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28e semaine : Rendons grâce à Dieu !



28e dimanche ordinaire C :
Luc 17, 11-19

L’un d’eux, voyant qu’il était guéri, revint sur ses pas, en glorifiant Dieu à pleine voix. Il se jeta face contre terre aux pieds de Jésus en lui rendant grâce.

Le Samaritain n’est pas seulement purifié, guéri dans son corps. Plus fondamentalement que la guérison physique, il se convertit, il retourne sur ses pas en rendant gloire à Dieu. Il ne pense même plus à accomplir d’abord l’acte de la religion pour faire constater sa guérison officiellement. Avant de se montrer aux prêtres pour être réintégré dans la communauté des hommes, il revient au Seigneur pour rendre grâce et retrouver ainsi la communion avec Dieu. Il est vrai que le Samaritain est moins attaché peut-être au culte. En effet, par son origine il restera à l’écart du peuple des élus. Mais il a compris la réalité profonde du culte, et il ne restera pas à l’écart de son Dieu et Seigneur. « A pleine voix je te louerai, dit le psaume, au milieu de l’assemblée« . C’est donc par cette louange qu’il va être réintégré par Jésus dans la communauté des croyants.
De plus, par son attitude, le Samaritain reconnaît la divinité de Jésus. Dans un même mouvement, il glorifie Dieu et se prosterne aux pieds de Jésus en rendant grâce. C’est encore l’attitude fondamentale de l’orant des psaumes. En réponse à la miséricorde qu’il reçoit du Seigneur, il accomplit le sacrifice que Dieu aime : revenir à lui dans l’action de grâce. C’est là le culte fondamental du croyant, qui est alors un aimant Dieu. Il ne peut taire son amour pour celui en qui il a mis sa foi, car le Puissant a fait pour lui des merveilles.
Nous sommes tous des lépreux guéris. Par la foi dans le Salut apporté par le Christ, nous accueillons la guérison de la lèpre du péché. Beaucoup d’hommes n’ont peut-être guère conscience d’avoir été ainsi gratuitement lavé de leur péché par ce Dieu miséricorde qui veut que tous les hommes soient sauvés. Certains en ont conscience, mais se contentent des actes de la religion. Ces actes peut-être un peu formels et extérieurs les réintègrent dans le peuple des croyants, et font d’eux des bons chrétiens. D’autres en ont conscience, mais sont dans des situations qui, extérieurement, les excluent plus ou moins d’une communion visible avec le peuple des croyants.
Jésus enseigne, pour tous, la première communion à rechercher, celle qui sauve vraiment. Elle devrait être au cœur de nos cultes extérieurs. Rendre grâce pour sa guérison du péché est le premier devoir du chrétien. Car l’homme rétabli dans sa dignité peut paraître debout devant Dieu. Ce devrait être le sens de toutes nos Eucharisties, communautairement et personnellement : rendre grâce pour la foi qui nous est donnée, qui nous sauve.

Prière universelle :

PU 28e dimanche ordinaire C

Une méditation en trois questions…
… pour les grands et les petits !

Accueillir l’Évangile :

Pourquoi Jésus insiste-t-il sur le fait que seul le Samaritain est revenu ?

Comprendre sa foi :

Pourquoi rendre grâce à Dieu est-il si important dans la vie spirituelle ?

Vivre avec Jésus :

Et moi, est-ce que je remercie Dieu ?

22e semaine : Humble sainteté

22e dimanche ordinaire C :
Luc 14, 1-14

Quiconque s’élève sera abaissé ; qui s’abaisse sera élevé.

Deux paraboles de Jésus ce dimanche. Dans la première, il semble rappeler des règles de politesse, ou même développer une stratégie pour ne pas être ridicule en société. Sans doute appelle-t-il aussi à la modestie, à rester à sa juste place, à ne pas se faire plus grand que l’on est. C’est déjà beaucoup, mais est-ce tout ? La seconde parabole est beaucoup plus directe et claire, et semble plus exigeante : donner sans attendre d’autre retour que celui qui vient du Seigneur, parce que viendra le jour de la rétribution, le jour où chacun sera reconnu tel qu’il est, au-delà des apparences de cette vie.
Ces deux paraboles de Jésus ne sont pas de simples remarques. Et peut-être ne font-elles qu’une seule. Jésus nous parle de nous, certes, et de nos rapports aux hommes ici-bas. Mais il nous parle aussi de Dieu, et de notre rapport au Père. Nous sommes dans la suite de la parabole de la semaine dernière qui nous enseignait sur l’entrée dans le Royaume des Cieux.
Nous sommes invités par Dieu au Festin des Noces de l’Agneau. Parfois nous avons tendance à y prendre les meilleures places. Nous nous mettons au rang des saints dans ce monde de pécheurs : ce n’est pas faux, puisque nous sommes baptisés, puisque nous avons été sanctifiés par le Christ. Mais suffit-il d’être baptisé ? Au Maître de maison seul appartient le jugement. Tous les hommes sont appelés au Salut, à participer un jour au Royaume, tous sont invités. Nous le savons, mais qu’il est difficile tout de même de ne pas se faire son idée préalable sur ce jugement… Saint Benoît dans sa Règle invite à « ne pas vouloir être dit saint avant de l’être, mais commencer par l’être qu’on le dise avec plus de vérité« . C’est une sorte de résumé de l’évangile de ce dimanche. La sainteté est humble.
Si Jésus demande d’inviter les pauvres, c’est que Dieu l’a fait le premier avec nous. Hôtes de Dieu, nous sommes ces pauvres, nous n’avons rien à lui rendre. Nous sommes conviés à nous en rappeler au début de chaque Eucharistie, en nous reconnaissant pêcheurs, indignes de prendre part à la Table du Seigneur. Peut-être la seule chose que nous pourrions rendre est-elle justement de servir nous aussi les pauvres, ses enfants, puisque ce que nous faisons aux plus petits d’entre eux, c’est à lui que nous le faisons. Et il y a bien des pauvretés : matérielles, psychologiques, affectives, intellectuelles, spirituelles. Il n’y a que l’embarras du choix pour donner de son indigence à plus pauvre que soi !
Se laisser inviter par Dieu et par nos frères comme un pauvre, inviter les pauvres pour leur donner un peu de nous-mêmes : qui empruntera cette voie d’humilité ? Il connaîtra le Christ, et comprendra sa Parole.

