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Semaine Sainte : Le cri du centurion



Dimanche des Rameaux B :
Passion de Jésus-Christ selon St Marc

« Vraiment, cet homme était le Fils de Dieu ! »

C’est un centurion romain qui a lâché le mot. Il conclut ainsi le récit de la Passion selon st Marc. Et c’est en fait l’aboutissement d’une quête qui traverse tout l’Évangile : Qui est donc Jésus ? Au moment le plus tragique, où les disciples sont tous dispersés, loin, c’est de la bouche d’un païen que sort la réponse inspirée par Dieu. Les Douze avaient pourtant été avertis du sort réservé à celui que Pierre, en leur nom à tous, avait reconnu comme le Christ. Mais la vérité d’un Messie souffrant leur était demeurée incompréhensible, car insupportable. Comme on peut les comprendre ! Il leur fallait accepter que la vocation de celui qu’ils avaient choisi de suivre soit aussi la leur… Seule la puissance de la Résurrection pouvait leur ouvrir complètement les yeux
Jésus venait donc d’expirer sur la croix. C’était après plusieurs heures d’extrême violence, qui ont dû être éprouvantes pour beaucoup de spectateurs, pas seulement pour les disciples. Car quoi de plus violent que la condamnation d’un innocent à une mort horrible ? Peut-être ce centurion en avait-il lui-même souffert. Qu’est-ce qui a provoqué son exclamation, le cri de son cœur à la fin du supplice ? « Voyant comment il avait expiré » nous dit St Marc… Sa dernière parole avait pourtant été un cri de détresse : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? » A moins que le silence de Jésus, seule réponse aux outrages, ait été plus éloquent que toute prédication.
Jésus n’a répondu à la violence que par la douceur. Ne serais-ce pas cette douceur qui aurait arraché une profession de foi aux lèvres et au cœur de cet homme qui se trouvait là par devoir ? Il faisait face à Jésus. Il faisait face au crucifié, un homme défiguré, qui n’avait plus d’apparence humaine. Mais la folie meurtrière des hommes n’avait pu effacer le rayonnement de sa divinité, ni celui de son amour passionné pour l’être humain.
Qui voudra bien découvrir, durant cette semaine sainte, combien cet amour est passionnant ? Qui voudra bien se laisser saisir, comme le centurion, par la douceur de Dieu ? Qui voudra bien rayonner de cette douceur dans notre monde si plein de violence injuste ?

Prière universelle :

PU dimanche des Rameaux B
PU Jeudi Saint B

Une méditation en trois questions…
… pour les grands et les petits !

Accueillir l’Évangile :

Pourquoi cette exclamation du centurion est-elle le dernier mot prononcé dans le récit de la Passion selon St Marc ?

Comprendre sa foi :

Pourquoi le récit de la Passion est-il si développé dans chacun des Évangiles ? Pourquoi n’avoir pas donné plus de place à l’enseignement de Jésus ?

Vivre avec Jésus :

Ne suis-je pas trop habitué à ce récit de la mort de Jésus ?

5e Semaine de Carême : Derrière la Croix, la lumière



5e dimanche de carême B :
Jean 12, 20-23

Quand j’aurai été élevé de terre, j’attirerai à moi tous les hommes

Ce dimanche, Jésus est bouleversé à l’approche de sa Passion et de sa mort. Il sait que son heure est arrivée, que la souffrance l’attend. Il sait qu’il doit passer par le grand non-sens de la condition humaine : la destruction du corps. Lui, le Fils de l’Homme, a connu le tremblement de tout son être face à ce scandale. Lui, le Fils de Dieu qui par amour s’est abaissé jusqu’à nous, a connu ces ténèbres où nous vivons.
Pourtant il a choisi d’obéir au Père jusqu’au bout, et d’affronter ces ténèbres. Il a choisi de croire qu’il ne serait pas abandonné à la mort. Il a choisi d’aimer pour montrer que la vie est plus forte que la mort et la haine. Il a choisi de manifester la gloire de Dieu en passant par la porte paradoxale de la Croix. Là est la vraie gloire : son amour plus fort que toute haine qui le justifie et qui rend juste avec lui toute l’humanité. Les ténèbres de la haine n’ont pas le dernier mot.
Jésus sera élevé sur la croix. Il sera exalté dans la gloire de Dieu. Il règne à jamais et attire à lui les hommes. Que celui qui désire le servir et le suivre offre sa vie pour Dieu et pour le monde. La voie de l’obéissance de l’amour est le chemin de la glorification en Dieu. Qui l’empruntera, humblement, à la suite du Christ, deviendra lumière et attirera à Dieu ceux qui l’entourent.

