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Baptême du Seigneur : Quand s’ouvre le ciel



Baptême du Seigneur C :
Luc 3, 15-22

Comme tout le peuple se faisait baptiser et qu’après avoir été baptisé lui aussi, Jésus priait, le ciel s’ouvrit.

Il est toujours bon d’être plongé dans la prière de Jésus. Saint Luc est très attentif à nous le présenter ainsi, à le contempler dans son rapport intime au Père, et il est en cela un maître. Voici la première fois qu’il nous montre Jésus en train de prier. Nous sommes après son baptême, et avant qu’il parte pour le désert. Moment très important, rapporté par les quatre évangélistes, et que certains appellent la vocation de Jésus. La prière dans laquelle nous allons être plongés avec lui, c’est l’Esprit Saint.
Jésus est homme comme tout le monde, pleinement homme, né d’une femme. Dans son humilité, il se joint au grand mouvement spirituel de conversion qui s’opère dans la mouvance de Jean, le Baptiste. Lui aussi s’avance, au milieu de tous, pour être plongé dans l’eau et dire à Dieu son désir de purification. Lui n’a pas besoin de purification. Mais nous avons besoin qu’il prie pour notre purification. Il vient accomplir sa mission de grand prêtre, d’intercesseur au milieu des hommes. C’est pourquoi le baptême le pousse à la prière. Comme Jean prenait l’eau pour la verser sur la tête de ceux qui s’avançaient vers Dieu, ainsi Jésus étend les mains afin d’implorer le Père de répandre l’Esprit sur ceux qui croiront en lui. Et il se trouve plongé le premier dans l’Esprit Saint.
Elle est belle, l’intimité de cette scène. Elle est mystérieuse, l’intimité de la prière. Nous pouvons un peu la mesurer à ses fruits : le don de l’Esprit, la Voix du Père reconnaissant et appelant son Fils, Unique entre tous. L’Esprit est donné à Jésus en vue du baptême dont il doit baptiser le monde. Il lui est donné pour lui, d’abord, pour qu’il accomplisse jusqu’au bout sa vocation de Sauveur, avant de retourner auprès du Père. Déjà sa mission est commencée : les Cieux se sont ouverts lorsqu’il s’est fait homme dans le sein de Marie à l’ombre de l’Esprit. Les Cieux viennent de s’ouvrir en réponse à sa prière, sa demande de l’Esprit. Bientôt sur la Croix il remettra cet Esprit au Père pour qu’il soit répandu sur l’Église au jour de la Pentecôte, et sur tous les baptisés, jusqu’à nous.
Laisserons-nous cette onction divine se répandre sur tous ceux qui nous côtoient ?

Prière universelle :

PU Baptême du Seigneur C

Une méditation en trois questions…
… pour les grands et les petits !

Accueillir l’Évangile :

Quels liens unissent Jésus et le peuple dans cette histoire ?

Comprendre sa foi :

Pourquoi cet épisode est-il important ? Qu’est-ce qu’il nous fait connaitre de Jésus ?

Vivre avec Jésus :

Et moi qui suis baptisé, est-ce que je prie comme Jésus pour que le monde entier reçoive l’Esprit Saint ?

32e semaine : La force de la fragilité



32e dimanche ordinaire B :
Marc 12, 38-44

Amen, je vous le dis : cette pauvre veuve a mis dans le Trésor plus que tous les autres.

Dieu ne voit pas comme les hommes. Jésus veut nous apprendre à voir au-delà des apparences. C’est tout un art. Cela demande du travail, un travail de conversion. Pour voir où se trouvent les véritables valeurs, l’authentique force spirituelle, il est nécessaire de changer les lunettes avec lesquelles nous regardons le monde, nos lunettes déformées par le péché.
Dans l’histoire de la veuve au Trésor du Temple, il ne s’agit pas pour Jésus de condamner les riches et leurs offrandes. Il est certainement fort bon et nécessaire qu’ils partagent ainsi avec d’autres les dons de Dieu et le fruit de leur travail ou de celui de leurs ancêtres. Il ne leur reproche même pas de ne donner « que » leur superflu. Jésus veut seulement attirer l’attention sur celle qui ne semble en mériter aucune aux yeux des hommes. Celle qui parait la plus petite, la plus fragile et insignifiante, et qui l’est réellement dans l’ordre humain, est en fait celle qui a le plus de force devant Dieu.
Cet épisode va donc éclairer le sévère avertissement adressé par le Christ aux hommes religieux de son époque dans la première partie de l’Évangile. L’incohérence fait scandale, celle de se mettre en première ligne, de se montrer soi-même en apparente adoration devant Dieu, plutôt que de montrer Dieu par la véritable adoration qu’est le service de la charité. C’est un grand péché, et là est la vraie fragilité. On parait religieux, proche de Dieu, mais cette apparence est inconsistante.
La tentation de pratiquer une religion parce que « ça fait bien » est toujours présente. On le reproche aussi aux chrétiens, et parfois sans doute à raison, malheureusement. Notre vocation chrétienne consiste pourtant à se laisser traverser par la Lumière, à s’effacer devant elle pour qu’elle devienne l’unique valeur des hommes.

Prière universelle :

PU 32e dimanche ordinaire B

Une méditation en trois questions…
… pour les grands et les petits !

Accueillir l’Évangile :

Quel sont les liens et les différences entre les deux parties du texte proposé ?

Comprendre sa foi :

Pourquoi faut-il toujours lier prière à Dieu et amour des hommes ?

Vivre avec Jésus :

Suis-je plutôt comme les scribes de ce texte, ou plutôt comme les riches, ou bien comme la pauvre veuve ?

Pourquoi aller à la messe? La saveur du rite.



Le rite : un lieu de fracture ?