Prière universelle :

PU 22e dimanche ordinaire C

Une méditation en trois questions…
… pour les grands et les petits !

Accueillir l’Évangile :

En quoi ces paraboles complètent celle de la semaine précédente ?

Comprendre sa foi :

Pourquoi l’humilité est-elle si essentielle dans la vie chrétienne, et si liée à la sainteté ?

Vivre avec Jésus :

Est-ce que je me rappelle de mon indignité au début de chaque Eucharistie ?

Fête-Dieu : Christ présent au monde

Dimanche du Corps et du Sang du Seigneur C :
Luc 9, 11-17

Jésus prit les cinq pains et les deux poissons, et, levant les yeux au ciel, il prononça la bénédiction sur eux, les rompit et les donna à ses disciples pour qu’ils les distribuent à la foule.

Ce dimanche, encore tout illuminés de la lumière de la Résurrection, pleins de la force de l’Esprit de Vérité reçu à la Pentecôte, dans l’intimité de la Sainte Trinité vers laquelle nous avons été orientés dimanche dernier, nous faisons retour sur le Jeudi Saint et le mystère de l’Eucharistie. Dans le signe du pain et du vin offerts, livrés, partagés, consommés ensemble, Christ veut se rendre présent au monde, pour nourrir chacun. Ce sacrement est le mode éminent de sa sollicitude pour l’Église et l’humanité entière : il offre la vraie nourriture, celle qui rassasie pour toujours, celle qui apporte à l’homme la vie éternelle et lui permet de participer à la Résurrection, la victoire sur toute mort.
On ne finira jamais de méditer sur l’Eucharistie et sur ses conséquences dans notre vie concrète. On n’a pas le droit de croire avoir tout compris. Elle est toujours nouvelle. Car la présence que nous fêtons n’a rien de statique. Si Christ se rend réellement présent durant la messe, ce n’est pas seulement pour que nous puissions le contempler plus ou moins passivement. Il s’offre au Père pour que nous puissions offrir notre vie en communion avec lui. Il se donne en partage, pour que nous puissions communier à sa vie. Il nous dit de faire la même chose en mémoire de lui : qu’est-ce à dire ? Seulement célébrer des rites commémoratifs ?
La vie que nous recevons dans l’Eucharistie est faite pour être distribuée à la foule. Offrir notre vie en sacrifice au Père avec le Christ ne s’arrête pas à la messe du dimanche. Chaque semaine nous venons communier au Christ réellement présent pour fortifier notre union au Christ dans la foi et le baptême, mais aussi pour nous rappeler que nous sommes le Corps du Christ présent dans le monde. Donc comme le Christ, en son Nom que nous portons, nous devons aller vers le monde et le rendre présent. Nous sommes la présence réelle du Christ ressuscité auprès des personnes que nous côtoyons.
L’Eucharistie, la messe, est « mission », envoi vers les hommes. Si nous avons la grâce de recevoir le Seigneur, c’est aussi pour le transmettre. L’Eucharistie est un appel à apporter l’amour du Christ autour de soi. Elle n’enferme pas dans une intimité tranquille, mais au contraire en affermissant l’intimité elle nous propulse sur les chemins du Christ allant à la rencontre de ceux qui sont loin de Dieu. La vraie contemplation s’épanouit dans l’action : amour transmis à tous les pauvres, ceux qui le sont spirituellement, moralement, psychologiquement, socialement, affectivement, matériellement. Notre communion Eucharistique ne sera vraie et pleine, réelle, que si elle s’épanouit dans ce service.

Prière universelle :

PU St Sacrement C

Une méditation en trois questions…
… pour les grands et les petits !

Accueillir l’Évangile :

Comparez la deuxième lecture et l’Évangile de ce dimanche : quelles sont les ressemblances et les différences ?

Comprendre sa foi :

En quoi ces deux textes se complètent-ils pour nous faire comprendre l’Eucharistie ?

Vivre avec Jésus :

Comment est-ce que je vis l’Eucharistie ? La célébration de la messe se poursuit-elle et s’épanouit-elle dans ma vie quotidienne ? Est-ce que je cherche à être réellement présence du Christ dans le monde ?

Dimanche de la Trinité : Dans l’intimité de Dieu

Dimanche de la Trinité C :
Jean 16, 12-15

Tout ce que possède le Père est à moi ; voilà pourquoi je vous ai dit : L’Esprit reçoit ce qui vient de moi pour vous le faire connaître.