Prière universelle

PU 5e dimanche de Carême B

Une méditation en trois questions…
… pour les grands et les petits !

Accueillir l’Évangile :

L’image du grain de blé tombé en terre est très riche : en quoi dit-elle bien ce que vit Jésus ?

Comprendre sa foi :

Jésus a-t-il vraiment eu peur de souffrir sa passion, puisqu’il était Dieu ?

Vivre avec Jésus :

Ai-je vraiment le désir de suivre le Christ et de donner ma vie ?

22e dimanche : À la suite du Christ



22e dimanche ordinaire A :
Matthieu 16, 21-27

Si quelqu’un veut marcher à ma suite, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix et qu’il me suive.

La réprobation, la condamnation, et la mort de Jésus, le Juste, sont un scandale non seulement pour Pierre qui vient de le proclamer Messie, du fils du Dieu vivant, mais pour tout homme. La souffrance est intolérable, elle est inhumaine. On en refuse l’évidence, on la rejette, on la nie parfois, pour se protéger. De fait, l’homme n’a pas été fait pour souffrir, ni pour mourir. De tout son être, il a été créé pour la vie, l’abondance de vie. La violence est contraire à sa nature. Pourtant, dans l’état actuel où se trouve l’homme, elle est incontournable.
La pensée divine de Jésus nous manifeste la manière d’envisager cette situation. Le Christ réprouve vigoureusement la tentation que lui présente Pierre, selon notre pensée humaine, d’éviter la souffrance, de se boucher les yeux sur la réalité des conséquences du péché. Il s’agit pour lui de passer à travers, d’aller au-delà. La passion n’est pas annoncée sans la résurrection, la mort n’est pas envisagée sans la victoire de la vie, la condamnation injuste par les hommes, par le péché, n’est pas affrontée sans l’assurance de la justification par le Père.
Nous sommes invités à marcher à la suite du Christ. Il ne nous épargnera pas la souffrance, ni l’injustice, ni la mort. C’est le chemin qu’il a emprunté. C’est le chemin de tout homme ici-bas. Dieu n’a pas voulu l’éliminer, mais le transformer. Il assume ainsi la faiblesse de la liberté de l’homme, jusqu’en ces ultimes conséquences, pour que cette faiblesse même devienne une voie de vie. La vraie mesure de la vie apparaît alors. Elle n’est pas à gagner au-dehors, mais à laisser fructifier au-dedans. Au-dehors, le feu détruit tout. Au-dedans, le feu de l’amour peut se révéler plus dévorant encore, mais pour apporter chaleur, lumière, énergie, vie, et conduire au-delà de tout obstacle, vers la gloire du Père.

Prière universelle :

PU 22e dimanche ordinaire A

Une méditation en trois questions…
… pour les grands et les petits !

Accueillir l’Évangile :

Comment le prophète Jérémie, dans la première lecture, est-il une image du Christ ?

Comprendre sa foi :

Selon l’évangile, comment comprendre Paul qui parle de s’offrir « en sacrifice vivant, saint, capable de plaire à Dieu » ?

Vivre avec Jésus :

Peut-être pourrais-je prendre le temps de sentir en moi le feu de l’Esprit Saint ?

19e dimanche : Apprendre la confiance



19e dimanche ordinaire A :
Matthieu 14, 22-33

Jésus leur parla : « Confiance ! c’est moi ; n’ayez plus peur ! »

