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La présence du mal dans notre vie est un fait indubitable. Si nous ne nous en rendons pas compte, ou si nous ne voulons pas nous en rendre compte, d’autres se chargent parfois de nous le faire remarquer d’une manière ou d’une autre…
Nous faisons mal aux autres et mal à nous-mêmes, parce que nous nous éloignons de Dieu. Ceci arrive en dépit de notre baptême, de notre engagement dans la vie humaine et chrétienne, de notre désir de faire le bien. Notre nature humaine est malade, faible, inclinée au péché. Plus on désire faire le bien, plus on voit le mal qui est en soi et qui nous sépare du bien.
Dans la vie à la suite du Christ, la vie de baptisé(e), nous avons de la chance : le Christ a pensé à tout pour que nous puissions être délivrés du mal ! Il nous a laissé différents moyens pour nous sauver du mal, pour nous guérir, afin que nous puissions être heureux tous ensemble. Parmi ces moyens, il y a un sacrement de guérison qui porte 5 noms (CEC 1423.1424) : conversion, pénitence, confession, pardon, réconciliation. Allons à sa découverte à la suite du Catéchisme.
Sacrement de la conversion
Ce sacrement réalise l’appel de Jésus à la conversion : on prend la ferme décision de se détourner du mal, et de se retourner vers le bien, vers Dieu. On décide d’aimer Dieu qui nous a aimé le premier, et d’aimer nos frères, parce que nous sommes aimés de Dieu. On regrette ses péchés, on est peiné par le mal qu’on a laissé entrer dans sa vie.
Ce sacrement a donc une grande importance pour la vie spirituelle, car il nous permet de faire le point sur ce qui ne va pas bien dans notre relation à Dieu et à nos frères. Ceci ouvre une voie de guérison et de libération de notre capacité d’aimer.
Il permet aussi d’éclairer et d’éduquer petit à petit notre conscience. Relire notre vie à la lumière de ce que nous dit notre conscience, en parler avec un prêtre, permet de devenir plus sensible aux choses qui ne vont pas, à nos faiblesses. Alors on peut demander au Christ la guérison, et ensuite faire plus attention pour les corriger peu à peu.
Un exemple type de la conversion est donné par Zachée, le publicain (Lc 19, 1-10). Il va à Jésus, cherche à le voir, même si c’est de loin, et rien qu’en le rencontrant il se convertit. Jésus ne lui dit rien, il le considère juste comme son ami, sans le juger, et cela suffit pour que Zachée décide d’abandonner ses actions mauvaises et de choisir de faire le bien.
Sacrement de Pénitence
La conversion intérieure du cœur pousse à l’expression de cette attitude par des signes visibles. Le choix de conversion peut se traduire par un acte pleinement humain, grâce à la démarche liturgique du sacrement. Le baptême est un acte de ce type, le sacrement de pénitence, qui régénère la grâce du baptême, en est un autre. C’est un acte non seulement intérieur, mais aussi extérieur.
Ce sacrement engage en effet tout notre être :
- être physique, puisqu’on se déplace,
- être psychologique, parce que c’est une démarche qui n’est facile pour personne : se reconnaître pauvre devant Dieu par l’intermédiaire d’un autre homme qui est pauvre lui aussi.
- être intellectuel et volontaire, c’est-à-dire libre, car il s’agit de reconnaître la vérité, de la regarder en face, et de l’assumer
- et enfin notre être spirituel, car on fait une démarche de foi, d’espérance et d’amour qui nous dépasse.
En ce sens aussi, la petite pénitence concrète que donne le prêtre à la fin est importante. Elle permet d’incarner notre repentir par un acte de foi et d’amour qui vient réparer en nous (et dans les autres) ce que notre refus du bien a abîmé. Cet acte nous engage aussi tout entier.
Un exemple-type de la pénitence est donné par cette femme pécheresse qui va trouver Jésus et lui laver les pieds chez Simon le pharisien (Lc 7, 36-50). À son propos, Jésus dit à Simon : « il lui sera beaucoup pardonné, car elle a beaucoup aimé ». Elle ne dit pas son péché, elle ne fait qu’un geste de pénitence. Ce seul geste, si expressif, lui obtient le pardon.
Sacrement de la confession
Ce nom dit la part importante donnée à l’aveu de la ou des faute(s) dans le sacrement. Ce n’est pas facile, mais c’est beau. Même d’un point de vue simplement humain, cette confession nous libère et facilite notre réconciliation avec Dieu et avec les autres :
- c’est un acte de responsabilité, par lequel on assume son péché et par là on s’ouvre de nouveau à Dieu et à la communion de l’Église.