En envoyant l’Esprit Saint, Dieu invite l’Église, et donc chaque chrétien, dans son intimité. C’est cette intimité de Dieu que nous fêtons en ce dimanche de la Trinité. Tout est commun, tout est communion entre les trois personnes divines. Le Père ne garde rien pour lui, le Fils se livre totalement, l’Esprit est pur don qui ne se reçoit que pour s’offrir. C’est notre entrée dans cette intimité de Dieu que nous avons fêté à Pâques et jusqu’à la Pentecôte. Le Fils est venu pour nous montrer et nous ouvrir le chemin vers le Père ; l’Esprit a été envoyé pour y guider chacun de nos pas ; le Père nous appelle, nous désire, nous attend.
Tout cela n’est pas à comprendre. Nul ne peut saisir, même en pensée, l’infini de Dieu. C’est à connaître par l’action de l’Esprit Saint. Il faut pour cela renaître dit Jésus à Nicodème, recevoir la vie de Dieu non seulement une fois litugiquement par le Baptême, mais tout au long de sa vie. Chaque Eucharistie devrait être l’événement de notre entrée dans l’intimité et la vie de Dieu, connaissance plus profonde, renaissance à une autre vie.
Dans l’Eucharistie, source et sommet de notre vie chrétienne, mystère si familier et pourtant si méconnu, nous participons au don mutuel, à l’amour qui brûle en Dieu. L’Esprit Saint est invoqué sur les offrandes de pain et de vin, mais aussi sur chacun des fidèles rassemblés : il vient, et le Corps du Christ advient. Le Fils nous prend en lui, il nous fait participer à l’offrande totale de lui-même qu’il consacre alors au Père, cette même offrande qu’homme il a accompli sur la Croix en choisissant d’aimer jusqu’à la fin. Le Père nous reçoit, nous qui sommes le Corps du Christ, le Bien-aimé.
Cadeau étonnant. Impensable merveille. Dieu s’est fait homme pour que l’homme devienne Dieu. Qu’en faisons-nous ?

Prière universelle :

PU Dimanche de la Trinité C

Une méditation en trois questions…
… pour les grands et les petits !

Accueillir l’Évangile :

« L’Esprit de vérité vous conduira dans la vérité toute entière » : quelle est cette vérité ? Et qui est ce « vous » : l’Église ou chaque chrétien ?

Comprendre sa foi :

« il recevra ce qui vient de moi pour vous le faire connaître » : pourquoi ne pouvons-nous pas connaitre nous-mêmes ce que le Christ nous a dit ?

Vivre avec Jésus :

Qu’est-ce que l’Esprit m’offre de connaître mieux en ce jour ?

3e semaine de Pâques : Accueillir le Ressuscité

3e dimanche de Pâques C :
Jean 21, 1-19

Aucun des disciples n’osait lui demander : « Qui es-tu ? » Ils savaient que c’était le Seigneur.

Chacun accueille le Ressuscité à sa manière. « C’est le Seigneur! » Jean reconnaît le Ressuscité et témoigne. Pierre accueille le témoignage et va à la rencontre de Jésus. Les autres sont dans la barque, affairés à l’œuvre de Dieu. La vie spirituelle prend de multiples formes, et la rencontre avec le Ressuscité a de multiples effets. Chacun son tempérament, sa grâce, sa vocation. Il en faut pour voir au-delà du visible immédiat. Il en faut d’autres pour se jeter à l’eau et montrer le chemin. Il en faut enfin tout simplement pour gérer la barque pendant que les premiers ont le nez en l’air et que les seconds laissent libre cours à leur impulsivité !
L’important, c’est que tous se retrouvent autour du Ressuscité, autour de la table eucharistique, autour du service du prochain. C’est ainsi que Jésus ressuscité se fait reconnaître, c’est ainsi qu’on peut le reconnaître : dans la mémoire vivante du don de sa vie, célébrée tant dans la liturgie que dans le service des hommes, en son Nom. L’un est indissociable de l’autre. L’un et l’autre, ensemble, sont la vraie confession de la foi et de l’amour. L’un et l’autre nous rassemblent en un seul Corps, le Corps du Ressuscité, présent dans le monde, pour le Salut de tous les hommes.
C’est pourquoi là se produit LE dialogue. Là est posée LA question : « M’aimes-tu ? » Le dialogue entre Jésus et Pierre est le dialogue de tous les chrétiens avec leur Seigneur. Il est le dialogue intime de chacun avec lui dans l’Eucharistie et dans le service des autres. Pour peu que l’on soit sincère avec soi-même, le « tu sais bien que je t’aime » reste en travers de la gorge, comme pour Pierre : nous connaissons notre infidélité. Pourtant Jésus ne nous retire pas sa confiance. Dans sa Miséricorde, il nous appelle tout de même à l’amour, il nous croit encore capable d’amour et de fidélité. Il nous confie nos frères, chacun selon sa grâce, et il nous invite à le suivre, chacun à sa manière.
À présent, c’est par l’amour et le service du frère que nous voyons que nous pouvons accueillir le Ressuscité et répondre à l’amour de Dieu que nous ne voyons pas.

Prière universelle :

PU 3e dimanche de Pâques C

Une méditation en trois questions…
… pour les grands et les petits !

Accueillir l’Évangile :

A quelles autres scènes de la vie de Jésus fait penser ce récit ?

Comprendre sa foi :

Pourquoi les disciples ne reconnaissent-ils pas Jésus tout de suite ? Pourquoi est-ce important qu’ils le reconnaissent à ses actes plus qu’à son apparence ?

Vivre avec Jésus :

Est-ce que je suis attentif à la présence personnelle du Ressuscité quand je célèbre la messe et quand je sers mes frères ?

3e semaine : Parole donnée pour l’unité

3e dimanche ordinaire C :
Luc 1, 1… 4, 21

Aujourd’hui s’accomplit ce passage de l’Écriture que vous venez d’entendre.