Apprendre la confiance est une des grandes affaires de notre vie spirituelle. On pourrait penser que mettre sa confiance en Dieu serait plus facile que de la mettre dans les hommes, mais il n’en est rien. Adam et Eve, déjà, au Paradis, n’ont pas su faire confiance. Ils ont mis leur confiance dans leur jugement et se sont laissés tromper par le démon. Quelque chose s’est cassé dans la relation entre l’Homme et Dieu. Toute l’histoire de l’Humanité, par la suite, sera celle de Dieu venant vers l’homme pour rétablir la relation de confiance. Chacun est invité à reprendre le travail à son compte.
L’apprentissage nécessite d’être parfois forcé à s’abandonner. La rééducation appelle un passage par la nuit, par la tourmente, par la tempête, par le doute, et même par la peur. Sorte de descente aux enfers de notre humanité, le plongeon dans nos insécurités les plus profondes nous permet, au fond des ténèbres de nos cœurs, sous la motion de l’Esprit Saint, de laisser venir à nous le seul qui puisse nous sauver. Cette expérience difficile, déroutante, nous donne l’occasion d’accueillir Dieu au lieu de notre faiblesse, de notre faille intérieure. Celle-ci peut être personnelle. Elle peut être aussi communautaire.
Le récit de l’évangile ressemble à une sorte de rite initiatique d’éducation à la confiance. Après l’euphorie probable suscitée par la multiplication des pains, Jésus prépare tout pour que les disciples comprennent plus profondément le sens de sa présence dans le monde. Il les envoie, de nuit, sur la mer agitée. Et lui prie, seul. Puis il vient à leur rencontre, bravant les forces destructrices des grandes eaux, qui n’ont pas de pouvoir sur lui. C’est comme une sorte d’anticipation du drame de la passion et du signe de sa résurrection. Au cœur de ces ténèbres, qui est vécu tant communautairement que personnellement, comme nous le manifeste Pierre, le Salut vient de la confiance, de l’accueil du Christ vainqueur dans la barque de leur vie.

Prière universelle :

PU 19e dimanche ordinaire A

Une méditation en trois questions…
… pour les grands et les petits !

Accueillir l’Évangile :

Quel signe de la présence de Dieu est-il mis en avant par la première lecture et l’évangile ?

Comprendre sa foi :

Qu’est-ce que Dieu révèle de lui à Élie ? Et que Jésus révèle-t-il de lui à ses disciples ?

Vivre avec Jésus :

Ai-je déjà eu une expérience spirituelle comparable à celle des disciples ?

Semaine Sainte : Homme, humble et obéissant



Semaine Sainte A :
Passion de Jésus Christ selon St Matthieu

Non pas comme moi, je veux, mais comme toi, tu veux.

Qui se mettra dans la peau de Jésus ? Personne ne le peut. Et pourtant, c’est bien notre peau humaine, toute notre peau humaine. Dieu ne s’est pas fait homme à moitié. Il avance dans la foi vers une mort décidée et annoncées, pris dans l’étau de la méchanceté et de la lâcheté des hommes. Jésus marche, d’abord reconnu et glorifié comme messie à son entrée à Jérusalem, puis méprisé et humilié au palais de Pilate et sur le Calvaire. En tout il obéit à son Père et notre Père.
Confronté au mal, Jésus choisit l’union au Père, il choisit de continuer à lui dire « oui » quoi qu’il en coûte, il refuse toute haine, toute compromission avec le mal qui lui fait face. Il rachète ainsi l’attitude d’Adam et Eve, l’attitude de l’homme face à ce même mal, l’homme qui se laisse happer et déchirer par les promesses fallacieuses du mensonge et de la violence. Jésus est défiguré par nous autres hommes qui refusons ce modèle d’homme parfait, qui semble peut-être mettre la barre trop haut, nous le réduisons à l’état où nous sommes : « il n’avait plus l’apparence d’un homme » dit Isaïe. Il était ainsi défiguré justement parce qu’il a pris toute notre humanité blessée, lui qui était parfaite ressemblance au Père.
Par son obéissance, Jésus nous montre le chemin du retour. Par son humilité, il nous montre qu’il vient nous façonner de nouveau à l’image du Dieu tendre et miséricordieux. Contemplons l’Homme en ces jours de la Passion. Et marchons à sa suite.

Prières universelles :

PU dimanche des Rameaux A
PU Jeudi Saint A

Une méditation en trois questions…
… pour les grands et les petits !

Accueillir l’Évangile :

Quelles sont les marques de l’obéissance de Jésus dans le récit de la Passion ?

Comprendre sa foi :

Pourquoi l’obéissance de Jésus est-elle si importante pour nous ?

Vivre avec Jésus :

A quelle attitude égoïste dois-je renoncer pour me tourner vers Dieu dans l’amour ?