- c’est un acte de liberté vis-à-vis du péché : en disant ainsi son péché, on se rend compte qu’on ne se réduit pas à son péché, qu’on n’est pas dominé par lui, mais que la force nous est donnée pour le dominer, pour être libre par rapport à lui.
- c’est un acte d’humilité qui finalement procure une grande force car on devient responsable et libre en face de ce qui n’est pas beau en soi. Alors on peut changer.
Il convient de rappeler ici qu’il y a différents types de fautes. Il y a des fautes graves par lesquelles nous nous coupons de l’amour de Dieu, nous détruisons en nous le lien d’amour qui nous lie à Dieu. La gravité est déterminée par 3 critères : la gravité objective de l’acte commis ; la pleine conscience que cet acte est mal (on savait, et on se rend bien compte de ce qu’on a fait) ; et l’engagement de la liberté, le fait d’avoir choisi personnellement cet acte (on n’a pas été contraint par quelque cause extérieure). Pour faire un tel péché, il faut donc vraiment le vouloir. On appelle ces péchés « mortels » car par eux nous nous coupons librement de la source de la Vie qui est l’Amour, Dieu.
Et puis il y a des fautes qui ne sont pas graves en ce sens qu’elles ne détruisent pas l’amour en nous, elles le blessent seulement. Ces fautes quotidiennes, dues généralement à notre faiblesse, sont appelées « péchés véniels ». Elles ne réunissent pas les conditions énumérées : soit la chose n’est pas grave ; soit on ne savait pas, ou on ne se rendait pas compte que c’était un mal ; soit on n’était pas vraiment libre, on n’a pas réussi à résister jusqu’au bout à une pression intérieure ou extérieure.
Il est impossible de dire tous nos péchés. Il est particulièrement important de repérer et de dire les fautes graves. Ce qui est difficile, c’est de dire les péchés dont nous avons le plus honte. Mais la honte ou le sentiment de culpabilité ne sont pas les meilleurs guides. On peut être écrasé de culpabilité pour un péché objectivement pas très grave, et tolérer sans trop de problème des comportements radicalement mauvais. Par exemple les péchés d’ordre sexuel sont très culpabilisants, mais souvent ce sont des fautes de faiblesse dans lesquelles la volonté est très conditionnée et affaiblie. Des péchés plus graves comme l’orgueil, le mépris de Dieu (cf le serpent de la genèse qui dit que le commandement de Dieu est mensonger) ou de l’Église, ou la haine d’une personne, la méchanceté et la moquerie, peuvent être beaucoup plus graves, et aussi plus difficiles à voir, car ils nous aveuglent.
Le prêtre peut aider à faire un discernement grâce à son regard extérieur. Et même quelque fois c’est juste en disant un péché à haute voix que le travail de discernement se fait en nous : on se rend compte tout à coup de la vraie portée de ce qu’on a fait. En ce sens la présence du prêtre est importante, car on parle au Christ, mais on a aussi en face de soi un frère dans la foi, pécheur comme nous, qui aide à voir clair… et qui sait ce qu’il en coûte de se confesser.
Le prêtre est tenu au secret absolu du « sceau sacramentel », et il ne prend pas ça à la légère, car trahir ce secret serait un péché extrêmement grave. Il ne juge pas non plus et oublie vite ce qui a été dit. Les prêtres témoignent plutôt de l’admiration qu’ils ont pour les personnes qui regrettent leur péché et en demandent humblement pardon.
Il y a souvent des péchés pour lesquels on est obligé de demander pardon à chaque confession. C’est la loi du combat spirituel : nous ne nous convertissons pas en un seul jour. Mais au fur et à mesure que le temps avance, on constate qu’il y a des choses qui disparaissent pour laisser place à d’autres combats. La grâce de Dieu travaille ainsi. Il est important de ne pas cacher quelque chose qu’on devrait dire : ce serait un péché de plus, et le Seigneur ne pourrait pas nous en guérir, car il ne fait rien contre notre volonté.
Un exemple type de cette attitude est présentée par Jésus dans la parabole du pharisien et publicain au Temple (Lc 18, 9-14). Le publicain est loué d’avoir reconnu et confessé son péché, et pour cela il est justifié. Le pharisien qui a jugé le péché de l’autre sans reconnaître le sien propre n’est pas rendu juste.