Parfois nous sommes tentés d’envier les contemporains de Jésus qui l’ont vu et entendu prêcher. Mais était-il plus facile pour eux de croire que pour nous ? Ils avaient devant eux un homme en chair et en os, nous avons derrière nous deux mille ans d’action du Ressuscité dans et par son Église, son Épouse, son Corps. Ils étaient au début de l’accomplissement final de la Parole, nous pouvons en contempler l’accomplissement total dans le Mystère pascal du Christ, et ses effets dans notre vie. Ils étaient de la race du Christ, mais nous avons été consacrés avec lui par le même Esprit du Seigneur.
Il faut dire plus. Le Christ parle encore aujourd’hui, lui qui est réellement présent au milieu de nous, en nous. Nous recevons de lui cette Parole durant l’Eucharistie, avant tout. C’est le Christ lui-même qui vient la proclamer au milieu de nous par la voix des lecteurs. Nous la recevons aussi par nos frères quand ils nous l’annoncent ou quand ils la mettent en pratique devant nos yeux. Notre foi naît ou renaît dans cette écoute quand elle est vraie, profonde, active. Par notre foi en sa Parole, le Christ veut nous rassembler pour faire de nous un seul Corps, habité par un seul Esprit, guidé par une seule Bonne Nouvelle. Pleurerons-nous sur notre infidélité, sur nos divisions, comme le Peuple d’Israël ? Ferons-nous de la joie de Dieu notre rempart ?
Les contemporains de Jésus ont vécu une année de bienfaits durant le temps où le Christ était parmi eux. Mais cette année se répercute jusqu’à la fin des temps. Ce jubilé prend des noms divers, et en ce moment celui particulier de Miséricorde. La Miséricorde nous est donnée à nous chrétiens. Elle est donnée à tous les hommes. Notre adhésion au Christ par la foi est un don infiniment précieux : saurons-nous le partager ? Que l’Esprit ouvre nos mains et nos lèvres afin que parlions et agissions en son Nom, afin qu’Il parle et agisse à travers nous. Alors dans notre aujourd’hui, pour ceux qui nous entourent et nous entendent, la Bonne Nouvelle annoncée dans les Écritures s’accomplira, et nous rassemblera dans l’unité.

Prière universelle :

PU 3e dimanche ordinaire C

Une méditation en trois questions…
… pour les grands et les petits !

Accueillir l’Évangile :

Pourquoi Jésus peut-il dire que la lecture qu’il a faite s’accomplit sous les yeux de ceux qui l’écoutent ?

Comprendre sa foi :

Qu’est-ce que cette lecture nous apprend sur la mission de Jésus ?

Vivre avec Jésus :

Est-ce que je crois que c’est vraiment Jésus qui parle lorsqu’on lit les lectures à la messe ?

33e semaine : Quand la lune perdra sa clarté

33e dimanche ordinaire B :
Marc 13, 24-32

Alors on verra le Fils de l’homme venir dans les nuées avec grande puissance et avec gloire.

La fin de l’année liturgique approche, et la Parole de Dieu que l’Église nous annonce tourne nos yeux vers la fin du temps, vers le retour définitif du Fils de l’Homme. Parler de la fin des temps et de la venue du Christ dans la gloire est un peu passé de mode. Sans doute ce discours fut-il trop sévère à certaines époques. On a insisté sur la peur du jugement plus que sur l’espérance de la gloire. Il s’agit pourtant d’abord de la Bonne Nouvelle du venue du Salut définitif pour ceux qui auront pris parti pour Dieu, pour la Lumière, pour l’Amour.
Il y a là une vérité essentielle de notre foi. Avoir la certitude de cette venue, vivre dans l’espérance de la fin prochaine est une libération : nous ne sommes pas enfermés dans ces temps marqués par la mort, nous allons vers la Vie. Tout le cosmos attend cette délivrance, nous dit St Paul, et gémit pour que se hâte la venue du Règne. La Création entière languit, tendue vers la fin de la dispersion du péché, le retour de l’éclatement provoqué par le mal, la remise en ordre suite aux dérèglements provoqués par le refus de Dieu. Car l’homme a été créé pour la communion avec Dieu. Et toute la Création a été offerte pour porter cette communion, pour lui servir d’écrin.
Le temps qui nous est octroyé est celui de la conversion, du retour à Dieu, de l’obéissance à sa Parole. Il est un cadeau de Dieu pour que se préparent et s’opèrent déjà les retrouvailles, la rencontre définitive. Il est préparation de la Fête, du Banquet dont nous recevons les arrhes quand nous célébrons l’Eucharistie.

Prière universelle :

PU 33e dimanche ordinaire B

Une méditation en trois questions…
… pour les grands et les petits !

Accueillir l’Évangile :

Les signes de la fin des temps sont étranges : pourquoi un tel vocabulaire ?

Comprendre sa foi :

Jésus dit que « cette génération ne passera pas avant que tout cela n’arrive », mais bien des générations sont passées : que voulait-il donc dire ?

Vivre avec Jésus :

Est-ce que l’attente de la venue du Christ m’habite ? Est-ce qu’elle a une importance dans ma vie spirituelle ?

Pourquoi aller à la messe? La saveur du rite.



Le rite : un lieu de fracture ?

Pratiquants ou non, extériorité et intériorité

Pour calculer le nombre de chrétiens en France on distingue habituellement les « pratiquants », les « non-pratiquants », les « pratiquants occasionnels », etc. Cette catégorie de la « pratique » des sacrements est-elle une bonne catégorie ? D’un côté c’est facile : ça se voit, c’est objectif, mesurable. D’un autre côté c’est une activité qui peut rester extérieure à la personne. Alors on tombe sous l’accusation des prophètes : on fait des sacrifices, et dans le quotidien on vit sans Dieu. Du coup on oppose ceux qui ne vont pas à la messe mais qui ont – ou auraient – une vie digne de la foi chrétienne, et pourraient tout à fait se passer des rites, qui n’en auraient pas besoin.
De manière comparable, en milieu chrétien cette fois-ci, on oppose parfois la prière vocale et le culte comme pratique de la prière officielle de l’Église, à l’oraison, la méditation, la louange spontanée, plus personnels. Il y aurait ce qui tient du devoir commun et ce qui vient – ou viendrait – plus du cœur. Cette distinction est arrivée à l’époque moderne en milieu clérical, mais en fait elle existait bien avant concernant la messe. Depuis le haut Moyen Âge, clercs et laïcs étaient séparés. Les clercs, lettrés, spécialistes de la prière officielle de l’Église, rendaient à Dieu au nom de tous la justice de la religion. Et les laïcs, souvent illettrés, étaient exclus du culte et avaient un lien dévotionnel à Dieu. La perte du sens communautaire et l’apparition de la personne individuelle à l’époque moderne a été un point de bascule. La personne a commencé à désirer prendre part personnellement au culte. Cela commence avec les plus dévots au XVIe, et va en s’amplifiant, selon différentes voies parallèles.