Pratiquants ou non, extériorité et intériorité

Pour calculer le nombre de chrétiens en France on distingue habituellement les « pratiquants », les « non-pratiquants », les « pratiquants occasionnels », etc. Cette catégorie de la « pratique » des sacrements est-elle une bonne catégorie ? D’un côté c’est facile : ça se voit, c’est objectif, mesurable. D’un autre côté c’est une activité qui peut rester extérieure à la personne. Alors on tombe sous l’accusation des prophètes : on fait des sacrifices, et dans le quotidien on vit sans Dieu. Du coup on oppose ceux qui ne vont pas à la messe mais qui ont – ou auraient – une vie digne de la foi chrétienne, et pourraient tout à fait se passer des rites, qui n’en auraient pas besoin.
De manière comparable, en milieu chrétien cette fois-ci, on oppose parfois la prière vocale et le culte comme pratique de la prière officielle de l’Église, à l’oraison, la méditation, la louange spontanée, plus personnels. Il y aurait ce qui tient du devoir commun et ce qui vient – ou viendrait – plus du cœur. Cette distinction est arrivée à l’époque moderne en milieu clérical, mais en fait elle existait bien avant concernant la messe. Depuis le haut Moyen Âge, clercs et laïcs étaient séparés. Les clercs, lettrés, spécialistes de la prière officielle de l’Église, rendaient à Dieu au nom de tous la justice de la religion. Et les laïcs, souvent illettrés, étaient exclus du culte et avaient un lien dévotionnel à Dieu. La perte du sens communautaire et l’apparition de la personne individuelle à l’époque moderne a été un point de bascule. La personne a commencé à désirer prendre part personnellement au culte. Cela commence avec les plus dévots au XVIe, et va en s’amplifiant, selon différentes voies parallèles.

Le rite: routine ou renouveau ?

Le rite est essentiel à la vie humaine. Nos vies sont pleines de rites qui les structurent (fonctions vitales, repas, sommeil, vie sociale, relations affectives, etc.), et donnent du rythme. Mais ces rites peuvent être des lieux de fracture dans nos vies, dans nos relations. Il y a aussi une ambiguïté dans ces rites quotidiens : est-ce je/tu le fais par conviction ? Me dis-tu cela parce que tu le penses vraiment, ou bien seulement par habitude ? Ce baiser que tu m’offres chaque matin vient-il de ton cœur ? N’est-ce pas seulement extérieur, par habitude ? Un rite, des rites… lieu de routine, ou occasion de renouveau ?
Méditer un peu sur le rite va nous faire aller aussi au cœur de notre foi, et de notre vie de foi.

Vivre le mystère de l’Incarnation

Une conversion nécessaire

« Dieu est esprit » (Jn 4, 24). Pour venir à nous qui sommes esprit et chair, il agit par des médiations. Le grand et unique Médiateur est son Fils, le Christ Jésus. Le Christ s’est associé la médiation de l’Église. Et cette médiation se décline : médiation de chaque chrétien ; médiation des éducateurs de la foi ; médiation des ministres ordonnés ; médiation du culte ; médiation de la parole, du pain et du vin.
Tout s’enracine dans le mystère de l’Incarnation, acte révélateur du mystère tenu caché depuis l’origine des siècles. Dieu ne peut plus nous rejoindre directement par l’intérieur du cœur, à cause du péché : nous sommes bouchés ! Alors il vient nous rejoindre par l’extérieur, vers où nous sommes tournés. Il nous invite, nous apprend, nous conduit dans le chemin vers l’intérieur. Il nous invite à la conversion, au retournement. En Jésus, la grâce de Dieu se manifeste, apparaît sous nos yeux de chair, pour nous reconduire vers l’invisible présence de Dieu. Il vient nous apprendre à voir dans la foi, pour nous reconduire vers l’intérieur. Le Salut est dans cette conversion, dont l’Eucharistie constitue un éminent exercice. La conversion est l’acte de foi par amour, dans l’espérance, qui passe dans les actes, ici un acte liturgique, à laisser fleurir et fructifier dans le quotidien.

Réalité spirituelle et expression concrète

L’Incarnation est, reste constitutive de notre foi. Ce n’est pas seulement un événement du passé. Nous vivons dans un régime de révélation qui est de l’ordre de l’entendre, du voir, du toucher, du sentir. C’est un luxe qui a un prix. Luxe, car Dieu nous rejoint dans tout ce que nous sommes, dans toute la consistance et l’inconsistance de notre humanité. Le prix est celui du dépassement de la chair par la foi. On prend appui sur la part émotive et affective pour aller plus profond en soi. Cela nécessite de renoncer à s’arrêter en chemin, de ne pas se contenter de l’expérience émotionnelle ou affective. Alors on peut expérimenter la véritable dilatation du cœur profond, ce cœur que Dieu touche de sa grâce pour l’attirer à lui. Il s’agit donc de retourner le mouvement de l’affectivité au service de l’intériorité et non de l’extériorité. Toute la messe est mouvement de l’extérieur vers l’intérieur pour nous conduire à l’acte de foi, la rencontre entre Dieu sauveur et l’homme de désir.
Comme pour toute réalité humaine, particulièrement dans la vie spirituelle, il y a une distance entre la réalité profonde et sa réalisation concrète, entre le sens et la mise en œuvre, entre le spirituel et le charnel. Le second aspect doit conduire au premier, et bienheureux qui ne s’arrête pas en chemin. Ce chemin est souvent lent, et peut-être long, pour notre chair.
Et d’autre part, dans une fragilité générale, une inadéquation de fond, la forme est plus ou moins translucide ou opaque au contenu. L’aspect extérieur du rite aide plus ou moins l’intériorisation. Cela nécessite d’assumer pleinement la réalité visible, tangible, dans sa fragilité, tout en la laissant à sa juste place, dans l’équilibre, l’harmonie. Comme en toutes choses, dans la liturgie il y a une nécessité de gestion des sensations, des émotions. Et par conséquent une attention à tous les gestes, positions, actions, et manières d’être. Car tout cela est porteur de l’investissement humain intégral.

