Archives par mot-clé : foi

2e semaine de Pâques : Rencontrer le Ressuscité



2e dimanche de Pâques C :
Jean 20, 19-31

Jésus dit à Thomas : « Avance ton doigt ici, et vois mes mains ; avance ta main, et mets-la dans mon côté : cesse d’être incrédule, sois croyant. »

Jésus se rend présent, le premier jour de la semaine, aux disciples rassemblés. Qui sait pourquoi Thomas n’y était pas ? Peut-être avait-il une raison fort légitime d’être absent, quelque affaire importante. Ou peut-être était-il abattu de tristesse par la mort du Maître et n’avait-il pas le cœur à se joindre aux autres. Ou peut-être encore était-il enfermé dans sa peur et se cachait. Quoi qu’il en soit il s’était mis à part, seul. Et, seul, Thomas n’a pas pu rencontrer son Seigneur et son Dieu. Seul, il n’a pas reçu l’Esprit Saint ni n’a été envoyé en mission pour le pardon des péchés. Seul, il n’a même pas pu croire le témoignage de tous les autres.
Thomas n’était pas présent au rassemblement du dimanche, comme Jésus l’avait demandé. Il n’était pas présent à la communion fraternelle. Du coup il n’était pas présent au Ressuscité, à Celui qui par sa Résurrection d’entre les morts est devenu Présence auprès des hommes. Celui-ci ne reproche pourtant pas à Thomas son absence physique. Il ne lui fait aucune remarque à ce sujet. Il lui manifeste seulement qu’il a été présent à son doute, à son incrédulité. Il lui demande seulement de croire. Car voilà la véritable absence de Thomas : son manque de foi. La foi permet à Thomas de voir, bien plus que la vue ne lui permet de croire.
Nous nous sentons souvent proche de Thomas, de sa difficulté à croire, de son désir de voir. Mais sommes-nous nous-mêmes présent au Ressuscité ? Sommes-nous nous-mêmes croyants pour pouvoir le voir ? Sommes-nous vraiment en communion avec nos frères pour pouvoir toucher ses mains et voir la plaie de son côté ? Ne nous réfugions-nous pas, comme Thomas, dans une solitude, loin de nos frères, ces frères au milieu desquels le Christ se rend présent ? Nous pensons généralement avoir de fort bonnes raisons d’être absent, ou à l’écart, non engagé dans la communion de L’Église. Mais pour voir et croire, il faut s’approcher, s’engager, choisir librement de participer.
Une des plus grandes miséricordes que Dieu nous fasse pour aider notre foi est le mystère de L’Église, la grâce de la communion fraternelle. Jésus ressuscité vit et agit dans le cœur de nos frères. Être attentifs à nos frères nous permet de mettre la main dans son côté transpercé d’où jaillit la vie nouvelle. Se mettre au service des hommes nous donne accès aux blessures de ses mains, trouées par amour pour les hommes. Choisir d’aimer, c’est voir, c’est toucher, c’est croire.

Prière universelle :

PU 2e dimanche de Pâques C

Une méditation en trois questions…
… pour les grands et les petits !

Accueillir l’Évangile :

Pourquoi saint Jean insiste-t-il sur les dates, le premier et le huitième jour ? Quel est ce jour ?

Comprendre sa foi :

Pourquoi cette insistance à dire que Jésus montre ses mains et son côté ?

Vivre avec Jésus :

Suis-je attentif à rencontrer Jésus agissant dans le cœur de mes frères et sœurs ?

3e semaine : Parole donnée pour l’unité



3e dimanche ordinaire C :
Luc 1, 1… 4, 21

Aujourd’hui s’accomplit ce passage de l’Écriture que vous venez d’entendre.