Le rite: routine ou renouveau ?

Le rite est essentiel à la vie humaine. Nos vies sont pleines de rites qui les structurent (fonctions vitales, repas, sommeil, vie sociale, relations affectives, etc.), et donnent du rythme. Mais ces rites peuvent être des lieux de fracture dans nos vies, dans nos relations. Il y a aussi une ambiguïté dans ces rites quotidiens : est-ce je/tu le fais par conviction ? Me dis-tu cela parce que tu le penses vraiment, ou bien seulement par habitude ? Ce baiser que tu m’offres chaque matin vient-il de ton cœur ? N’est-ce pas seulement extérieur, par habitude ? Un rite, des rites… lieu de routine, ou occasion de renouveau ?
Méditer un peu sur le rite va nous faire aller aussi au cœur de notre foi, et de notre vie de foi.

Vivre le mystère de l’Incarnation

Une conversion nécessaire

« Dieu est esprit » (Jn 4, 24). Pour venir à nous qui sommes esprit et chair, il agit par des médiations. Le grand et unique Médiateur est son Fils, le Christ Jésus. Le Christ s’est associé la médiation de l’Église. Et cette médiation se décline : médiation de chaque chrétien ; médiation des éducateurs de la foi ; médiation des ministres ordonnés ; médiation du culte ; médiation de la parole, du pain et du vin.
Tout s’enracine dans le mystère de l’Incarnation, acte révélateur du mystère tenu caché depuis l’origine des siècles. Dieu ne peut plus nous rejoindre directement par l’intérieur du cœur, à cause du péché : nous sommes bouchés ! Alors il vient nous rejoindre par l’extérieur, vers où nous sommes tournés. Il nous invite, nous apprend, nous conduit dans le chemin vers l’intérieur. Il nous invite à la conversion, au retournement. En Jésus, la grâce de Dieu se manifeste, apparaît sous nos yeux de chair, pour nous reconduire vers l’invisible présence de Dieu. Il vient nous apprendre à voir dans la foi, pour nous reconduire vers l’intérieur. Le Salut est dans cette conversion, dont l’Eucharistie constitue un éminent exercice. La conversion est l’acte de foi par amour, dans l’espérance, qui passe dans les actes, ici un acte liturgique, à laisser fleurir et fructifier dans le quotidien.

Réalité spirituelle et expression concrète

L’Incarnation est, reste constitutive de notre foi. Ce n’est pas seulement un événement du passé. Nous vivons dans un régime de révélation qui est de l’ordre de l’entendre, du voir, du toucher, du sentir. C’est un luxe qui a un prix. Luxe, car Dieu nous rejoint dans tout ce que nous sommes, dans toute la consistance et l’inconsistance de notre humanité. Le prix est celui du dépassement de la chair par la foi. On prend appui sur la part émotive et affective pour aller plus profond en soi. Cela nécessite de renoncer à s’arrêter en chemin, de ne pas se contenter de l’expérience émotionnelle ou affective. Alors on peut expérimenter la véritable dilatation du cœur profond, ce cœur que Dieu touche de sa grâce pour l’attirer à lui. Il s’agit donc de retourner le mouvement de l’affectivité au service de l’intériorité et non de l’extériorité. Toute la messe est mouvement de l’extérieur vers l’intérieur pour nous conduire à l’acte de foi, la rencontre entre Dieu sauveur et l’homme de désir.
Comme pour toute réalité humaine, particulièrement dans la vie spirituelle, il y a une distance entre la réalité profonde et sa réalisation concrète, entre le sens et la mise en œuvre, entre le spirituel et le charnel. Le second aspect doit conduire au premier, et bienheureux qui ne s’arrête pas en chemin. Ce chemin est souvent lent, et peut-être long, pour notre chair.
Et d’autre part, dans une fragilité générale, une inadéquation de fond, la forme est plus ou moins translucide ou opaque au contenu. L’aspect extérieur du rite aide plus ou moins l’intériorisation. Cela nécessite d’assumer pleinement la réalité visible, tangible, dans sa fragilité, tout en la laissant à sa juste place, dans l’équilibre, l’harmonie. Comme en toutes choses, dans la liturgie il y a une nécessité de gestion des sensations, des émotions. Et par conséquent une attention à tous les gestes, positions, actions, et manières d’être. Car tout cela est porteur de l’investissement humain intégral.