Semaine Sainte : Face au Miséricordieux



Semaine Sainte C :
Passion de Jésus-Christ selon Saint Luc

Père, pardonne-leur : ils ne savent pas ce qu’ils font.

Après la trahison, après l’incompréhension des disciples, après l’angoisse et l’agonie, après le baiser de Judas, après le reniement de Pierre, après les insultes, les moqueries et les crachats, après l’iniquité d’un semblant de procès, après le mépris des grands et le délire de la foule, après le rejet au profit d’un meurtrier, après les lamentations des pleureuses et les commentaires des badauds, après, finalement, la crucifixion au milieu des brigands, Jésus n’a qu’une prière aux lèvres : implorer le pardon pour tous les hommes, parce qu’ils ne savent pas.
Tout le cheminement de notre Carême aboutit là :
Au désert, tenté, il avait lutté pour leur délivrance du mal.
Sur la montagne, transfiguré, la nécessité de sa passion avait été rappelée et annoncée.
Dans la vigne, jugé, les hommes lui ont réservé le sort du figuier stérile, lui qui est l’arbre de Vie.
Loin du Père, méprisé, il devient chemin vers le Père au plus fort de son rejet.
Innocent, accusé, on lui jette la première pierre, il prend la place de la pécheresse.
Jésus, lui, pardonne. Jésus ne pense qu’à pardonner. Il est venu pour cela, lui, le Miséricordieux. Il prend tout sur lui. Il avait par avance tout pris sur lui. Dans notre logique humaine, c’est inacceptable, scandaleux, peut-être plus scandaleux encore que le mystère du mal lui-même. Car la miséricorde semble bafouer toute justice. Elle semble donner raison au non-sens de la souffrance, qui a finalement le dernier mot, en apparence. Dieu même semble s’y soumettre.
Jamais on ne méditera assez la réponse que donne Jésus au mal lorsqu’il est cloué sur la croix. À ce moment déjà, tout est déjà dit de la réponse à ce grand mystère de notre condition humaine. L’essentiel de la Résurrection est compris dans le silence du Christ : l’amour a vaincu la haine. Le Père ne cesse pas d’être aimé, la Bonté de Dieu ne cesse pas d’être proclamée au plus profond de la déréliction, au plus fort du rejet.
Nous célébrons cette année la Miséricorde de Dieu. Tenons-nous, en cette Semaine Sainte, face au Miséricordieux. Nous qui sommes bénéficiaires de son amour, ferons-nous à notre tour miséricorde à nos frères ?

Prière universelle :

Pour les Rameaux : PU Rameaux C
Pour le Jeudi Saint : PU Jeudi Saint C

Une méditation en trois questions…
… pour les grands et les petits !

Accueillir l’Évangile :

Pourquoi le récit de la Passion du Seigneur tient-il tant de place dans les Évangiles ?

Comprendre sa foi :

Mais Dieu souffre-t-il vraiment autant que cela de notre refus ?

Vivre avec Jésus :

Suis-je vraiment prêt à faire miséricorde ? À qui dois-je faire miséricorde aujourd’hui pour faire un pas de plus ?

4e dimanche : Le Prophète, homme sur la brèche



4e dimanche ordinaire C :
Luc 4, 21-30

Ils se levèrent, poussèrent Jésus hors de la ville, et le menèrent jusqu’à un escarpement de la colline où leur ville est construite, pour le précipiter en bas. Mais lui, passant au milieu d’eux, allait son chemin.

