Ramure de chêne en hiver

(Re)découvrir le Carême



Temps estimé pour la lecture de cet article : 15 min

Pourquoi (re)découvrir le Carême ?

Découvrir ou redécouvrir le Carême, c’est se donner la chance de mieux le comprendre pour mieux le vivre. La célébration liturgique vient accompagner, guider la vie spirituelle du chrétien. Elle le conduit à faire l’expérience de la foi, l’expérience de l’union au Christ.
Comme toute la célébration liturgique de la vie du chrétien, le Carême a une histoire. Cette histoire se développe à partir du cœur de la foi, le mystère de la mort et de la résurrection du Christ. La célébration de ce mystère s’est progressivement enrichie.
Riche de toute une tradition, il ne nous reste plus qu’à nous approprier ce trésor pour tirer du neuf à partir de l’ancien. Le neuf, c’est le sens profond. L’ancien, c’est notre histoire, notre culture, nos racines familiales chrétiennes.

Le plus important : Pâques !

Dans le Carême, le plus important, c’est Pâques ! Pâques, c’est la célébration de la Passion et de la Résurrection du Christ, qui s’étend jusqu’à la Pentecôte. Pâques est le cœur de l’année chrétienne, car c’est la célébration du cœur de notre foi chrétienne. Les chrétiens sont invités à s’unir particulièrement au grand événement de leur salut qu’est le mystère pascal du Fils de Dieu fait homme : son passage par la mort, sa résurrection, son ascension auprès du Père dans la gloire, et le don de son Esprit Saint.
Il faut bien garder à l’esprit cette importance de Pâques pour aborder le Carême. Ce dernier lui est entièrement relatif. En effet, la célébration des événements importants se prépare. Donc les chrétiens ont très tôt voulu avoir un temps de préparation spirituelle à la grande fête de Pâques. Le Carême n’a donc de sens que par rapport à son but. Il doit être entièrement pénétré de la joie du désir spirituel (selon l’expression de St Benoît dans son chapitre sur le Carême) dans l’attente des célébrations pascales.

Le Carême ne date pas d’hier

Nous pouvons découvrir le Carême tout d’abord par un peu d’histoire… Car la prière de l’Église porte les marques de notre histoire de famille, l’histoire de la famille chrétienne. Se replonger dans ces racines donne du sens au présent. Ou du moins c’est un moyen d’enrichir le sens de ce qui nous est donné de vivre aujourd’hui, et auquel on ne fait peut-être plus attention.
Différentes composantes se sont combinées pour finalement constituer le Carême :

  • un temps de préparation à Pâques avec purification dans le jeûne
  • une préparation des catéchumènes qui devaient être baptisés à Pâques
  • un temps pour la réconciliation avec Dieu et avec les hommes

1/ Fêter Pâques en chrétiens

Dès la première génération apostolique, les chrétiens ont fêté la résurrection du Seigneur chaque premier jour de la semaine : on le constate dans les Actes des Apôtres (par ex. Ac 20, 7). C’est la base de la prière de l’Église, de la célébration du Christ ressuscité présent au milieu de nous. Ensuite, pour une grande part, les premiers chrétiens ont d’abord continué à prier comme les juifs, selon leur habitude, avec les fêtes de l’Histoire du Salut de l’Ancien Testament. Peu à peu ils ont compris de plus en plus en quoi le Christ avait tout accompli, et leurs célébrations ont pris leur indépendance.
La fête de Pâques existait dans la foi juive, et les chrétiens ont aussi continué à la célébrer en référence au Christ qui l’a totalement accomplie : « Purifiez-vous donc des vieux ferments, et vous serez une pâte nouvelle, vous qui êtes le pain de la Pâque, celui qui n’a pas fermenté. Car notre agneau pascal a été immolé : c’est le Christ. Ainsi, célébrons la Fête, non pas avec de vieux ferments, non pas avec ceux de la perversité et du vice, mais avec du pain non fermenté, celui de la droiture et de la vérité. » (1 Co 5, 7-8).
Pourtant la fête spécifiquement chrétienne, avec la commémoration préalable de la Passion du Christ, n’a commencé à être célébrée qu’au début du IIe siècle, voire à la fin de ce siècle comme à Rome. En Asie mineure (Turquie), et parfois ailleurs, on a d’abord gardé la date fixe de la fête juive (14 Nisan). En d’autres endroits, on a pris l’habitude de célébrer Pâques un dimanche, usage qui a globalement prévalu à partir du IIIe siècle.