Parfois nous sommes tentés d’envier les contemporains de Jésus qui l’ont vu et entendu prêcher. Mais était-il plus facile pour eux de croire que pour nous ? Ils avaient devant eux un homme en chair et en os, nous avons derrière nous deux mille ans d’action du Ressuscité dans et par son Église, son Épouse, son Corps. Ils étaient au début de l’accomplissement final de la Parole, nous pouvons en contempler l’accomplissement total dans le Mystère pascal du Christ, et ses effets dans notre vie. Ils étaient de la race du Christ, mais nous avons été consacrés avec lui par le même Esprit du Seigneur.
Il faut dire plus. Le Christ parle encore aujourd’hui, lui qui est réellement présent au milieu de nous, en nous. Nous recevons de lui cette Parole durant l’Eucharistie, avant tout. C’est le Christ lui-même qui vient la proclamer au milieu de nous par la voix des lecteurs. Nous la recevons aussi par nos frères quand ils nous l’annoncent ou quand ils la mettent en pratique devant nos yeux. Notre foi naît ou renaît dans cette écoute quand elle est vraie, profonde, active. Par notre foi en sa Parole, le Christ veut nous rassembler pour faire de nous un seul Corps, habité par un seul Esprit, guidé par une seule Bonne Nouvelle. Pleurerons-nous sur notre infidélité, sur nos divisions, comme le Peuple d’Israël ? Ferons-nous de la joie de Dieu notre rempart ?
Les contemporains de Jésus ont vécu une année de bienfaits durant le temps où le Christ était parmi eux. Mais cette année se répercute jusqu’à la fin des temps. Ce jubilé prend des noms divers, et en ce moment celui particulier de Miséricorde. La Miséricorde nous est donnée à nous chrétiens. Elle est donnée à tous les hommes. Notre adhésion au Christ par la foi est un don infiniment précieux : saurons-nous le partager ? Que l’Esprit ouvre nos mains et nos lèvres afin que parlions et agissions en son Nom, afin qu’Il parle et agisse à travers nous. Alors dans notre aujourd’hui, pour ceux qui nous entourent et nous entendent, la Bonne Nouvelle annoncée dans les Écritures s’accomplira, et nous rassemblera dans l’unité.

Prière universelle :

PU 3e dimanche ordinaire C

Une méditation en trois questions…
… pour les grands et les petits !

Accueillir l’Évangile :

Pourquoi Jésus peut-il dire que la lecture qu’il a faite s’accomplit sous les yeux de ceux qui l’écoutent ?

Comprendre sa foi :

Qu’est-ce que cette lecture nous apprend sur la mission de Jésus ?

Vivre avec Jésus :

Est-ce que je crois que c’est vraiment Jésus qui parle lorsqu’on lit les lectures à la messe ?

24e semaine : Pour vous, qui est-il ?



24e dimanche ordinaire B :
Marc 8, 27-35

Et lui les interrogeait : « Et vous, que dites-vous ? Pour vous, qui suis-je ? »

Nous voici parvenu au sommet de l’Évangile selon St Marc. LA grande question qui traverse tout l’Évangile est posée clairement aux proches disciples, dans l’intimité : Qui donc est Jésus ? Les « gens » font de Jésus une sorte de fantôme, ce qui permet d’expliquer ses pouvoirs thaumaturgiques… et incline aussi à se tenir à une distance respectueuse. Pierre lâche le mot. Il dit ce que les autres croient tout bas, ce qu’ils espèrent. Mais Jésus met la réponse sous le sceau du silence et annonce sa passion, au grand scandale du prince des Apôtres.
Dieu est déroutant. Il est choquant. Jésus annonce-t-il sa passion pour corriger la vision que ses disciples se font de sa mission de Messie? Ou invite-t-il les apôtres à dire leur foi pour les préparer à passer à travers le drame de la Passion ? Il y a sans doute un peu des deux. En tout cas il fait apparaitre ce qui nous parait une contradiction dans nos manières de penser humaines, car ses pensées ne sont pas les nôtres. Il appelle à une conversion du regard, toujours actuelle.
Vous avez appris diverses choses sur Jésus au catéchisme. Mais dans votre prière, dans votre vie, dans vos choix : qui est Jésus pour vous ?

Prière universelle :

PU 24e dimanche ordinaire B

Une méditation en trois questions…
… pour les grands et les petits !

Accueillir l’Évangile :

Pourquoi Jésus est-il si dur avec Pierre ?

Comprendre sa foi :

Pour sauver sa vie, s’agit-il seulement de la perdre ?

Vivre avec Jésus :

Concrètement, qu’est-ce que j’aurais à perdre pour me mettre plus librement au service du Christ et de l’Évangile ?