Le rite, expression de l’intériorité

Que le cœur corresponde à la voix

On oppose assez facilement la vie intérieure à la vie extérieure. Il y a effectivement une tension entre les deux. Tant de choses nous tirent vers l’extérieur et nous arrachent de la vie intérieure, ou nous empêchent d’aller puiser au fond de nos cœurs ! Sollicitations multiples du matérialisme ambiant. Toutes les voies spirituelles, chrétiennes ou non, vont chercher à cultiver cette vie intérieure, parfois en dénigrant la vie extérieure, voire en la fuyant. Certaines spiritualités chrétiennes ont été dans ce sens, jusqu’à l’hérésie. D’autres sont plus modérées, mais certains chrétiens opposent tout de même les prières extérieures à la prière intérieure, et considèrent plus ou moins les premières comme une gêne, notamment la prière liturgique, le rite.
Or le rite est justement au service de l’unification entre intériorité et extériorité. Le rite est là pour aider la prière, et non pour être un frein. À ce propos, St Benoît a un aphorisme, que l’on trouve déjà chez Augustin. Il demande à ce que les frères se tiennent à l’office de manière à ce que notre cœur corresponde à ce que disent nos lèvres. On a résumé cela dans la formule latine courte « mens concordet voci ». L’expression paraît curieuse à beaucoup de personnes qui essaient plutôt d’être « authentiques », « sincères », etc, en disant avec leurs lèvres ce qu’elles ont dans le cœur. Benoît, et en fait la liturgie, propose le chemin inverse : que l’intérieur corresponde à l’extérieur. La prière de l’Église offre un cadre dans lequel nous sommes appelés à entrer, non par contrainte, mais de bon cœur, en toute liberté de cœur. La liturgie est formatrice, éducatrice. Elle est une école de prière, la première école de prière.
C’est à propos du chant des psaumes que Benoît demande aux moines de faire correspondre leurs cœurs à ce qu’ils chantent. Les psaumes, et autres cantiques bibliques, mettent sur nos lèvres les justes paroles, des paroles que l’on n’oserait parfois même pas prier, et pourtant qui traduisent bien ce que nous pouvons avoir au fond de nos cœurs, même si nous n’arrivons pas à nous l’avouer. Les chrétiens ont assumé cet héritage juif de la prière des psaumes parce qu’ils ont été la prière de Jésus lui-même. Ils ont assumé aussi la liturgie de la Parole, parce qu’elle a été la manière de Jésus aussi. Mais ils n’ont pas assumé l’économie sacrificielle du Temple, car Jésus a transmis autre chose, un autre rite : « faites cela en mémoire de moi ». Il est question d’un faire. Quel « faire » ? Ce « faire » a sans doute plusieurs sens. Il y a certes une action extérieure, concrète. Mais il y a certainement plus.

« Faire » et vivre le rite dans la foi

« Il prit le pain, rendit grâce, le rompit, le donna ». C’est très simple, c’est du concret. Parce que nous l’avons reçu du Christ, parce que cela nous a été transmis, nous allons le faire dans la foi. Ce « faire dans la foi » a déjà deux niveaux pourrait-on dire. Le premier est que ce soit animé par la foi. Nous passons tous par là. Quand je dis « animé par la foi », j’entends que le rite (ou les rites) est quelque chose d’extérieur auquel on joint un acte de foi. Il y a une superposition des gestes et de ce que l’on croit, sans faire complètement de lien. C’est souvent ce qui se passe quand on est enfant, et parfois on reste enfant dans la foi assez longtemps, éventuellement toute sa vie. Et même, ce fut une coutume commune pour les laïcs pendant des siècles de vivre ainsi la liturgie. Car ils ne voyaient à peu près rien, n’entendaient guère plus, et de toute façon ne pouvaient pas comprendre la langue employée ni lire une traduction. L’acte de foi s’est greffé sur certains moments, notamment l’élévation après la consécration, ou la communion pour les plus pieux. Mais elle a été désaffectée très tôt. À côté du rite, pendant le rite, ils faisaient un acte de foi, priaient de leur côté. Le rite était juste un moment propice pour cela.
Il y a une autre manière de vivre le rite. On peut le vivre comme une expression de la foi. La parole et le geste lui-même sont alors la foi rendue visible, un langage de l’Église, un langage que je suis invité à faire mien. Quand l’appropriation est faite, il n’y a plus seulement la mise en pratique de caractéristiques de la vie chrétienne, ce qu’il faut faire, mais leur appropriation consciente, comprise, assumée, adulte. Le rite devient vraiment le culte spirituel dont parle St Paul en Rm 12, 1, ou l’adoration en esprit et en vérité de Jn 4,23. La liturgie est faite non seulement pour être animée par la foi, mais pour être expression de la foi, de la relation vivante et directe au Père par le Christ. La foi qui s’exprime est autant celle de l’Église que ma foi personnelle. Il y a là un espace de conversion et de progression.

Rassemblés par l’action commune

Autre aspect du rite, non moins important : il nous fait vivre quelque chose ensemble. Le rite est au service de l’harmonisation des intériorités pour passer d’intériorités individuelles à une intériorité communautaire. Cela permet de vraiment faire corps, de devenir le Corps du Christ.
Le chant est un lieu privilégié où la gerbe se noue. Il naît d’un texte, porteur de sens. Et il se place à un certain moment de l’action liturgique. Par son harmonie, il conduit à vivre ce texte et ce moment, en prenant le corps tout entier du chrétien et de la communauté. Une chose est de dire « louons » ou « louez », et une autre de le faire, de dire la gloire de Dieu ensemble, de la chanter d’un même cœur. La louange dit la foi et la fait vivre. En faisant mémoire, elle célèbre et annonce. Et cela devient une réalité totalisante dans l’expression lyrique. Il y a une connaissance charnelle de Dieu, une expérience de Dieu, parce que Dieu s’est fait chair.