2/ Un jeûne préparatoire… qui ne va jamais seul

Pour se « purifier des vieux ferments » selon l’expression de St Paul – qui fait référence aux pains sans levain de la Pâque juive – rien de mieux qu’un bon jeûne ! Très tôt, on a donc commencé à observer un jeûne absolu durant un ou deux jours avant la célébration du jour de Pâques. Puis un autre jeûne moins absolu s’est ajouté, différemment en fonction des régions. À Rome, on jeûnait durant la semaine précédant Pâques, en l’ouvrant avec une lecture de la Passion le dimanche. Puis c’est passé à trois semaines au IVe siècle : au lieu de jeûner seulement les mercredi, vendredi et samedi (coutume observée toute l’année sauf entre Pâques et Pentecôte), on jeûnait tous les jours de la semaine.
Il se trouve qu’en Égypte vers la fin du IIIe siècle, un jeûne de 40 jours faisait suite à l’Épiphanie, pour commémorer le temps du Christ au désert après son baptême (célébré à l’Épiphanie). Comme la fête de Pâques ne suivait pas de très loin la fin de ce jeûne, il prit bientôt la forme d’une préparation pénitentielle à la grande fête : on le déplaça un peu pour qu’il précède Pâques au lieu de suivre l’Épiphanie. Et cette tradition se répandit ailleurs.
Ce jeûne des 40 jours arriva donc à Rome entre 354 et 384. Il commençait alors le dimanche, six semaines avant Pâques. Mais comme on ne jeûne pas le dimanche, au VIe siècle, on recula la date de début au mercredi pour avoir une quarantaine de jours vraiment complète. Et ce mot de « quarantaine » donna son nom à cette période, traduite « Carême » en français moderne.
Depuis l’enseignement de Jésus durant le Sermon sur la montagne, le jeûne ne va pas tout seul. Il s’accompagne de la prière et de l’aumône (Mt 6, 1-18). C’est pourquoi durant ces semaines de préparation, on organisait des réunions de prière spéciales, avec écoute de la Parole de Dieu. On ne célébrait pas la messe en semaine au IVe siècle, cette coutume n’étant venue que progressivement, mais on se réunissait pour des liturgies de la Parole. Il y avait alors des homélies ou exhortations pour que le jeûne et la prière fleurissent en aumône. On le trouve par exemple dans les sermons du pape St Léon le grand (VIe siècle).

3/ La préparation des catéchumènes et des pénitents

L’organisation du Carême se stabilisant ainsi, on a jugé bon d’en faire un temps de préparation particulier pour les catéchumènes qui devaient être baptisés durant la sainte nuit de Pâques. On leur a donc aménagé des étapes. On célébrait ces « scrutins » les 3e, 4e et 5e dimanches de Carême. Et on lisait des évangiles qui, par leurs thèmes préparaient au baptême : la Samaritaine en Jn 4 (thème de l’eau vive), la guérison de l’aveugle-né en Jn 9 (l’illumination), et la résurrection de Lazare en Jn 11 (la vie éternelle). Ces évangiles étaient commentés, et servaient de base à une catéchèse préparatoire, qui n’était pas suivie que par les catéchumènes, mais ouverte à tous. Le Carême devint un temps favorable pour se replonger dans les bases de la foi.
D’autre part, en ces temps antiques, la confession individuelle n’existait pas. Il y avait des démarches de pénitence publique pour les fautes graves. On a mis la démarche finale à proximité de la fête de Pâque qui marque la purification de tous les péchés. Le Carême était un temps particulier de préparation à une démarche de réconciliation à laquelle on procédait le jeudi matin précédant le fête de Pâques. Ainsi le baptême se trouvait renouvelé, et on pouvait fêter la Passion et la Résurrection le cœur en paix. Cette coutume prit aussi racine et s’élargit à tous les chrétiens, car nous avons tous besoin de réconciliation avec Dieu et avec les hommes.