21e semaine : Scandaleux Évangile



21e dimanche ordinaire B :
Jean 6, 60-69

À partir de ce moment, beaucoup de ses disciples s’en retournèrent et cessèrent de l’accompagner.

Jésus fait scandale. La Bonne Nouvelle d’un Dieu qui se fait proche jusqu’à s’offrir en nourriture fait scandale. L’Eucharistie est scandaleuse. Et cela encore de nos jours. Elle est une sorte de pierre d’achoppement. Elle est folie d’amour qui accule à avoir foi pour être reçue, pour être suivie, pour devenir Parole de Vie.
Cette désertion des disciples de Jésus : un échec dans sa vie ? La désertion des chrétiens dans nos pays occidentaux, la montée de l’athéisme : un échec de l’Église ? Tant de « croyants non pratiquants » : un échec de la stratégie divine de l’Eucharistie ?
La réponse à ces questions appartient à Dieu seul. Personne ne peut venir à Jésus si le don de la foi n’est pas reçu du Père. À lui il revient de juger de l’ouverture du cœur, de l’intimité de la relation et des moyens de la nouer et de la faire grandir. L’évangélisation n’est pas une question de « pub », même s’il faut aider à aimer la vérité en la faisant connaître.
Quant à nous, la question qui nous concerne est par contre celle-ci : « Voulez-vous partir, vous aussi ? »
Que répondrons-nous ? Comment nous positionnerons-nous face au Christ et à l’Eucharistie ?

Prière universelle :

PU 21e dimanche ordinaire B

Une méditation en trois questions…
… pour les grands et les petits !

Accueillir l’Évangile :

Que dit Jésus de la foi ?

Comprendre sa foi :

Selon cet évangile, faut-il savoir pour croire, ou croire pour savoir ?

Vivre avec Jésus :

Est-ce que j’écoute la parole de Jésus comme une source de vie éternelle ?

19e semaine : Choisir la Vie éternelle



19e dimanche ordinaire B :
Jean 6, 41-51

Moi, je suis le pain vivant, qui est descendu du ciel : si quelqu’un mange de ce pain, il vivra éternellement.

Un chrétien ne devrait jamais cesser de redécouvrir le mystère de l’Eucharistie, de méditer sur ce sacrement qui est la source et le sommet de sa vie de foi. C’est précisément ce que nous proposent les évangiles de ce mois d’août.
Croire au Christ, c’est choisir la vie éternelle. Durant la messe, lorsque l’on dit « amen », « oui je crois », au moment de communier au Corps du Christ, c’est à cette Vie que l’on adhère, c’est cette Vie que l’on reçoit, c’est à la Vie que l’on se donne. C’est pour cela que le Christ est venu et qu’il vient sans cesse : pour que nous ayons la Vie en plénitude.
Il nous revient de recevoir ou de refuser cette Vie. Il nous revient d’être chiche ou généreux dans notre accueil. Il nous revient d’ouvrir grand la porte de notre cœur pour que la grâce puisse opérer son Œuvre de Vie, ou au contraire de ne faire qu’entrouvrir la fenêtre de peur d’être dérangé.
Dieu désire pour nous de grandes choses. Il désire l’éternité, il nous la met à portée de cœur. Offrirons-nous notre foi ? Offrirons-nous notre vie ?

Prière universelle :

PU 19e dimanche ordinaire B

Une méditation en trois questions…
… pour les grands et les petits !

Accueillir l’Évangile :

Le texte a plusieurs contradictions apparentes : lesquelles ? Pourquoi ?

Comprendre sa foi :

Pourquoi Jésus a-t-il choisi le signe du pain pour se rendre présent parmi nous ?

Vivre avec Jésus :

Est-ce que je pense à la Vie éternelle avec Dieu lorsque je communie à la messe ? Est-ce que j’offre ma vie ?

18e semaine : Le signe du Pain venu du Ciel



18e dimanche ordinaire B :
Jean 6, 24-35

Le pain de Dieu, c’est celui qui descend du ciel et qui donne la vie au monde.