Le rite et les rites

Vivre le rite, vivre du rite

L’Église nous invite non seulement à vivre le rite, mais aussi vivre DU rite. Le vivre et en vivre : beaucoup de querelles inutiles seraient sans doute évitées si nous nous efforcions de pénétrer le rite de manière à en vivre. Les gestes eux-mêmes ont du sens. Le fait de les poser a du sens. Ils sont là pour nous introduire dans la relation. Ce n’est pas une question d’étiquette comme dans un cérémonial de cour. Dans ce cas, on accomplit quelque chose d’extérieur auquel on donne un sens qui n’est pas intrinsèque. On marque une situation particulière par un décorum qui en soi n’a pas de sens particulier. Le Seigneur ne nous a pas laissé des gestes superficiels, mais des gestes essentiels, des gestes porteurs de sens. Et nous devons sans cesse renouveler l’effort de pénétrer le sens des gestes pour les vivre mieux, pour vraiment en vivre. Les gestes que pose le prêtre – malheureusement parfois assez mal – sont pour l’Église, pour que chacun puisse y communier.

Accomplir avec beauté

Il y a bien sûr une hiérarchie dans les gestes et les rites. Tous n’ont pas la même importance. Certains sont structurels et hautement parlant (les grandes parties de la messe). D’autres découlent de ces rites principaux (Credo, Prière universelle) complètent, enrichissent, font le lien, conduisent d’un rite essentiel à l’autre ou les préparent (Notre Père, échange de Paix). D’autres enfin sont des manières de faire non essentielles, ou peuvent avoir une raison pratique (encensement, lavabo).
Pour exécuter les rites, le Concile Vatican II a parlé de « noble simplicité ». La beauté devrait être essentielle au rite. Bien malheureusement, on tombe trop souvent dans la banalité. Soit par manque de formation. Soit par une formation simplement théorique et non pas pratique. Soit par manque de sensibilité, de sens du beau. Il faut un certain sens artistique pour accomplir bellement un rite. Sans tomber néanmoins dans l’esthétisme. Le chant, la décoration, mais aussi la lecture, les gestes, la place du silence, etc., relèvent aussi de la technique artistique.
Tout cela dépend du prêtre qui préside, de l’assemblée qui célèbre, du cérémoniaire s’il y en a un, des acteurs qui ont préparé, des chantres, des servants d’autel, etc. Tout est au service de l’acte de foi que chacun est appelé, invité à poser. C’est ça le plus important : à un moment de la célébration, renouveler son adhésion au Christ et à son mystère.
Cela prend concrètement de laisser le temps et l’espace du déploiement et de l’intériorisation. Une lecture mal lue, trop vite, sans articuler, avec une mauvaise sonorisation, et sans silence après, ne laisse concrètement pas beaucoup de chance à l’acte de foi d’être posé. Pour peu que l’on soit mal installé et que l’on ait froid ou chaud, c’est fichu, à moins d’être un saint. Ou les oraisons : comment faire en sorte que l’oraison proclamée par le président au nom de tous et pour tous soit effectivement écoutée, assumée et intériorisée par tous ? Il y a quelque chose qui dépend de l’investissement personnel de celui qui écoute, mais aussi une partie qui dépend de celui qui préside, de la manière dont il proclame, et surtout peut-être dont il vit l’oraison.

Le rite et la vie

Continuer l’exercice dans la vie

La messe termine par « allez dans la paix du Christ » et on ajoute éventuellement « et glorifiez Dieu par votre vie ». Le rite n’a pas sa fin en lui-même. On y arrive avec toute sa vie, toute sa personne que l’on apporte en offrande. On en repart pour accomplir dans le quotidien, avec nos petits moyens, ce qui a été vécu en plénitude dans le rite. Le passage de l’extérieur à l’intérieur ne doit pas s’arrêter à la fin de la messe : on est appelé à vivre plus à l’intérieur de soi. Le rassemblement accompli à la messe ne doit pas se limiter au moment de la célébration : la proximité du Christ et du Père doit nous rapprocher de nos frères humains. La Parole de Dieu entendue est à vivre et à répercuter, à proclamer.
Le rite est comme un exercice à mettre en pratique dans la vie. La liturgie est le lieu d’une révélation, une révélation actuelle. C’est le moment de la Révélation qui advient pour nous dans le rite sacramentel. Répétons-le-nous : la Révélation n’est pas un fait du passé, même si l’on reçoit aussi le témoignage du passé. Dieu se révèle à nous aujourd’hui. Il veut une rencontre personnelle actuelle. Et cela se continue dans la vie. La relation à Dieu ne s’arrête pas à la fin de la messe. Elle se noue durant le rite pour se continuer durant la vie. Comme un moment familial fort qui renforce les liens.