4/ Entrer dans le Carême : les cendres

D’où vient l’imposition des cendres ? Au VIe siècle, l’entrée en Carême a donc été fixée au mercredi. On ne sait pas comment ça se passait à cette époque. Par contre, au moins au VIIIe siècle à Rome, il y avait une procession avec le pape de l’église Ste Anastasie à la basilique Ste Sabine. On chantait alors une antienne faisant allusion au fait de se couvrir du sac et de la cendre, selon une expression connue de l’Ancien Testament pour manifester le deuil et la pénitence (par ex Jos 7, 6 ; 2 S 13, 19 ; Job 2, 12 et 42, 6 ; Ez 27, 30). Pour cette procession, on ne gardait alors que le sens spirituel, même si en privé les chrétiens des premiers siècles pratiquaient parfois ce type de pénitence en se revêtant effectivement de toile à sac et en se couvrant de cendres.
Au Xe siècle, dans les pays rhénans, on voulut concrétiser cette prière liturgique en une pratique. C’est ainsi que fut institué le rite de l’imposition des cendres avant la messe d’entrée en Carême. Cette pratique passa progressivement en Italie à partir du XIe siècle pour arriver finalement à une intégration complète dans la liturgie papale au XIIIe siècle. Jusqu’en 1970 la bénédiction et l’imposition des cendres avait lieu avant la messe. Depuis la réforme liturgique, ce rite a été intégré dans la messe comme rite pénitentiel en réponse à la liturgie de la Parole.

Célébrer et vivre le Carême aujourd’hui

1/ Le mercredi des cendres : début de retraite

Le Carême s’ouvre donc avec la liturgie du mercredi dit « des cendres » à cause du rite qui est proposé. La bénédiction et l’imposition des cendres a lieu au terme d’une liturgie de la Parole qui se prolonge généralement en Eucharistie, mais pas forcément. Le caractère pénitentiel de ce rite fait que la liturgie du jour n’en comporte pas au début, comme c’est ordinairement le cas pour la messe. Donc on ne récite pas le « je confesse à Dieu », et l’on ne chante pas de kyrie. On passe directement du dialogue d’accueil à l’oraison dite « collecte », puis aux lectures de la Parole de Dieu.
Les lectures de ce jour manifestent le sens du Carême. Ou plutôt elles lancent la démarche de retour à Dieu pour préparer l’avènement du Salut à Pâques. Joël 2, 12-18 appelle à la pénitence ; 2 Co 5, 20 – 6, 2 appelle à la réconciliation avec Dieu, qui est but de la pénitence, et qui ouvre à accueillir son amour « jusqu’au bout » au moment de la Passion. Enfin l’Évangile selon St Matthieu 6, 1-18 donne les moyens concrets traditionnels pour s’ouvrir à Dieu.
Le rite de l’imposition des cendres vient en réponse à ces appels. Au moment de les mettre sur le front, celui qui préside la cérémonie a le choix entre deux formules bibliques, l’une plus concrète et l’autre plus spirituelle :

  • « Souviens-toi que tu es poussière et que tu retourneras en poussière » (Gn 3, 19)
  • « Convertissez-vous et croyez à l’Évangile » (Mc 1, 15)

Ces deux formules se complètent et veulent inviter à la juste attitude devant Dieu et devant les hommes : l’humilité et la conversion du péché qui nous a détournés de Dieu et privés de la Vie.

2/ Le pain de la Parole : lectures bibliques du Carême

On peut découvrir le Carême à travers les lectures bibliques de la liturgie. Elles sont faites pour constituer une préparation à Pâques. Elles nous conduisent et nous encouragent au renouvellement de l’alliance baptismale avec le Seigneur. On reste dans le même mouvement que les siècles précédents, de préparation baptismale et de pénitence. Il y a eu néanmoins un enrichissement, une diversification des lectures.

L’évangile des deux premiers dimanches

Les lectures évangéliques traditionnelles des deux premiers dimanches sont celles des tentations de Jésus au désert et de la transfiguration. Elles nous mettent face à la vraie humanité et la pleine divinité du Fils de Dieu.
Les tentations au désert nous montrent qu’il est vraiment homme, éprouvé comme nous. Il est tenté d’accomplir sa vocation de messie selon les critères de l’homme pécheur, et non dans l’obéissance à son Père et dans la logique de son amour. Il rejette la proposition d’une facilité superficielle et mensongère. Jésus choisit la voie difficile, aride, humble, de notre humanité commune. Cet épisode nous prépare donc d’une part à ne pas être étonnés que Jésus aille jusqu’au bout de notre humanité dans sa Passion et sa mort sur la Croix, et d’autre part à nous rappeler et nous certifier que c’est bien notre humanité avec sa faiblesse qui est ressuscitée avec lui.
Quant à la transfiguration, elle est pour les disciples un encouragement à tenir dans la foi lors de l’épreuve de la passion, et en particulier de son agonie, et déjà une annonce de la victoire du Christ sur la mort par sa résurrection.

