sauvé
« J’ai besoin d’être sauvé ! Aujourd’hui !
Et le Christ est venu pour cela
et il s’est posé sur la même branche que moi
et il m’a reconnu comme sien
et je l’ai reconnu comme mon Sauveur, mon Rédempteur.
 »
Si notre vie monastique nous amène à ce constat, nous n’aurons pas perdu notre temps,
ou plutôt l’offrande du Christ sur la Croix n’aura pas été rendue vaine !
N’est-ce pas cela que nous célébrons en chaque Eucharistie ?
Jésus qui donne sa vie, pour nous entraîner à sa suite vers le Père.
C’est aussi la grâce de chaque jubilé, qui nous entraîne toujours un peu plus loin, de fois en fois, jusqu’à ce que nous puissions enfin établir notre demeure en Dieu.

Travailler ou prier ? Avec les Pères du désert… 5/5

Travailler ou prier : quelle question !

Nous arrivons au bout de l’enquête chez les Pères du désert au sujet des liens entre travail et prière se poursuit… Dernière contribution à la réflexion. Après Abba Antoine (prière et travail main dans la main), Abba Sylvain (unification, bon sens, et mesure), Abba Or (travail et humilité), Abba Poemen (apprendre à discerner), voici la cinquième et dernière étape… Suivez-moi pour la fin de ces visites ! Poursuivre la lecture