L’hostilité à l’égard de Jésus s’est manifestée dès le début, parmi les siens. Le prophète est un homme sur la brèche, et Jésus l’a été bien concrètement, à deux doigts d’être jeté de la falaise. Il est le Prophète par excellence, lui la Parole même de Dieu, Dieu qui s’est fait chair pour nous parler, pour nous dire qui est le Père. Il est venu au plus proche des hommes. Il s’est fait l’un de nous, nous qui venions de lui. Il est venu chez les siens, mais les siens ne l’ont pas reçu. Ces mots de saint Jean sont illustrés dans la scène bien concrète de l’Évangile de ce dimanche.
Jésus n’est pas étonné. Il savait ce qui devait arriver. Il savait que Dieu a été rejeté par l’homme. Il savait que l’homme rejette aussi ceux qui parlent et agissent au nom de Dieu. Les proches de Jésus, eux, ne comprennent pas ce qui arrive. Ils ne savent pas qui il est. Ils ne comprennent pas ce qu’il fait. Ils ne voient de lui que l’apparence, que leur commune humanité. Ils sont étonnés de voir le fils du charpentier, si semblable à chacun d’eux, parler comme il parle, agir comme il agit. Ils s’offusquent. Ils refusent la banalité de ce proche qui se dit héraut de la Bonne nouvelle, Messie annoncé par le prophète Isaïe. Ils rejettent cette parole qui s’accomplit sous leurs yeux. Et en cela ils ne font que participer à son accomplissement.
Jésus passe au milieu d’eux, sans dommage, il va son chemin. Il est Seigneur, lui seul a le pouvoir de donner sa vie quand il le veut. Comme en sa Passion, il manifeste le Dieu de la Pâque, le Dieu qui passe par la mort, par les ténèbres, mais que la mort n’arrête pas, que les ténèbres n’atteignent pas. Déjà est à l’œuvre la puissance de la résurrection. Comme en sa Passion, aussi, il ne répond pas à la violence par la violence. Il pardonne, bien conscient que les siens ne savent pas ce qu’ils font. Il est venu pour rendre témoignage à la vérité, ce qu’il a fait pour ses compatriotes de Nazareth. De la Vérité de Dieu fait partie sa Miséricorde. En passant au milieu des siens, sans se révolter, il ouvre le chemin de cette Miséricorde qu’il est venu annoncer et offrir.
L’amour est risqué. L’amour de Dieu, l’amour des hommes, celui que l’Esprit Saint a répandu en nos cœurs au baptême, nous conduit sur la brèche, avec Jésus. N’ayons crainte : nul prophète n’est accueilli dans sa propre patrie. Mais nous pouvons passer au milieu des nôtres pour leur ouvrir le chemin de la Miséricorde.

Prière universelle :

PU 4e dimanche ordinaire C

Une méditation en trois questions…
… pour les grands et les petits !

Accueillir l’Évangile :

Pourquoi Jésus ne fait-il pas de miracles à Nazareth comme il en a fait à Capharnaüm ?

Comprendre sa foi :

La réaction des habitants de Nazareth proches de Jésus est au fond importante pour nous : quel enseignement sur l’identité de Jésus pouvons-nous en retenir ?

Vivre avec Jésus :

Sur quelle « brèche » l’amour me conduit-il pour être prophète ?

24e semaine : Pour vous, qui est-il ?



24e dimanche ordinaire B :
Marc 8, 27-35

Et lui les interrogeait : « Et vous, que dites-vous ? Pour vous, qui suis-je ? »

Nous voici parvenu au sommet de l’Évangile selon St Marc. LA grande question qui traverse tout l’Évangile est posée clairement aux proches disciples, dans l’intimité : Qui donc est Jésus ? Les « gens » font de Jésus une sorte de fantôme, ce qui permet d’expliquer ses pouvoirs thaumaturgiques… et incline aussi à se tenir à une distance respectueuse. Pierre lâche le mot. Il dit ce que les autres croient tout bas, ce qu’ils espèrent. Mais Jésus met la réponse sous le sceau du silence et annonce sa passion, au grand scandale du prince des Apôtres.
Dieu est déroutant. Il est choquant. Jésus annonce-t-il sa passion pour corriger la vision que ses disciples se font de sa mission de Messie? Ou invite-t-il les apôtres à dire leur foi pour les préparer à passer à travers le drame de la Passion ? Il y a sans doute un peu des deux. En tout cas il fait apparaitre ce qui nous parait une contradiction dans nos manières de penser humaines, car ses pensées ne sont pas les nôtres. Il appelle à une conversion du regard, toujours actuelle.
Vous avez appris diverses choses sur Jésus au catéchisme. Mais dans votre prière, dans votre vie, dans vos choix : qui est Jésus pour vous ?

Prière universelle :

PU 24e dimanche ordinaire B

Une méditation en trois questions…
… pour les grands et les petits !

Accueillir l’Évangile :

Pourquoi Jésus est-il si dur avec Pierre ?

Comprendre sa foi :

Pour sauver sa vie, s’agit-il seulement de la perdre ?