Les évangiles des dimanches suivants

Les lectures évangéliques des dimanches suivants proposent trois cursus, en fonction des années, avec trois grands thèmes. Le cursus de l’année A reprend le thème de la préparation baptismale, déjà évoqué, avec les passages d’évangile de la préparation des catéchumènes dans l’Antiquité.
Le cursus de l’année B a pour thème l’annonce de l’exaltation du Christ par son élévation sur la croix. Cela prépare à la célébration de notre Salut. Le 3e dimanche, c’est l’annonce de la mort et de la résurrection du vrai Temple qu’est le Christ avec les vendeurs chassés du Temple (Jn 2, 13-25). Le 4e dimanche, le signe du serpent de bronze élevé au désert vers lequel on regarde pour être guéri préfigure le Christ élevé sur la Croix (Jn 3, 14-21). Le 5e dimanche, l’annonce explicite de la Passion par le Christ lorsque des grecs demandent à le voir et que la voix du Père se fait entendre (Jn 12, 20-33).
Enfin, le cursus de l’année C donne à entendre des paraboles de la miséricorde du Seigneur. Cela accompagne la démarche pénitentielle. Le 3e dimanche, la parabole du figuier stérile auquel on accorde encore une chance de porter du fruit (Lc 13, 1-9). Le 4e dimanche, la parabole dite du fils prodigue, mais surtout du père qui aime ses deux fils (Lc 15, 1-32). Et le 5e dimanche, l’histoire de la femme adultère que Jésus ne condamne pas (Jn 8, 1-11).

Première et seconde lectures

La première lecture, de l’Ancien Testament, suit une autre logique. Chaque dimanche présente une étape importante de la préparation lointaine de la Pâque du Christ : un récit des origines ; Abraham ; Moïse ; le peuple d’Israël sur la Terre Sainte ; et enfin les Prophètes.
Quant à la deuxième lecture, elle accompagne et explicite soit la première lecture, soit l’Évangile. Soyez attentifs !

3/ En pratique : prière, jeûne et aumône au XXIe siècle

Re-découvrir le Carême, c’est aussi revisiter l’agir concret. La lecture du Sermon sur la montagne dans l’Évangile selon St Matthieu 6, 1-18 le mercredi des cendres donne les grands moyens pour conformer sa vie à la Parole du Christ. Ils restent entièrement valables au XXIe siècle pour de se relancer dans la vie chrétienne. Ces moyens ont été vécus différemment selon les époques, et la nôtre a sa mentalité et ses défis particuliers. On résume parfois le Carême à une période où l’on « fait des efforts », sans peut-être voir d’autre but que l’effort lui-même. Il serait bon de lire ces pratiques traditionnelles au prisme des relations fondamentales : relation à Dieu (prière), à soi (jeûne), aux autres (aumône).

Prière

Pour ce qui est de la prière, le Christ déplace notre regard de la quantité à la qualité. De fait, la tentation de remplir une performance de quantité, de faire son devoir, de remplir une mesure, est toujours plus ou moins là. Or il s’agit surtout de vivre une relation dans la fidélité, et donc de la nourrir, ce qui est beaucoup plus exigeant. Dans un monde où tout va vite, et où tout se commercialise, y compris les relations, prier nécessite de s’arrêter pour prendre le temps d’une relation gratuite avec Dieu. S’arrêter pour prier est déjà un premier défi… C’est remettre Dieu à la première place pour s’engager à sa suite, à son école, et à son service. C’est-à-dire devenir disciple. La gratuité est un second défi. Il s’agit de se mettre à l’écoute du Seigneur, de sa Parole, plutôt que de lui demander tout de suite des choses.