En ces dimanches du mois d’août, la Parole de Dieu nous nourrit avec le discours de Jésus sur le Pain de Vie. Nourriture abondante et consistante pour ce temps d’été et de vacances. Alors que beaucoup cessent de travailler pour la nourriture terrestre, combien en profitent pour travailler à recevoir la nourriture céleste ?
Car si recevoir et manger le pain de la terre demande un travail, il en va de même du pain venu du Ciel. Jésus nous appelle à travailler pour recevoir la Vie qui vient de Dieu. Ce travail, c’est notre foi. Ce travail, c’est l’engagement libre en faveur du Christ, le choix souverain d’adhérer à lui pour ne faire qu’un avec lui.
Le Pain venu du Ciel, l’Eucharistie, est signe de tout cela. Elle est donnée par Dieu, mais nul ne peut la recevoir s’il ne s’avance librement. Elle s’incarne dans du pain matériel, mais nul ne peut vraiment y communier s’il ne croit que c’est le Pain de la Vie. Le signe passe, disparaît, lorsqu’il est consommé, mais cette nourriture ouvre les portes de l’éternité.
Suite au prochain épisode…

Prière universelle :

PU 18e dimanche ordinaire B

Une méditation en trois questions…
… pour les grands et les petits !

Accueillir l’Évangile :

Jésus utilise différents aspects du pain pour se faire comprendre : lesquels ?

Comprendre sa foi :

La foi est-elle une « œuvre », un travail ? Pourquoi ?

Vivre avec Jésus :

Est-ce que je fais un acte de foi conscient quand je m’avance pour recevoir l’Eucharistie ?

12e semaine : Dans la tempête



12e dimanche ordinaire B :
Marc 4, 35-41

Survient une violente tempête. Les vagues se jetaient sur la barque, si bien que déjà elle se remplissait. Lui dormait sur le coussin à l’arrière.

Passage d’évangile terrible et fascinant à la fois. Étrange aussi : Jésus dort. Pour peu que l’on se laisse guider par les émotions que l’on porte en soi, chacun peut y retrouver certaines situations vécues. Avec cette même impression d’un sommeil de Dieu.
N’est-ce pas un peu la situation actuelle de notre Église de France ? Nous sommes ballottés par les remous d’une société instable, sans repères, tapageuse. Des forces, des courants, des déséquilibres, menacent les institutions, ces « barques » qui permettent aux hommes de traverser les flots de cette vie. La barque de Pierre est elle-même bien secouée, elle semble prendre l’eau. Et le Christ dans tout ça ?
Avouons-le : parfois nous avons peur, nous aussi. Nous avons peur de cet horizon bouché. Vieillissement et épuisement des troupes. Manque de vocations. Jeunes qui n’arrivent pas à s’engager… ou pas comme nous le voudrions.
Demandons-nous assez le don de la Foi et l’audace de l’Espérance ?

Prière universelle :

PU 12e dimanche ordinaire B

Une méditation en trois questions…
… pour les grands et les petits !

Accueillir l’Évangile :

Quel est le lien entre la première lecture et l’Évangile ?

Comprendre sa foi :

Qu’est-ce que le dialogue entre la première lecture et l’Évangile nous dit du Christ ?

Vivre avec Jésus :

Est-ce que je pense à « réveiller » Jésus lorsque je suis en difficulté ?

Rencontrer le Ressuscité



Comment donc rencontrer le Ressuscité ?

Il n’y a rien de spécial à faire pour rencontrer le Ressuscité… ça ne se passe pas dans le « faire ». Il suffit de vivre sa vie de femme ou d’homme, semblent nous dire les Évangiles, et se laisser rencontrer par Celui qui est autre.
Marie-Madeleine et les autres femmes sont dans un surplus de peine qu’elles ont besoin d’exprimer, d’élaborer, dans les derniers gestes de vénération du corps : qui le leur reprochera ? Elles sont submergées par leurs émotions, par leur affectivité écorchée dans les événements dramatiques de la Passion. Elles vivent leur vie de femmes face à la mort.
Les Apôtres sont cachés par peur de subir le même sort que le Maître, ils se savent en danger, ils ont vu la colère des autorités : qui le leur reprochera ? Eux aussi sont submergés par leurs émotions, d’autres émotions, et ils sont eux aussi écorchés par la manière dont s’est terminée ce fantastique compagnonnage avec Jésus. Ils vivent ce que vivent les hommes face à la violence. Poursuivre la lecture

La prière est une source



La prière est une source

Émission enregistrée et diffusée par RCF (27 novembre – 1er décembre 2017)
Béatrice Soltner interroge son invité fr Benoit, sur la prière.