Vivre avec Jésus :

Concrètement, qu’est-ce que j’aurais à perdre pour me mettre plus librement au service du Christ et de l’Évangile ?

Vivre le Triduum pascal (vidéos)



Vivre le Triduum pascal ?

Tout le monde n’a pas la chance de pouvoir faire une retraite dans un monastère pour vivre le Triduum pascal en profondeur… surtout en temps de confinement ! Alors voici quelques enseignements pour vous aider à entrer dans le mystère pascal que la liturgie de l’Église nous invite à célébrer, pour le vivre ensuite dans le quotidien. Poursuivre la lecture

La Croix du Christ : Remède, exemple et mystère



Gautier de St Victor, Sermon III sur les trois raisons de se glorifier dans la Croix

(traduit par frère Thibaud)

Il y a trois raisons pour lesquelles nous devons nous glorifier dans la croix : elle est un remède, un exemple et un mystère.

La croix : un remède

Nous appelons remède le mérite de la Passion et le la mort même du Christ. En effet, le Christ lui-même, exempt de tout péché, seul libre parmi les morts, n’a nullement été débiteur de la mort, mais cependant, « à cause de l’immense amour dont il nous a aimés » (Eph 2,4)  en obéissant au Père, il a souffert pour nous, débiteurs de la mort, une mort qu’il ne méritait pas. Et il a beaucoup mérité et nous a fait don de son mérite, de sorte que nous arrive par lui ce mérite qui lui aurait servi aussi s’il en avait eu besoin.

Ce mérite est si grand qu’il suffit au salut de tous. La grandeur du mérite vient de la grandeur de l’amour, comme on le pense communément. Ainsi, puisque l’amour du Christ est immense, le mérite de sa mort aussi est immense. Si tous les saints, tous ceux qui n’ont vécu depuis le commencement du monde et ceux qui viendront jusqu’à la fin du monde, avaient été libres de tout péché et étaient morts pour la justice, la mort de tous n’aurait pas cependant autant mérité que la seule mort du Sauveur qui n’a eu lieu qu’une seule fois. Je vais dire encore davantage. Si tous les anges, les Dominations, les Trônes, les Chérubins et les Séraphins s’étaient incarnés, étaient devenus mortels et étaient morts pour la vérité, la justice et la piété, leur mérite à eux tous ne pourrait pas être égalé au mérite du Christ ; d’où il suit que, non seulement un mérite aussi grand suffit à la rédemption du monde entier, mais encore, si l’univers était illimité et si tous croyaient dans le christ, un tel mérite suffirait à tous pour le salut.

Paul, en contemplant ce trésor incomparable de notre salut, déclare : « Loin de moi la pensée de me glorifier, sinon dans la croix de notre Seigneur Jésus-Christ » (Ga 6,14), c’est-à-dire : loin de moi la pensée de me juger digne d’autre chose que de gloire et de salut, sinon dans la puissance, la force et le mérite de la Passion. Car dans ce remède se trouve notre unique espérance, puisqu’il « n’y a pas d’autre nom sous le ciel qui doive nous sauver » (Ac 4,12). Ce remède suffit aux tout-petits et à ceux qui n’ont pas le temps de travailler à leur salut.

La croix : un exemple

Mais pour ceux qui peuvent travailler à leur salut, en plus du remède on exige qu’ils suivent l’exemple, « puisque le Christ a souffert pour nous » afin « que nous marchions sur ses traces » (1 P 2,21). D’où la parole de l’Apôtre : « Frères, nous vous exhortons à ne pas recevoir en vain la grâce de Dieu » (2 Co 6,1). Il appelle « grâce » ce remède de la mort du Christ. Celui qui ne veut pas travailler à son salut alors qu’il le peut, « reçoit la grâce en vain ». Donc « se glorifier dans la croix » à cause de l’exemple, c’est l’imiter lui-même avec joie, comme l’Apôtre qui se glorifie « dans les tribulations » ; et aussi, les apôtres « sortaient joyeux du Sanhédrin, parce qu’ils avaient été jugés dignes de supporter des injures pour le nom de Jésus » (Ac 5,41).