Le rite, expression de l’intériorité

Que le cœur corresponde à la voix

On oppose assez facilement la vie intérieure à la vie extérieure. Il y a effectivement une tension entre les deux. Tant de choses nous tirent vers l’extérieur et nous arrachent de la vie intérieure, ou nous empêchent d’aller puiser au fond de nos cœurs ! Sollicitations multiples du matérialisme ambiant. Toutes les voies spirituelles, chrétiennes ou non, vont chercher à cultiver cette vie intérieure, parfois en dénigrant la vie extérieure, voire en la fuyant. Certaines spiritualités chrétiennes ont été dans ce sens, jusqu’à l’hérésie. D’autres sont plus modérées, mais certains chrétiens opposent tout de même les prières extérieures à la prière intérieure, et considèrent plus ou moins les premières comme une gêne, notamment la prière liturgique, le rite.
Or le rite est justement au service de l’unification entre intériorité et extériorité. Le rite est là pour aider la prière, et non pour être un frein. À ce propos, St Benoît a un aphorisme, que l’on trouve déjà chez Augustin. Il demande à ce que les frères se tiennent à l’office de manière à ce que notre cœur corresponde à ce que disent nos lèvres. On a résumé cela dans la formule latine courte « mens concordet voci ». L’expression paraît curieuse à beaucoup de personnes qui essaient plutôt d’être « authentiques », « sincères », etc, en disant avec leurs lèvres ce qu’elles ont dans le cœur. Benoît, et en fait la liturgie, propose le chemin inverse : que l’intérieur corresponde à l’extérieur. La prière de l’Église offre un cadre dans lequel nous sommes appelés à entrer, non par contrainte, mais de bon cœur, en toute liberté de cœur. La liturgie est formatrice, éducatrice. Elle est une école de prière, la première école de prière.
C’est à propos du chant des psaumes que Benoît demande aux moines de faire correspondre leurs cœurs à ce qu’ils chantent. Les psaumes, et autres cantiques bibliques, mettent sur nos lèvres les justes paroles, des paroles que l’on n’oserait parfois même pas prier, et pourtant qui traduisent bien ce que nous pouvons avoir au fond de nos cœurs, même si nous n’arrivons pas à nous l’avouer. Les chrétiens ont assumé cet héritage juif de la prière des psaumes parce qu’ils ont été la prière de Jésus lui-même. Ils ont assumé aussi la liturgie de la Parole, parce qu’elle a été la manière de Jésus aussi. Mais ils n’ont pas assumé l’économie sacrificielle du Temple, car Jésus a transmis autre chose, un autre rite : « faites cela en mémoire de moi ». Il est question d’un faire. Quel « faire » ? Ce « faire » a sans doute plusieurs sens. Il y a certes une action extérieure, concrète. Mais il y a certainement plus.

« Faire » et vivre le rite dans la foi

« Il prit le pain, rendit grâce, le rompit, le donna ». C’est très simple, c’est du concret. Parce que nous l’avons reçu du Christ, parce que cela nous a été transmis, nous allons le faire dans la foi. Ce « faire dans la foi » a déjà deux niveaux pourrait-on dire. Le premier est que ce soit animé par la foi. Nous passons tous par là. Quand je dis « animé par la foi », j’entends que le rite (ou les rites) est quelque chose d’extérieur auquel on joint un acte de foi. Il y a une superposition des gestes et de ce que l’on croit, sans faire complètement de lien. C’est souvent ce qui se passe quand on est enfant, et parfois on reste enfant dans la foi assez longtemps, éventuellement toute sa vie. Et même, ce fut une coutume commune pour les laïcs pendant des siècles de vivre ainsi la liturgie. Car ils ne voyaient à peu près rien, n’entendaient guère plus, et de toute façon ne pouvaient pas comprendre la langue employée ni lire une traduction. L’acte de foi s’est greffé sur certains moments, notamment l’élévation après la consécration, ou la communion pour les plus pieux. Mais elle a été désaffectée très tôt. À côté du rite, pendant le rite, ils faisaient un acte de foi, priaient de leur côté. Le rite était juste un moment propice pour cela.
Il y a une autre manière de vivre le rite. On peut le vivre comme une expression de la foi. La parole et le geste lui-même sont alors la foi rendue visible, un langage de l’Église, un langage que je suis invité à faire mien. Quand l’appropriation est faite, il n’y a plus seulement la mise en pratique de caractéristiques de la vie chrétienne, ce qu’il faut faire, mais leur appropriation consciente, comprise, assumée, adulte. Le rite devient vraiment le culte spirituel dont parle St Paul en Rm 12, 1, ou l’adoration en esprit et en vérité de Jn 4,23. La liturgie est faite non seulement pour être animée par la foi, mais pour être expression de la foi, de la relation vivante et directe au Père par le Christ. La foi qui s’exprime est autant celle de l’Église que ma foi personnelle. Il y a là un espace de conversion et de progression.

Rassemblés par l’action commune

Autre aspect du rite, non moins important : il nous fait vivre quelque chose ensemble. Le rite est au service de l’harmonisation des intériorités pour passer d’intériorités individuelles à une intériorité communautaire. Cela permet de vraiment faire corps, de devenir le Corps du Christ.
Le chant est un lieu privilégié où la gerbe se noue. Il naît d’un texte, porteur de sens. Et il se place à un certain moment de l’action liturgique. Par son harmonie, il conduit à vivre ce texte et ce moment, en prenant le corps tout entier du chrétien et de la communauté. Une chose est de dire « louons » ou « louez », et une autre de le faire, de dire la gloire de Dieu ensemble, de la chanter d’un même cœur. La louange dit la foi et la fait vivre. En faisant mémoire, elle célèbre et annonce. Et cela devient une réalité totalisante dans l’expression lyrique. Il y a une connaissance charnelle de Dieu, une expérience de Dieu, parce que Dieu s’est fait chair.