Un guide pour la vie de foi

La célébration liturgique est donc un guide pour la vie de foi. Elle donne un cadre de mots et de gestes. Mais ce cadre n’est évidemment pas suffisant. Il ne fait rien tout seul. Un cadre est à habiter, dans un consentement à ce qui se passe. Pour qu’il contribue à l’unification de l’existence, il s’agit de donner forme au vécu, et de donner vie à la forme. Cela a pour conséquence qu’il n’y a pas seulement à faire un truc, mais à bien faire ce qui est à faire. Dans ce « bien » il ne s’agit pas d’une esthétique sophistiquée, mais ce qu’on y met de soi, la plénitude personnalisée de l’action. La « participation active » (expression du pape St Pie X reprise par le Concile Vatican II) n’est pas seulement une fonction dans l’accomplissement du rite. C’est un appel à engager tout son être, extérieur et surtout intérieur, dans l’action liturgique.
Tout cela est très délicat, une délicatesse relationnelle. Le point de discernement est l’amour du Christ et de ses frères : le Christ que l’on célèbre, et les frères avec qui on le célèbre. Ces frères sont ma communauté concrète (quelle qu’elle soit), mais aussi toute l’Église. Suivre la norme offerte par l’Église, c’est intégrer, s’approprier l’altérité. Habiter la norme de son génie personnel, ou plutôt du génie personnel de la communauté célébrante, c’est faire jouer la complémentarité source de fécondité. C’est le jeu de l’inculturation nécessaire à toute norme pour qu’elle devienne vivante, et d’où précisément elle jaillit de nouveau. La diversité devient équilibrante si elle est vécue dans la charité, toute diversité, notamment celle fondamentale du masculin et du féminin, car les frères sont aussi des sœurs.

Lieu et temps de l’unification

Le culte est une manière d’exprimer sa foi. Une des manières, qui est aussi une forme de vie, ou une des formes de la vie chrétienne. Cette forme peut en venir à prendre beaucoup de place, comme dans notre vie religieuse et en particulier monastique. Mais ce n’est heureusement pas réservé à la vie religieuse. Il y a quelque chose de particulier au culte, c’est l’aspect communautaire, fondamentalement chrétien. Il permet une mise ensemble des intériorités, car il procède d’une telle mise en commun.
Au cœur de la foi il y a la relation vivante, personnelle et ecclésiale, au Christ et au mystère pascal de sa mort, sa résurrection et son ascension à la droite du Père. Il y a la gratitude envers Dieu pour son Salut et la présence parmi nous du Ressuscité qui continue dans tous les temps cette œuvre de Salut. Le Christ vivant en moi me fait bouger. L’Esprit Saint me prend dans toute ma personne, il vient me mouvoir de l’intérieur, dans tout ce qui me constitue. L’expression de ma foi, de ma relation au Christ devrait donc prendre chair de ma vie concrète et dans ma vie concrète, de ma culture et dans ma culture, de mon langage et dans mon langage.
Le mystère célébré dans le rite puis vécu dans le quotidien participe de l’unité de vie, de l’unification de la vie. La forme – au sens fort, la forme intérieure – de la liturgie est immuable, mais la matière est changeante en fonction de la culture. La crèche est toujours la crèche, qu’elle soit provençale, napolitaine, sub-saharienne ou extrême-orientale. La matière diffère, mais la forme est la même, le sens est commun : Dieu s’est incarné dans l’histoire et la vie du peuple juif à un moment particulier, il vient aussi dans ma vie, là où j’en suis, dans ma propre culture, pour me mener à lui.

LIBRES : La vie monastique au cinéma



C’est la gloire de Dieu de cacher les choses,
c’est la gloire des rois de les sonder

Proverbes 25, 2

Libres : Plus qu’un film, une respiration !

Bien souvent, Dieu manifeste Sa gloire en se voilant derrière ce qui Le révèle. Il provoque ainsi l’homme – et spécialement le croyant – à se révéler lui-même, chemin faisant, en scrutant la profondeur des signes qu’Il nous laisse de Son passage. Le film Libres joue pleinement de ce paradoxe, qui rappelle celui de la vie. Toute vie en effet se déploie en s’intériorisant, tout en se recevant des réalités extérieures. Que l’on observe simplement la croissance de l’arbre : pas de ramure capable de s’élever haut dans le ciel, à la face du soleil, sans racines s’enfonçant profondément en terre.

Le réalisateur espagnol Santos Blanco nous offre une plongée dans la vie monastique tout au long de ces presque deux heures, et non un documentaire sur les grands espaces. Néanmoins les terres sauvages de l’Espagne, au creux desquels sont nichés ces monastères, sont déjà en eux-même une invitation au voyage…
Quel que soit le point de vue que retiendra le spectateur, un véritable dépaysement nous est proposée par ce long-métrage. Sa sortie en salle en France est annoncée le 2 octobre (fête des anges gardiens : hasard du calendrier ? Clin d’œil à la vie angélique ?) et il sera disponible en dvd courant janvier 2025 pour commencer l’année par un grand bol d’air !

Place au regard et à l’écoute

Moine camaldule, vêtu de blanc, face au soleil rasant qui illumine le paysage.

Le documentaire est servi par le regard aiguisé d’une photographie attentive au jeu subtil de la lumière. Elle donne tout son relief tant aux visages qu’aux paysages qu’elle met en valeur en s’effaçant…

Donnant largement la parole à ceux dont le silence d’ordinaire oscille entre intercession et louange, ils sont interrogés sur leur vie.

Ils parlent de ce qui les anime mais aussi des rencontres qui les ont conduits au choix de la vie monastique ou de celles qui les ont relancés dans leur quête.
C’est aussi une invitation discrète lancée au spectateur : « Et toi, où en es-tu de ton désir ? » Chacun peut ainsi se voir rejoint sur son propre chemin, tour à tour éclairé, interrogé, stimulé, confirmé dans sa quête de vie…

Moines, moniales du XXIe siècle

Moines et moniales, de tous âges et de tout « pelage » (chartreux, camaldules, bénédictins, cisterciens, carmes), leurs itinéraires ne sont pas étrangers aux errances de notre temps, à ses tâtonnements, à son péché. Ils sont aussi témoins de la Miséricorde de Dieu qui attend son heure, cachée dans l’espérance des orants de toute condition qui veillent pour ceux qui habitent leur prière. Car, faut-il le souligner, la veille et la prière ne sont pas l’apanage de ceux qui ont « fui au désert » mais la respiration de tous ceux qui aiment et aspirent à communiquer ce qui brûle au fond d’eux-mêmes…