« Prier c’est avant tout contempler dans le silence. »

Pour Frère Benoit, moine à l’abbaye de Maylis, Dieu se révèle dans l’intériorité de notre cœur. Encore faut-il y demeurer…

« Pour parler de la prière, on utilise parfois l’image du poisson qui pour vivre doit circuler dans l’eau, lui qui, hors de son milieu, n’a pas beaucoup de chance de s’en sortir. Certes notre territoire n’est pas aquatique mais cette métaphore de l’océan peut nous parler à nous humains. L’évangile de Jean utilise une autre image : celle du sarment qui, en dehors de la vigne se dessèche et finit au feu (chapitre 15). »

À l’heure où beaucoup de nos contemporains sont en quête de spiritualité(s), redire que l’enjeu de la prière c’est de demeurer dans un environnement porteur, vivifiant, dynamisant. C’est se relier à une source qui nous dépasse et en dehors de laquelle, comme dit Jésus, nous ne pouvons rien faire. Prier c’est contempler celui qui est la vie, le Christ, et qui n’a de cesse de nous rendre plus vivants.

« Il y a toujours un fond de foi chez tout le monde : si vous le mettez en acte cela vous rapproche de Dieu »

Comment prier ?

« Nous ne savons pas prier comme il faut » dit saint Paul, « l’Esprit lui-même intercède pour nous par des gémissements inexprimables. » (Rm 8, 26) Et puis il y a toute une tradition de prière qui nous précède et sur laquelle on peut s’appuyer. Frère Benoît est entré à l’abbaye Notre-Dame de Maylis guidé par le désir de prier, que Dieu soit à la première place. « Alors que dans la société il est relégué à la dernière place, si on lui laisse une place. » Ses journées sont rythmées par la prière. Avec un attachement particulier aux Psaumes. « J’avais le grand désir de passer ma vie à prier avec les Psaumes », des textes où il « trouve ce qu'[il veut] dire à Dieu » mieux qu’avec ses propres mots. Parce qu’il y a des mots qui aident à prier.

Qu’est-ce que la prière ?

Prier, c’est d’abord répondre à un appel que Dieu lance inlassablement. Dans la parabole de Luc, il est question d’un ami qui dérange un autre ami au cœur de la nuit. Cet homme qui nous réveille, c’est Dieu, dit Fr Benoît.

« C’est Dieu qui essaie constamment de réveiller l’humanité ; c’est Dieu qui conduit à la prière et qui invite fortement à la prière. »

« Jésus leur dit encore : « Imaginez que l’un de vous ait un ami et aille le trouver au milieu de la nuit pour lui demander : « Mon ami, prête-moi trois pains, car un de mes amis est arrivé de voyage chez moi, et je n’ai rien à lui offrir. » Et si, de l’intérieur, l’autre lui répond : « Ne viens pas m’importuner ! La porte est déjà fermée ; mes enfants et moi, nous sommes couchés. Je ne puis pas me lever pour te donner quelque chose. » Eh bien ! je vous le dis : même s’il ne se lève pas pour donner par amitié, il se lèvera à cause du sans-gêne de cet ami, et il lui donnera tout ce qu’il lui faut. Moi, je vous dis : Demandez, on vous donnera ; cherchez, vous trouverez ; frappez, on vous ouvrira. En effet, quiconque demande reçoit ; qui cherche trouve ; à qui frappe, on ouvrira. » (Lc 11, 5-10)

La prière, un acte de foi

« La prière c’est l’acte premier de la foi. » Si on y réfléchit, il est étonnant de constater que dans le Nouveau Testament, Jésus ne critique jamais les apôtres pour leur manque d’amour mais pour leur manque de foi !

« Le premier lien avec Dieu c’est la foi, c’est ça surtout qu’il faut protéger, après l’amour viendra. »

Faut-il avoir la foi pour prier ?