Il faut imiter l’exemple de la Passion non seulement pour conserver le remède, mais encore pour accroître l’éclat de la couronne. « Car chacun recevra son propre salaire en fonction de son travail, et l’homme récoltera ce qu’il aura semé » (cf. Ga 6,8). Donc, que chacun examine bien quelle semence il jette en terre, car « celui qui sème dans la chair récoltera, de la chair, la corruption », mais « celui qui sème dans l’Esprit récoltera, de l’Esprit, l’incorruptibilité » (id.), et « celui qui sème chichement récoltera aussi chichement, celui qui sème abondamment récoltera aussi abondamment » (2 Co 9,6). Loin de toute rivalité, car « quel que soit le travail de chacun, le feu l’éprouvera » (1 Co 3,13).

La croix : un mystère

Nous appelons mystère de la croix le sens mystique (caché) de ce même bois. Car le bois a une forme carrée. Ce carré de la croix désigne un certain carré invisible de la charité dont l’Apôtre dit : « Afin qu’enracinés et fondés dans la charité, vous puissiez comprendre avec tous les saints ce qu’est la largeur et la longueur, la hauteur et la profondeur » (Eph 3,17-18). La largeur de la charité s’étend jusqu’aux ennemis, elle est signifiée par la largeur de la croix. La longueur de la charité, c’est que l’on persévère jusqu’à la fin, elle est exprimée par la longueur de la croix. La hauteur de la charité, c’est de tout faire pour Dieu dans l’espérance de la béatitude éternelle. La profondeur de la charité, c’est de ne rien attribuer au mérite de l’homme, mais de tout attribuer à la grâce et à la miséricorde de Dieu dont nous ne pouvons pas comprendre les raisons, les desseins, et les jugements. En effet, cette profondeur est sans fond, de là vient que l’Apôtre, parlant de l’élection de Jacob et du rejet d’Esaü, s’écrie : « Ô profondeur des richesses, de la sagesse et de la science de Dieu, qu ses jugements sont incompréhensibles » (Rm 11, 33).

Ils ne peuvent donc pas comprendre ce carré de la charité, c’est-à-dire en avoir parfaitement connaissance, ceux qui n’auront pas été « enracinés et fondés dans la charité » (Eph 3,17), parce que les ténèbres ne saisissent pas la lumière : « enracinés », par analogie avec l’arbre, « fondés », par analogie avec la maison ; enracinés par l’amour du prochain, fondés par l’amour de Dieu. Par l’amour du prochain on devient un bon arbre, par l’amour de Dieu on devient maison de Dieu, demeure et temple de Dieu. L’amour du prochain apparaît extérieurement dans les actes, l’amour de Dieu est au-dedans, caché dans le cœur.

Voyez quels fruits agréables produit l’arbre de la charité fraternelle. En effet, cet arbre étend ses branches tout à l’entour. La charité fraternelle témoigne aux supérieurs respect et obéissance, aux inférieurs expérience et sollicitude ; ceux qui sont à droite et qui ont fait quelque progrès, elle les félicite, mais à ceux qui sont à gauche, victimes de quelque faute ou tentation, elle leur témoigne de la compassion. Aux uns l’imitation, aux autres l’exhortation. Or, ceux qui voient en eux ce carré ne peuvent se glorifier injustement dans le mystère de la croix comme ceux qui ont une foi saine, qui sont renés dans le Christ et se réjouissent dignement dans le remède de la croix. Mais ceux qui portent dans leur corps les marques de Jésus peuvent se glorifier dans l’exemple de la croix.

La croix : notre salut

Il y a donc trois raisons pour les quelles il faut se glorifier dans la croix : le remède aboutit à la foi, l’exemple à la pratique des œuvres, le mystère à l’amour. Cependant ces trois, la foi, la pratique des œuvres, et l’amour sont exigés comme nécessaires au salut. Au sujet de la foi, Paul affirme : « Sans la foi, il est impossible de plaire à Dieu » (He 11,6) ; au sujet des œuvres, Jacques écrit que sans elles « la foi est morte » (Jc 2,17) ; et au sujet de la charité, l’Apôtre dit : « Si je livre mon corps aux flammes et que cependant je n’aie pas la charité, cela ne me sert à rien » (1 Co 13,3).

Gautier de St Victor Sermon III Sur les trois raisons de se glorifier dans la croix (CCL-CM 30, 250-252). Gautier de St Victor était prieur de l’abbaye de St Victor à Paris au XIIe siècle