Invitation à l’intériorisation

Le spectateur est entraîné dans une alternance de « focus » et de « grand angle », plans serrés ou voix off, selon la nature de la question posée. La sobriété des intérieurs côtoie la magnificence des extérieurs en toute saison. Les dialogues succèdent aux échappées au grand air, par monts et par vaux, montagnes ou bords de mer. Alternance d’entretiens tout à trac et de relectures décantées, de paroles et de méditations musicales, le tempo lent du montage donne aux séquences qui s’enchaînent un rythme tranquille. Sans jamais devenir pesant ou ennuyeux, il invite à l’intériorisation et dilate le cœur autant que le regard…

L’émotion y est aussi conviée, avec pudeur… On retiendra tout spécialement le témoignage d’une moniale qui se sait condamnée par la médecine et dont le décès, peu de temps après le tournage, lui vaudra en retour la dédicace du film à sa sortie, en 2023 : moment fort qui ne sera pleinement dévoilé, hors-champ, que par la photo d’hommage que lui rend l’équipe au générique.

Pourquoi « Libres » ?

On pourra s’étonner de ce titre pour ce film. Il ne s’éclaire explicitement que dans les toutes dernières minutes, récapitulant ce qui a été seulement suggéré tout au long des 105 minutes précédentes. C’est comme une invitation à en reprendre le déroulé depuis le début pour en explorer les nœuds et les étapes…

Qu’on nous permette ici d’emprunter quelques mots à Christiane Singer, extraits de son Éloge du mariage, de l’engagement et autres folies. Ils suggéreront les harmoniques « à la quinte », sans déflorer le mystère, dans l’écoute de Celui nous y initie…
« La vraie aventure de la vie, le défi clair et haut n’est pas de fuir l’engagement mais de l’oser.
Libre n’est pas celui qui refuse de s’engager.
Libre est sans doute celui qui ayant regardé en face la nature de l’amour — ses abîmes, ses passages à vide et ses jubilations — sans illusions, se met en marche, décidé à en vivre coûte que coûte l’odyssée, à n’en refuser ni les naufrages ni le sacre, prêt à perdre plus qu’il ne croyait posséder et prêt à gagner pour finir ce qui n’est côté à aucune bourse : la promesse tenue, l’engagement honoré dans la traversée sans fin d’une vie d’homme.
 »

« Je lève les yeux vers les montagnes
D’où le secours me viendra-t’il ?
Le Secours me viendra du Seigneur
qui a fait les cieux et la terre »

Psaume120

Service et prière pour étudiants/jeunes pros



Service et prière à Maylis

Besoin de recul, de te mettre au vert ? Que dirais-tu de venir pour un temps de service et de prière à l’abbaye ?
Étudiants et jeunes pros, vous êtes les bienvenus en tous temps, mais particulièrement cet été !

Quand et combien de temps ?

Nous vous invitons cet été, de fin juin à début septembre : un jour, trois jours, une semaine… à chacun selon ses disponibilités. Pas d’inquiétude pour la participation aux frais d’hôtellerie : si vous pouvez laisser quelque chose ce sera bienvenu, sinon vos mains y pourvoiront !

Activités variées

Les activités ne manquent pas, et il y en a pour tous les goûts ! Nous avons besoin d’aide, et nous serons heureux de travailler avec vous :

  • jardin
  • gestion de fruits et légumes
  • défrichage
  • aide dans nos plantations
  • restauration de bâtiments
  • bricolages en tous genres
  • rangements et nettoyages

Et puis aussi…

Ce sera aussi : retraite, service, rencontre des moines et vie avec eux, découverte d’une abbaye, rencontre d’autres jeunes – ou moins jeunes – qui seraient là en même temps. De quoi bien se couper d’un « métro-boulot-dodo » sans rester à ne rien faire. Une expérience très bénédictine d’ORA ET LABORA en communauté ! Laissez-vous tenter.

C’est une bonne tentation !

Retraite Faire le Point

Du samedi 13 juillet au vendredi 19 juillet : 10e ÉDITION !
Au cœur de l’été, un moment particulier : la Retraite Faire le Point. Se poser pour un discernement. Là, c’est du sérieux. On ajoute des enseignements qui devraient accompagner un travail intérieur et ouvrir à l’écoute du Seigneur.
Voyez le menu sur la page qui est dédiée à la retraite :

D’autres retraites organisées par des moines et moniales sont proposées sur ce site :

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A bientôt !

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    La messe : si familière, si méconnue



    Journée jeunes pros le 18 novembre

    Des jeunes pros de Dax et les moines de l’abbaye proposent une journée de formation sur la messe. Se retrouver pour nourrir sa foi, et aussi passer un beau moment ensemble.

    Ce temps peut aussi être prolongé sur un week-end, surtout pour ceux qui viennent de loin, afin d’en profiter pour faire une petite retraite.

    Pourquoi parler de la messe ?

    « Faites cela en mémoire de moi »

    La messe nous rassemble chaque dimanche, et parfois plus souvent, depuis que le Seigneur nous l’a commandé. Elle nous est très familière. Mais prenons-nous assez le temps de nous renouveler afin de la vivre mieux, plus intensément, plus profondément ? Parfois nous méconnaissons la densité de ce qui nous est familier.

    De plus, la messe, sacrement de l’amour et de l’unité, devient trop souvent facteur de division. Différentes sensibilités se heurtent, générant parfois des suspicions, des accusations, voire des condamnations, qui créent des clivages dans notre Église. Convertissons plutôt nos regards vers le Christ qui nous invite à participer à son sacrifice, au don de sa vie.

    Parler paisiblement du « comment célébrer » nécessite d’avoir tous le cœur ancré dans Celui que nous célébrons, et d’être d’accord sur ce que nous célébrons, quelle que soit la forme extérieure. Selon le souhait des papes successifs depuis plus d’un siècle d’une formation liturgique authentique, approchons-nous de l’Eucharistie de manière à ce qu’elle puisse être source de vie spirituelle pour chacun et d’unité pour tous.