Le jeûne

Le jeûne entraîne à un rapport à soi juste et humble. On ne consomme pas trop, on fait l’expérience de ses limites. Cette pratique du jeûne a aussi ses points délicats, ses risques de déséquilibres. D’un exercice de maîtrise de soi, il a laissé parfois place au mépris de la chair accompagné d’une approche et d’une pratique morbide du jeûne : se faire souffrir parce que ça ferait plaisir à Dieu. Ou alors au contraire on en a fait un championnat de puissance qui est exaltation des possibilités du corps : voyez la maîtrise que j’arrive à avoir ! Or la pratique de conversion doit être humblement au service de la vie, et non contre la vie. Encore faut-il discerner en quoi consiste la vraie vie. La psychologie moderne peut aider à éviter les mauvaises voies. Pratiquer un jeûne équilibré met face à soi et à son rapport à la consommation. Cela touche notre relation au monde.
La privation de nourriture est-elle le meilleur moyen, le moyen opportun pour moi, de remettre en place mon rapport à moi et au monde ? Créer un espace en soi pour s’ouvrir à soi, à Dieu, aux autres, passe par d’autres exercices que la privation de nourriture. Énormément d’autres choses sont consommées aujourd’hui et créent des besoins : multiplicité d’images sur les écrans, communication superficielle sur les réseaux sociaux, musique (ou bruit) permanente, recherche de nouvelles en tous genres, activisme, divertissement, achats superflus, et bien d’autres addictions liées notamment au corps.

L’aumône

L’aumône touche notre rapport aux autres dans une dynamique de don, de service. Elle est souvent considérée d’abord comme la pratique de donner ses biens, de les partager avec d’autres. On épargne de ses besoins superflus pour donner aux plus nécessiteux. C’est bien, et très important en ces temps où l’argent est extrêmement présent dans les relations sociales. Car il crée de vrais murs entre les personnes. Il y a effectivement des pauvres qui ont besoin de l’aide matérielle des plus riches. Et les riches ont besoin d’ouvrir leur portefeuille pour apprendre à ouvrir leur cœur.
Mais il est tout de même plus important d’ouvrir son cœur. C’est ça qui fait du bien, c’est ça qui fait progresser l’amour, la paix, la justice autour de soi. Et quand le cœur est ouvert, le portefeuille suit généralement !
Cependant, l’aumône consiste aussi en d’autres « œuvres de miséricorde ». Elle est s’épanouit en d’autres services aux autres, justement parce qu’il s’agit d’aimer, d’ouvrir son cœur. Et l’amour est inventif. Il y a de multiples manières de se donner par amour. Ouverture aux autres avec un sourire ou une parole gentille, attention offerte, service rendu, écoute accordée, etc. Il en faut parfois peu pour rendre les autres plus heureux.

4/ Vivre la réconciliation

Re-découvrir le Carême, pour renouveler nos promesses baptismales, c’est enfin retrouver la dimension de pénitence. Parce que nous ne sommes pas toujours fidèles ces promesses, l’Esprit Saint et l’Église nous donnent cette occasion annuelle pour faire le point et avancer dans une démarche de réconciliation.
Il est bon de se réconcilier avec le Seigneur en préparation de la célébration pascale. Et pour cela l’Église propose de s’approcher du sacrement de la guérison spirituelle (Cinq noms pour une guérison). On peut aller demander pardon pour ses misères, ses mauvais choix, ses refus, ses lenteurs, ses pas de travers, ses limites. Bref, faire un grand ménage de printemps à l’intérieur du cœur.
Cette démarche permet aussi une réconciliation avec soi-même. En se retrouvant pauvre mais infiniment aimé par Dieu, on entre dans un chemin d’acceptation. Et c’est libérant.
Renouer le lien avec Dieu et avec soi-même conduit aussi souvent à la réconciliation avec les autres. On retrouve des relations plus saines et plus saintes. Le cœur s’ouvre pour aimer mieux de nouveau. Le Carême peut opportunément être un temps pour aller vers les autres, s’ouvrir, se laisser renouveler dans l’amour.

Alors : bonne route vers Pâques !

En ces jours, ajoutons quelque chose à la mesure habituelle de notre service, prières spéciales, restriction dans les nourritures ou la boisson, de manière à ce que chacun offre à Dieu de sa propre volonté, avec la joie du Saint Esprit, quelque chose en plus de sa mesure habituelle, […] et attende la sainte Pâque avec la joie du désir spirituel.

Règle de St Benoît 49, 5-7