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L’attente…
Comment s’appellera-t-il ? En cette fin d’après-midi du 6 août, la question est dans la tête de chacun des frères. Éric, notre postulant, prend l’habit monastique en ce jour de la Transfiguration (avouez que c’est bien choisi : revêtu d’un blanc éclatant en même temps que le Christ !) Il en profite pour changer de prénom, signe de la conversion profonde qu’il veut vivre continuellement à l’école de S. Benoît. Mais voilà, ce nouveau prénom est pour l’instant gardé secret. Il a été discuté entre le père abbé, le maître des novices et l’intéressé. Éric avait proposé deux prénoms (non révélés), s’en remettant au choix des « autorités »… Pour l’instant, rien n’a filtré. Toute la communauté attend avec impatience la nouvelle appellation contrôlée !
La petite cérémonie a lieu dans la vieille église au cours de l’office des vêpres. Cette simplicité rappelle qu’il ne s’agit que d’une étape et non d’un engagement. Autour d’Éric : quelques proches, tous ont les yeux bridés comme lui, ils comprennent tous le français, mais s’expriment plus volontiers en chinois. Ses grands-parents avaient quitté la Chine, et ses parents sont arrivés en France dans les années 1950-60 depuis le Vietnam et Taïwan. Il a grandi en France et aux États-Unis, mais sa langue maternelle est le chinois (le cantonnais plus exactement, si j’ai bien compris).
L’habit ne fait pas le moine ?
Depuis onze mois qu’il est parmi nous, Éric a montré qu’il veut vraiment adopter notre style de vie. Par un vote, la communauté s’est prononcée en faveur de ce premier pas qui est simplement une insertion plus visible dans la communauté par le port de l’habit. C’est connu « L’habit ne fait pas le moine », nous ajoutons volontiers : « mais il y contribue ». Il est une manifestation explicite de l’appartenance à la famille monastique et signe de consécration.
Après le chant des psaumes et une courte lecture, père Abbé, commentant l’événement de la Transfiguration, rappelle quelques aspects du symbole du vêtement : « Cet habit extérieur doit tendre à devenir de plus en plus intérieur ». Puis Éric est revêtu de l’habit blanc des moines olivétains (ça lui va bien !) La prière des vêpres continue, et ce n’est qu’à l’issue de l’office que l’insoutenable suspens prend fin : nous vivrons désormais avec frère Jérémie-Marie (tous, nous ajoutons Marie à notre prénom usuel ; dans la pratique, ce sera simplement frère Jérémie).
Délices d’Extrême-Orient
À la sortie de l’église, il est chaleureusement applaudi et embrassé. Puis vient le temps des agapes : la famille de frère Jérémie nous a préparé un apéritif chinois, accompagné de nems et autres délices d’Extrême-Orient. Il faut faire confiance : un liquide rose fluo, avec une forme blanchâtre reposant au fond du verre (un mollusque ? Un insecte ? Un fruit exotique ? La question reste ouverte, mais c’est bon !) Le lendemain, nous avons droit à un succulent repas chinois préparé par nos hôtes ; sur le menu : Canard landais transfiguré en canard laqué. Il fallait bien rétablir l’équilibre entre le yin et le yang : un Chinois venait d’être transfiguré en moine landais !