    Au programme le samedi 18 novembre :

    • 8h50 : office de Tierce pour ceux qui peuvent et veulent
    • A partir de 9h15-30 : accueil-café
    • Vers 10h15 : Une parole et quatre gestes : prendre, rendre grâce/bénir, rompre, donner. Premier enseignement à partir des textes fondateurs du Nouveau Testament : comment vivons-nous cela aujourd’hui ?
    • Temps de silence pour intérioriser
    • 11h45 : messe avec la communauté : mise en pratique !
    • 13h : repas : chacun amène quelque chose et on met en commun
    • 14h : café avec le frère, questions ou discussion sur le matin
    • Après-midi : ballade digestive, ou service à la communauté pour s’aérer
    • vers 17h : Petite histoire d’un émerveillement progressif. Deuxième enseignement pour un survol historique, notamment en ce qui concerne la dernière réforme : d’où vient-elle, pourquoi, comment ?
    • 18h30 : Vêpres

    Concrètement…

    Passer juste la journée du samedi 18 :

    • venir avec son pique-nique
    • apporter de quoi prendre des notes
    • Libre participation aux frais (5-10€ par exemple)

    Rester le WE :

    • Possibilité d’arriver dès le vendredi soir
    • Amener une paire de draps ou sac de couchage
    • Prévoir tout de même un pique-nique ou déjeuner pour samedi midi, les autres repas pourront être assurés par la communauté
    • rien de particulier n’est prévu le dimanche sinon de se poser, souffler, et prier avec la communauté.
    • Libre participation aux frais libre (une journée en pension complète nous coûte environ 35-40€). Que ce ne soit pas un empêchement.
    • Merci de prévenir une semaine avant

    Inscription

    Tu peux t’inscrire auprès du frère Oliveto, responsable de l’hôtellerie. Si tu viens le WE, merci de donner arrivée et départ pour que nous puissions prévoir les repas et de t’inscrire avant le 12 novembre.

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    23e dimanche : Par amour du frère, lier et délier

    23e dimanche ordinaire A :
    Matthieu 18, 15-20

    Tout ce que vous aurez lié sur la terre sera lié dans le ciel, et tout ce que vous aurez délié sur la terre sera délié dans le ciel.

    Aimer son frère, c’est s’occuper de lui. Et parfois il est nécessaire de lutter pour le gagner. Quand il est pris dans les entraves du péché, Jésus nous demande de faire notre possible pour l’en délivrer. Ce n’est pas facile. C’est même très délicat. Nous avons ce dimanche un mode d’emploi tout de gradualité, qui commence par la communion de personne à personne, de frère à frère. Puis s’il est besoin on se met à plusieurs frères, car chacun a ses mots, chacun son approche, chacun la Parole du Salut active en lui. Et puis si cela n’a pas été efficace, le cercle s’élargit, et on fait appel à la communauté de l’Église. C’est tout le Corps qui est concerné quand un membre souffre, quand un membre se détache des autres.
    Car là est la réalité du péché : il entame la communion, et risque de la couper, voire même d’atteindre le reste du Corps, si on ne le soigne pas. Ici, le malade est partie prenante, c’est sa liberté qui est engagée, qui se noue au péché. C’est pourquoi s’il est nécessaire de prendre tout le soin possible du membre fragilisé, finalement le Corps aussi a besoin d’être protégé. Car la liberté pervertie d’un membre peut en entraîner d’autres dans sa chute. Eux aussi ont besoin de miséricorde. C’est malheureusement notre condition de pécheurs, nous le savons trop bien.
    Oui, nous connaissons cette situation par cœur. Elle est à l’intérieur de nous. Ce frère lié par le péché, c’est chacun de nous. Nous avons besoin d’être déliés des entraves dans lesquelles nous nous emmêlons si bien. Il est bon de se le rappeler. La base de notre vie chrétienne est la conversion, le retour vers Dieu et vers nos frères. Nous avons tous besoin d’aide pour cela. Et c’est bien ainsi. Car Dieu a soif de notre unité. Il veut nous relier par l’amour.
    Que cette unité est laborieuse de notre côté ! Se mettre vraiment d’accord : tout un programme ! Peut-on encore espérer que ce soit vraiment possible ? Sans cesse quelque chose nous divise ; sans cesse nous nous crispons sur nos idées ; sans cesse nous nous fermons dans nos sentiments. Et si nous levions ensemble les yeux vers Dieu ? Car là semble être la solution si l’on en croit l’Évangile : « Quand deux ou trois sont réunis en mon nom, je suis là, au milieu d’eux. » Prions d’un même cœur pour nous-mêmes, pauvres pécheurs : le Père ne nous fera pas défaut.

    Prière universelle :

    PU 23e dimanche ordinaire A

    Une méditation en trois questions…
    … pour les grands et les petits !

    Accueillir l’Évangile :

    Quelles sont les ressemblances et les différences entre la première lecture et l’Évangile ?

    Comprendre sa foi :

    Est-on responsable pour le péché des autres ?

    Vivre avec Jésus :

    Comment est-ce que je comprends et vis la miséricorde et la justice ?

    20e dimanche : Foi de femme !

