Un réveil-matin sur fond de revues

Prière: le défi du temps



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Le premier défi de la prière, c’est le temps. Prière et temps ne semblent pas bien coïncider. Deux sortes de temps se côtoient dans notre vie :

  • un « temps objectif », extérieur, qui s’impose à tous : emploi du temps, imprévus, échéances de la vie, etc.
  • un « temps subjectif », intérieur, qui est propre à chacun : on trouve le temps long ou court, on est prêt à affronter les échéances de la vie quand il faudrait ou on a besoin de plus de temps pour mûrir, etc.

Il y a ces deux dimensions dans la prière : le « temps objectif » à caser fidèlement dans l’emploi du temps ; et le temps intérieur qui est d’une part l’attention donnée au présent, la patience, la persévérance à offrir quand le temps dure ; et d’autre part l’évolution de notre maturité spirituelle.
Le temps est la première offrande que l’on apporte au Père : c’est la première manière de nous apporter nous-mêmes. Il appartiendra à Dieu de venir l’habiter.

I – Le moment de la prière

La prière rythme la vie des moines et des moniales : la présence du temps objectif est très forte. La liturgie des heures, matin, midi et soir, embrasse tout le temps ; elle enchâsse toute activité de la journée qui devient ainsi lieu d’offrande de soi au Père. C’est un modèle pour tout les chrétiens.
Quand on n’est pas moine, il y a des moments privilégiés dans notre journée : avant le début des activités, ou après l’arrêt des activités. C’est là un bon moment qu’on peut réserver à Dieu, car l’attention est facilitée : on a l’esprit libre, ça limite des distractions. Si on est préoccupé, tiraillé, pressé par les choses extérieures, on ne va pas être bien pour prier.
Chacun a son moment privilégié pour prier. C’est celui où l’intériorisation est plus facile. Voilà le moment adéquat :

  • celui qui est assez libre des soucis matériels pour nous permettre de rentrer en nous-mêmes, de nous recueillir,
  • celui où nous sommes assez en forme pour faire l’effort de nous ouvrir à la présence du Christ et à l’action de l’Esprit en nous.

Il est bon de trouver son temps privilégié et d’y être fidèle. La régularité est capitale, car on prend l’habitude d’entrer en soi-même à tel moment, et ça facilite beaucoup les choses.

II – La durée de la prière

Les durées des offices des moines sont variées. La durée de la prière n’est jamais un but en soi. Elle est au service de l’intériorité : si c’est trop court, on n’a pas le temps d’entrer en soi-même ; si c’est trop long, on finit par se décourager. Il faut commencer doucement et augmenter progressivement, au gré de l’action de l’Esprit en nous.
Chacun a sa mesure de prière : le but du jeu est de trouver ce temps juste. Selon les psychologies, certains ont besoin d’un temps plutôt court et intense ; d’autres ont besoin de s’étaler plus, de prendre le temps : ces besoins sont à respecter.
Après, il faut tenir dans le temps, gérer le temps. Donner tout ce qu’on a décidé de donner, avec discernement : savoir aller jusqu’au bout du temps qu’on s’est fixé, même si on a envie de fuir ; savoir s’arrêter quand on voudrait continuer seulement pour faire un exploit ; savoir laisser la prière se poursuivre quand la grâce en est donnée.

III – La prière au long du temps

Tous nos besoins évoluent, y compris dans la prière. Être fidèle dans le temps ne veut pas dire être figé. Besoin de variété ? c’est légitime. On peut s’appuyer sur ce qu’offrent les différents temps liturgiques : ils colorent la prière de sentiments différents.
La prière nous fait entrer dans une relation personnelle avec Dieu. Et toute relation personnelle a une histoire : des temps d’exaltation, et des temps de sécheresse. Comme pour toute relation d’amour, l’important est de chercher à entrer dans une constance, apprendre à aimer sans condition, à donner de son temps sans condition.
Construire la relation sur le long terme, et se laisser guider par Dieu, maître du temps. On ne met pas la main sur Dieu : le temps se charge de nous le rappeler.