« Je crois qu’il faut avoir la foi pour prier, sinon vous parlez dans le vide. » Mais chez certains la foi est plus explicite que chez d’autres. « Si votre enfant a un accident, forcément vous allez prier, que vous soyez croyant ou incroyant », a-t-on dit un jour à Fr Benoît.

« Il y a toujours un fond de foi chez tout le monde : si vous le mettez en acte cela vous rapproche de Dieu. »

Car l’acte de foi qu’est la prière permet « une rencontre avec quelqu’un de vivant ».

La Croix du Christ : Remède, exemple et mystère



Gautier de St Victor, Sermon III sur les trois raisons de se glorifier dans la Croix

(traduit par frère Thibaud)

Il y a trois raisons pour lesquelles nous devons nous glorifier dans la croix : elle est un remède, un exemple et un mystère.

La croix : un remède

Nous appelons remède le mérite de la Passion et le la mort même du Christ. En effet, le Christ lui-même, exempt de tout péché, seul libre parmi les morts, n’a nullement été débiteur de la mort, mais cependant, « à cause de l’immense amour dont il nous a aimés » (Eph 2,4)  en obéissant au Père, il a souffert pour nous, débiteurs de la mort, une mort qu’il ne méritait pas. Et il a beaucoup mérité et nous a fait don de son mérite, de sorte que nous arrive par lui ce mérite qui lui aurait servi aussi s’il en avait eu besoin.

Ce mérite est si grand qu’il suffit au salut de tous. La grandeur du mérite vient de la grandeur de l’amour, comme on le pense communément. Ainsi, puisque l’amour du Christ est immense, le mérite de sa mort aussi est immense. Si tous les saints, tous ceux qui n’ont vécu depuis le commencement du monde et ceux qui viendront jusqu’à la fin du monde, avaient été libres de tout péché et étaient morts pour la justice, la mort de tous n’aurait pas cependant autant mérité que la seule mort du Sauveur qui n’a eu lieu qu’une seule fois. Je vais dire encore davantage. Si tous les anges, les Dominations, les Trônes, les Chérubins et les Séraphins s’étaient incarnés, étaient devenus mortels et étaient morts pour la vérité, la justice et la piété, leur mérite à eux tous ne pourrait pas être égalé au mérite du Christ ; d’où il suit que, non seulement un mérite aussi grand suffit à la rédemption du monde entier, mais encore, si l’univers était illimité et si tous croyaient dans le christ, un tel mérite suffirait à tous pour le salut.

Paul, en contemplant ce trésor incomparable de notre salut, déclare : « Loin de moi la pensée de me glorifier, sinon dans la croix de notre Seigneur Jésus-Christ » (Ga 6,14), c’est-à-dire : loin de moi la pensée de me juger digne d’autre chose que de gloire et de salut, sinon dans la puissance, la force et le mérite de la Passion. Car dans ce remède se trouve notre unique espérance, puisqu’il « n’y a pas d’autre nom sous le ciel qui doive nous sauver » (Ac 4,12). Ce remède suffit aux tout-petits et à ceux qui n’ont pas le temps de travailler à leur salut.

La croix : un exemple

Mais pour ceux qui peuvent travailler à leur salut, en plus du remède on exige qu’ils suivent l’exemple, « puisque le Christ a souffert pour nous » afin « que nous marchions sur ses traces » (1 P 2,21). D’où la parole de l’Apôtre : « Frères, nous vous exhortons à ne pas recevoir en vain la grâce de Dieu » (2 Co 6,1). Il appelle « grâce » ce remède de la mort du Christ. Celui qui ne veut pas travailler à son salut alors qu’il le peut, « reçoit la grâce en vain ». Donc « se glorifier dans la croix » à cause de l’exemple, c’est l’imiter lui-même avec joie, comme l’Apôtre qui se glorifie « dans les tribulations » ; et aussi, les apôtres « sortaient joyeux du Sanhédrin, parce qu’ils avaient été jugés dignes de supporter des injures pour le nom de Jésus » (Ac 5,41).