Le rite et les rites

Vivre le rite, vivre du rite

L’Église nous invite non seulement à vivre le rite, mais aussi vivre DU rite. Le vivre et en vivre : beaucoup de querelles inutiles seraient sans doute évitées si nous nous efforcions de pénétrer le rite de manière à en vivre. Les gestes eux-mêmes ont du sens. Le fait de les poser a du sens. Ils sont là pour nous introduire dans la relation. Ce n’est pas une question d’étiquette comme dans un cérémonial de cour. Dans ce cas, on accomplit quelque chose d’extérieur auquel on donne un sens qui n’est pas intrinsèque. On marque une situation particulière par un décorum qui en soi n’a pas de sens particulier. Le Seigneur ne nous a pas laissé des gestes superficiels, mais des gestes essentiels, des gestes porteurs de sens. Et nous devons sans cesse renouveler l’effort de pénétrer le sens des gestes pour les vivre mieux, pour vraiment en vivre. Les gestes que pose le prêtre – malheureusement parfois assez mal – sont pour l’Église, pour que chacun puisse y communier.

Accomplir avec beauté

Il y a bien sûr une hiérarchie dans les gestes et les rites. Tous n’ont pas la même importance. Certains sont structurels et hautement parlant (les grandes parties de la messe). D’autres découlent de ces rites principaux (Credo, Prière universelle) complètent, enrichissent, font le lien, conduisent d’un rite essentiel à l’autre ou les préparent (Notre Père, échange de Paix). D’autres enfin sont des manières de faire non essentielles, ou peuvent avoir une raison pratique (encensement, lavabo).
Pour exécuter les rites, le Concile Vatican II a parlé de « noble simplicité ». La beauté devrait être essentielle au rite. Bien malheureusement, on tombe trop souvent dans la banalité. Soit par manque de formation. Soit par une formation simplement théorique et non pas pratique. Soit par manque de sensibilité, de sens du beau. Il faut un certain sens artistique pour accomplir bellement un rite. Sans tomber néanmoins dans l’esthétisme. Le chant, la décoration, mais aussi la lecture, les gestes, la place du silence, etc., relèvent aussi de la technique artistique.
Tout cela dépend du prêtre qui préside, de l’assemblée qui célèbre, du cérémoniaire s’il y en a un, des acteurs qui ont préparé, des chantres, des servants d’autel, etc. Tout est au service de l’acte de foi que chacun est appelé, invité à poser. C’est ça le plus important : à un moment de la célébration, renouveler son adhésion au Christ et à son mystère.
Cela prend concrètement de laisser le temps et l’espace du déploiement et de l’intériorisation. Une lecture mal lue, trop vite, sans articuler, avec une mauvaise sonorisation, et sans silence après, ne laisse concrètement pas beaucoup de chance à l’acte de foi d’être posé. Pour peu que l’on soit mal installé et que l’on ait froid ou chaud, c’est fichu, à moins d’être un saint. Ou les oraisons : comment faire en sorte que l’oraison proclamée par le président au nom de tous et pour tous soit effectivement écoutée, assumée et intériorisée par tous ? Il y a quelque chose qui dépend de l’investissement personnel de celui qui écoute, mais aussi une partie qui dépend de celui qui préside, de la manière dont il proclame, et surtout peut-être dont il vit l’oraison.

Le rite et la vie

Continuer l’exercice dans la vie

La messe termine par « allez dans la paix du Christ » et on ajoute éventuellement « et glorifiez Dieu par votre vie ». Le rite n’a pas sa fin en lui-même. On y arrive avec toute sa vie, toute sa personne que l’on apporte en offrande. On en repart pour accomplir dans le quotidien, avec nos petits moyens, ce qui a été vécu en plénitude dans le rite. Le passage de l’extérieur à l’intérieur ne doit pas s’arrêter à la fin de la messe : on est appelé à vivre plus à l’intérieur de soi. Le rassemblement accompli à la messe ne doit pas se limiter au moment de la célébration : la proximité du Christ et du Père doit nous rapprocher de nos frères humains. La Parole de Dieu entendue est à vivre et à répercuter, à proclamer.
Le rite est comme un exercice à mettre en pratique dans la vie. La liturgie est le lieu d’une révélation, une révélation actuelle. C’est le moment de la Révélation qui advient pour nous dans le rite sacramentel. Répétons-le-nous : la Révélation n’est pas un fait du passé, même si l’on reçoit aussi le témoignage du passé. Dieu se révèle à nous aujourd’hui. Il veut une rencontre personnelle actuelle. Et cela se continue dans la vie. La relation à Dieu ne s’arrête pas à la fin de la messe. Elle se noue durant le rite pour se continuer durant la vie. Comme un moment familial fort qui renforce les liens.

Un guide pour la vie de foi

La célébration liturgique est donc un guide pour la vie de foi. Elle donne un cadre de mots et de gestes. Mais ce cadre n’est évidemment pas suffisant. Il ne fait rien tout seul. Un cadre est à habiter, dans un consentement à ce qui se passe. Pour qu’il contribue à l’unification de l’existence, il s’agit de donner forme au vécu, et de donner vie à la forme. Cela a pour conséquence qu’il n’y a pas seulement à faire un truc, mais à bien faire ce qui est à faire. Dans ce « bien » il ne s’agit pas d’une esthétique sophistiquée, mais ce qu’on y met de soi, la plénitude personnalisée de l’action. La « participation active » (expression du pape St Pie X reprise par le Concile Vatican II) n’est pas seulement une fonction dans l’accomplissement du rite. C’est un appel à engager tout son être, extérieur et surtout intérieur, dans l’action liturgique.
Tout cela est très délicat, une délicatesse relationnelle. Le point de discernement est l’amour du Christ et de ses frères : le Christ que l’on célèbre, et les frères avec qui on le célèbre. Ces frères sont ma communauté concrète (quelle qu’elle soit), mais aussi toute l’Église. Suivre la norme offerte par l’Église, c’est intégrer, s’approprier l’altérité. Habiter la norme de son génie personnel, ou plutôt du génie personnel de la communauté célébrante, c’est faire jouer la complémentarité source de fécondité. C’est le jeu de l’inculturation nécessaire à toute norme pour qu’elle devienne vivante, et d’où précisément elle jaillit de nouveau. La diversité devient équilibrante si elle est vécue dans la charité, toute diversité, notamment celle fondamentale du masculin et du féminin, car les frères sont aussi des sœurs.