    20e dimanche ordinaire A :
    Matthieu 15, 21-28

    Femme, grande est ta foi

    C’est une scène d’évangile très humble, facile à imaginer, et presque amusante. Matthieu nous fait assister à la confrontation si humaine entre une femme qui se bat pour sa progéniture et un groupe d’hommes un peu bourrus. Jésus est au milieu. Il est entre une étrangère, une païenne, étrangère aux promesses d’Israël, c’est-à-dire des enfants de Dieu, et ses disciples, choisis entre tous dans le Peuple choisi, eux qu’il forme pour être les colonnes du Peuple de la Nouvelle Alliance.
    Cette simple scène est pourtant très importante, et manifestée comme telle par les circonstances. Jésus est à l’étranger, ce qui lui arrive peu. Une femme est mise en scène, ce qui indique très souvent dans la Bible que quelque chose d’important se passe, un dévoilement particulier du mystère de Dieu. Et puis Jésus semble hésiter, résister à ses disciples, et être finalement forcé à agir par la femme, un peu comme à Cana, ou devant le tombeau de Lazare. C’est la foi de cette étrangère qui va gagner le bras de fer et conduire Jésus à ouvrir aux païens le don de sa venue.
    Qu’a-t-elle, cette femme, pour que sa prière fasse plier Jésus ? Sa prière est pleinement évangélique, en tout conforme à l’enseignement de Jésus. Bien que païenne, cette cananéenne se montre pleine de foi dans le Dieu d’Israël et reconnaît en Jésus le fils de David. Peut-être a-t-elle l’intuition qu’il est le messie, le sauveur. Sa prière est insistante, malgré l’apparente indifférence de Jésus et les rebuffades des disciples. Elle est aussi humble. Elle reste à sa place, et elle implore miséricorde plutôt que de crier à l’injustice.
    Jésus va aux périphéries et se laisse déranger par les appels de détresse de notre humanité. Il sait reconnaître la foi et accueillir le cri. Il en montre l’exemple à ses disciples de tous les temps ?

    Prière universelle :

    PU 20e dimanche ordinaire A

    Une méditation en trois questions…
    … pour les grands et les petits !

    Accueillir l’Évangile :

    Comment la première lecture indique-t-elle un point essentiel de l’évangile ?

    Comprendre sa foi :

    Pourquoi Jésus hésite-t-il ?

    Vivre avec Jésus :

    Est-ce que je crois que les non-chrétiens peuvent faire des actes de foi ? Suis-je attentif à leurs appels ?

    Exposition du Fr. Vincent à la vieille église de Maylis



    Les toiles 2023 exposées pour vous !

    Dans le cadre magnifique du vieux sanctuaire


    INSOLITE… RÉFLEXIF… ARTISTIQUE…

    Quoi ? Où ?

    Une exposition de toiles peintes «à l’Indienne » par le père Vincent , est proposée dans l’ancienne chapelle de Maylis.
    La communauté des moines Bénédictins olivétains de Maylis vous invite, en ce temps de vacances. Une pause-fraîcheur au cœur de l’exposition, dans ce lieu Marial « habité ».

    Quand ? Comment ?

    Jusqu’au jeudi 17 août inclus. Prolongation jusqu’au JEUDI 24 Août inclus
    Entrée libre – ouverture tous les jours, 9h à 13h ; 15h à 19h


    30e dimanche : Prier en vérité

    30e dimanche ordinaire C :
    Luc 18, 9-14

    Le publicain, lui, se tenait à distance et n’osait même pas lever les yeux vers le ciel ; mais il se frappait la poitrine, en disant : ‘Mon Dieu, montre-toi favorable au pécheur que je suis !’

    Certaines paraboles de Jésus ont un message clair comme de l’eau de roche, et il n’est guère utile de les commenter. Celle-ci en fait partie. Au lieu de réellement prier, le pharisien se regarde lui-même, il se félicite des choses très bien qu’il réussit à faire, et il se compare à son voisin qu’il ne connaît pas. Le publicain quant à lui, se sait pécheur public, tout dans son attitude le montre, et c’est en tant que tel qu’il se tourne vers Dieu, humblement, sans se préoccuper d’autre chose que de sa pauvreté. Chacun se reconnaîtra plus dans l’une ou l’autre figure. Un bon chrétien n’échappe généralement pas à la tentation de faire comme le pharisien, reconnaissons-le.
    Un pas important de la prière consiste à être en vérité avec soi-même et devant Dieu. Une des fonctions de la prière est d’ailleurs de nous faire entrer dans cette vérité sur soi en se mettant face à Dieu. Tant qu’on se compare aux autres, on trouve toujours quelqu’un que l’on peut juger apparemment plus pécheur que soi. Mais le jugement revient à Dieu, et les apparences sont trompeuses. Le seul jugement qui justifie est celui de Dieu, et Dieu regarde le cœur humilié. Voilà donc l’important : le cœur humilié. Cette attitude n’est pas si facile à acquérir ni à conserver. C’est une grâce à demander. Mais pour cela il est nécessaire de regarder sa vie en vérité dans le miroir de la sainteté de Dieu.
    Le Christ a été le premier à donner l’exemple. Seul il pouvait prier en vérité comme le pharisien. Mais au lieu de cela il a pris la condition des pécheurs, pour implorer en notre nom à tous la Miséricorde de Dieu. Quand nous ne nous sentons pas coupables, faisons au moins comme lui, nous qui sommes son Corps. Plaçons-nous devant le Père en communion avec l’homme pécheur, pour implorer sa grâce, pour implorer sa justice, pour s’ouvrir à sa Miséricorde. Peut-être découvrirons-nous combien le péché est enraciné dans notre cœur, et ce sera une insigne faveur. Car alors nous n’aurons plus peur de nous présenter sans fard devant Dieu et devant les hommes.

    Prière universelle :

    PU 30e dimanche ordinaire C

    Une méditation en trois questions…
    … pour les grands et les petits !

    Accueillir l’Évangile :

    Pourquoi Jésus est-il dur avec ce pharisien qui fait tant d’effort pour éviter le mal et faire le bien ?

    Comprendre sa foi :

    Que nous apprend cette parabole sur notre faiblesse humaine et sur la Bonne Nouvelle que Jésus nous apporte ?

    Vivre avec Jésus :

    Et si je priais comme le publicain ?