Il faut imiter l’exemple de la Passion non seulement pour conserver le remède, mais encore pour accroître l’éclat de la couronne. « Car chacun recevra son propre salaire en fonction de son travail, et l’homme récoltera ce qu’il aura semé » (cf. Ga 6,8). Donc, que chacun examine bien quelle semence il jette en terre, car « celui qui sème dans la chair récoltera, de la chair, la corruption », mais « celui qui sème dans l’Esprit récoltera, de l’Esprit, l’incorruptibilité » (id.), et « celui qui sème chichement récoltera aussi chichement, celui qui sème abondamment récoltera aussi abondamment » (2 Co 9,6). Loin de toute rivalité, car « quel que soit le travail de chacun, le feu l’éprouvera » (1 Co 3,13).

La croix : un mystère

Nous appelons mystère de la croix le sens mystique (caché) de ce même bois. Car le bois a une forme carrée. Ce carré de la croix désigne un certain carré invisible de la charité dont l’Apôtre dit : « Afin qu’enracinés et fondés dans la charité, vous puissiez comprendre avec tous les saints ce qu’est la largeur et la longueur, la hauteur et la profondeur » (Eph 3,17-18). La largeur de la charité s’étend jusqu’aux ennemis, elle est signifiée par la largeur de la croix. La longueur de la charité, c’est que l’on persévère jusqu’à la fin, elle est exprimée par la longueur de la croix. La hauteur de la charité, c’est de tout faire pour Dieu dans l’espérance de la béatitude éternelle. La profondeur de la charité, c’est de ne rien attribuer au mérite de l’homme, mais de tout attribuer à la grâce et à la miséricorde de Dieu dont nous ne pouvons pas comprendre les raisons, les desseins, et les jugements. En effet, cette profondeur est sans fond, de là vient que l’Apôtre, parlant de l’élection de Jacob et du rejet d’Esaü, s’écrie : « Ô profondeur des richesses, de la sagesse et de la science de Dieu, qu ses jugements sont incompréhensibles » (Rm 11, 33).

Ils ne peuvent donc pas comprendre ce carré de la charité, c’est-à-dire en avoir parfaitement connaissance, ceux qui n’auront pas été « enracinés et fondés dans la charité » (Eph 3,17), parce que les ténèbres ne saisissent pas la lumière : « enracinés », par analogie avec l’arbre, « fondés », par analogie avec la maison ; enracinés par l’amour du prochain, fondés par l’amour de Dieu. Par l’amour du prochain on devient un bon arbre, par l’amour de Dieu on devient maison de Dieu, demeure et temple de Dieu. L’amour du prochain apparaît extérieurement dans les actes, l’amour de Dieu est au-dedans, caché dans le cœur.

Voyez quels fruits agréables produit l’arbre de la charité fraternelle. En effet, cet arbre étend ses branches tout à l’entour. La charité fraternelle témoigne aux supérieurs respect et obéissance, aux inférieurs expérience et sollicitude ; ceux qui sont à droite et qui ont fait quelque progrès, elle les félicite, mais à ceux qui sont à gauche, victimes de quelque faute ou tentation, elle leur témoigne de la compassion. Aux uns l’imitation, aux autres l’exhortation. Or, ceux qui voient en eux ce carré ne peuvent se glorifier injustement dans le mystère de la croix comme ceux qui ont une foi saine, qui sont renés dans le Christ et se réjouissent dignement dans le remède de la croix. Mais ceux qui portent dans leur corps les marques de Jésus peuvent se glorifier dans l’exemple de la croix.

La croix : notre salut

Il y a donc trois raisons pour les quelles il faut se glorifier dans la croix : le remède aboutit à la foi, l’exemple à la pratique des œuvres, le mystère à l’amour. Cependant ces trois, la foi, la pratique des œuvres, et l’amour sont exigés comme nécessaires au salut. Au sujet de la foi, Paul affirme : « Sans la foi, il est impossible de plaire à Dieu » (He 11,6) ; au sujet des œuvres, Jacques écrit que sans elles « la foi est morte » (Jc 2,17) ; et au sujet de la charité, l’Apôtre dit : « Si je livre mon corps aux flammes et que cependant je n’aie pas la charité, cela ne me sert à rien » (1 Co 13,3).

Gautier de St Victor Sermon III Sur les trois raisons de se glorifier dans la croix (CCL-CM 30, 250-252). Gautier de St Victor était prieur de l’abbaye de St Victor à Paris au XIIe siècle