Lieu et temps de l’unification

Le culte est une manière d’exprimer sa foi. Une des manières, qui est aussi une forme de vie, ou une des formes de la vie chrétienne. Cette forme peut en venir à prendre beaucoup de place, comme dans notre vie religieuse et en particulier monastique. Mais ce n’est heureusement pas réservé à la vie religieuse. Il y a quelque chose de particulier au culte, c’est l’aspect communautaire, fondamentalement chrétien. Il permet une mise ensemble des intériorités, car il procède d’une telle mise en commun.
Au cœur de la foi il y a la relation vivante, personnelle et ecclésiale, au Christ et au mystère pascal de sa mort, sa résurrection et son ascension à la droite du Père. Il y a la gratitude envers Dieu pour son Salut et la présence parmi nous du Ressuscité qui continue dans tous les temps cette œuvre de Salut. Le Christ vivant en moi me fait bouger. L’Esprit Saint me prend dans toute ma personne, il vient me mouvoir de l’intérieur, dans tout ce qui me constitue. L’expression de ma foi, de ma relation au Christ devrait donc prendre chair de ma vie concrète et dans ma vie concrète, de ma culture et dans ma culture, de mon langage et dans mon langage.
Le mystère célébré dans le rite puis vécu dans le quotidien participe de l’unité de vie, de l’unification de la vie. La forme – au sens fort, la forme intérieure – de la liturgie est immuable, mais la matière est changeante en fonction de la culture. La crèche est toujours la crèche, qu’elle soit provençale, napolitaine, sub-saharienne ou extrême-orientale. La matière diffère, mais la forme est la même, le sens est commun : Dieu s’est incarné dans l’histoire et la vie du peuple juif à un moment particulier, il vient aussi dans ma vie, là où j’en suis, dans ma propre culture, pour me mener à lui.

21e semaine : Scandaleux Évangile

21e dimanche ordinaire B :
Jean 6, 60-69

À partir de ce moment, beaucoup de ses disciples s’en retournèrent et cessèrent de l’accompagner.

Jésus fait scandale. La Bonne Nouvelle d’un Dieu qui se fait proche jusqu’à s’offrir en nourriture fait scandale. L’Eucharistie est scandaleuse. Et cela encore de nos jours. Elle est une sorte de pierre d’achoppement. Elle est folie d’amour qui accule à avoir foi pour être reçue, pour être suivie, pour devenir Parole de Vie.
Cette désertion des disciples de Jésus : un échec dans sa vie ? La désertion des chrétiens dans nos pays occidentaux, la montée de l’athéisme : un échec de l’Église ? Tant de « croyants non pratiquants » : un échec de la stratégie divine de l’Eucharistie ?
La réponse à ces questions appartient à Dieu seul. Personne ne peut venir à Jésus si le don de la foi n’est pas reçu du Père. À lui il revient de juger de l’ouverture du cœur, de l’intimité de la relation et des moyens de la nouer et de la faire grandir. L’évangélisation n’est pas une question de « pub », même s’il faut aider à aimer la vérité en la faisant connaître.
Quant à nous, la question qui nous concerne est par contre celle-ci : « Voulez-vous partir, vous aussi ? »
Que répondrons-nous ? Comment nous positionnerons-nous face au Christ et à l’Eucharistie ?

Prière universelle :

PU 21e dimanche ordinaire B

Une méditation en trois questions…
… pour les grands et les petits !

Accueillir l’Évangile :

Que dit Jésus de la foi ?

Comprendre sa foi :

Selon cet évangile, faut-il savoir pour croire, ou croire pour savoir ?

Vivre avec Jésus :

Est-ce que j’écoute la parole de Jésus comme une source de vie éternelle ?

20e semaine : Chair donnée, Vie transmise

20e dimanche ordinaire B :
Jean 6, 51-58

Celui qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi, et moi, je demeure en lui.

Prenons-nous parfois le temps de méditer vraiment sur ce qui se passe à l’Eucharistie ? Jamais assez. Elle risque toujours de devenir une chose normale pour le chrétien. Et pourtant : peut-on vraiment s’habituer à manger la chair du Christ et à boire son sang ? Peut-on s’habituer à penser que Dieu vient demeurer en nous et nous en Dieu ?
Mystérieux et ineffable échange : l’infiniment grand se donne à manger au tout petit, le Créateur à sa créature. Celui qui consomme prend vie de celui qui est consommé. Le mortel est invité à donner son peu d’existence au Vivant, non pour un engloutissement, mais pour une divinisation.
En recevant la chair du Christ dans le Sacrement, nous devenons chair du Christ dans l’Église. De même que le Christ a été envoyé par le Père dans notre chair, de même le chrétien devient chair du Ressuscité, envoyé pour le monde pour transmettre la Vie de Dieu. De même que Jésus offre la vraie nourriture qu’il est lui-même, de même la Vie nous pousse à donner notre vie les uns pour les autres. Nous pouvons nous aussi offrir notre chair dans le travail de nos mains et la sueur de nos fronts. Ainsi notre vie peut devenir Eucharistie.

Prière universelle :

PU 20e dimanche ordinaire B

Une méditation en trois questions…
… pour les grands et les petits !

Accueillir l’Évangile :

Comment Jésus explique-t-il son expression « pain vivant » ?

Comprendre sa foi :

Que veut dire « vivre par le Christ » ?

Vivre avec Jésus :

En quoi ce passage d’Évangile me fait-il mieux comprendre l’Eucharistie ? Me permet-il de mieux la vivre ?