Le sacrement du pardon
Ce qui est merveilleux dans ce sacrement, c’est que le pardon de Dieu n’est pas tant à la fin qu’au début. Nous venons recevoir, accueillir, un pardon qui nous est déjà donné, mais dont nous ne pouvons profiter si nous restons éloigné. Dieu est toujours prêt à renouer le lien. Il ne cesse de nous attendre, de nous appeler pour que nous revenions vers lui et entrions de nouveau dans une paisible communion avec lui.
On peut même dire que ce n’est qu’à partir de la contemplation de la bonté et de l’amour de Dieu qu’on peut se rendre compte de sa misère, et l’accepter. On peut se reconnaître pécheur car on se sait aimé de Dieu et pardonné de nos faiblesses, de nos lâchetés, de nos refus. Le Père ne nous réduit pas à notre péché, lui qui nous connaît mieux que nous ne nous connaissons nous-mêmes, puisqu’il nous a créés.
Ce pardon de Dieu, il est important de le recevoir par la bouche d’un prêtre. À ce moment le prêtre ne parle pas en son nom propre, mais au nom du Dieu Trinité. Ce n’est donc pas d’abord le prêtre qui parle, mais le Christ Parole de Dieu. De même donc qu’on avoue son péché avec tout son être, de même on reçoit le pardon de Dieu avec tout son être. Le Christ a voulu que son pardon soit incarné. C’est pour cela qu’il a confié aux apôtres le pouvoir de remettre les péchés. Le péché nous touche tout entier ; il est important que le pardon aussi nous touche tout entier.
Et puis on n’est jamais chrétien tout seul. De par notre baptême, nous sommes solidaires les uns des autres, car nous faisons partie du même Corps du Christ. Quand nous faisons le mal comme quand nous faisons le bien, les effets rejaillissent sur tout le Corps. Il est donc important que la conversion personnelle revête une forme communautaire. L’Église entière, par l’intermédiaire du prêtre, prie pour le pécheur, et lui accorde son pardon pour ce qui a été blessé. Personnellement, j’aime bien prier pour ceux qui se confessent.
Tout cela est merveilleusement illustré par la parabole dite du fils prodigue (Lc 15, 11-32). Ce fils prodigue revient à la maison parce qu’il connaît la bonté de son père. Le pardon de son père l’a précédé. Son père l’attend, va à sa rencontre lorsqu’il arrive, le fait entrer dans sa maison. Et de même pour l’aîné qui ne veut plus revenir : le père va à sa rencontre, l’invite à pardonner comme lui, et à entrer dans la joie de la communion familiale.
Le sacrement de la réconciliation
Le but, l’effet de ce sacrement, c’est la réconciliation avec Dieu. Lorsqu’on reçoit ce sacrement, on vit avec le Christ le mystère de la Croix et de la Résurrection qui réconcilient le monde avec Dieu. On vit donc une résurrection spirituelle, une restitution de la dignité d’enfant de Dieu. On reçoit de nouveau les biens attachés à cette dignité, à commencer par l’amitié avec Dieu.
Par la même occasion, il y a une réconciliation avec l’Église, avec tous nos frères et sœurs en Christ. C’est inséparable de la réconciliation avec Dieu. En effet, Dieu restaure ce qui a été abîmé par le péché non seulement chez celui qui se confesse mais aussi dans le Corps tout entier. Et le pécheur peut de nouveau profiter à plein des biens spirituels qui sont échangés dans l’Église. Un signe de cela est l’abstention de communion sacramentelle lorsqu’on sait avoir commis un péché mortel, et le retour à la communion sacramentelle après avoir reçu le sacrement de la réconciliation.
Tout cela aide à la réconciliation avec tous les hommes, et permet de repartir le cœur en paix (souvent de manière sentie) pour faire le bien. La petite pénitence permet de manifester la réconciliation et le désir de repartir dans l’amour. Quand on sait avoir été pardonné, on pardonne plus facilement, on aime plus facilement car on ne réduit pas les autres à leur péché, on se réconcilie plus facilement.
Un exemple-type dans les Évangiles est la réconciliation de Pierre avec Jésus suite au triple reniement (Jn 21, 15-19). Après la résurrection, dans un dialogue tout simple, Jésus invite Pierre à la réconciliation en lui faisant confesser son amour pour lui : « Pierre, m’aimes-tu ? » dit Jésus ; « Seigneur, tu sais tout, tu sais bien que je t’aime ! » réponds Pierre trois fois de suite.