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Honneur à Saint Bernard Tolomei et ses compagnons !
Au mois d’avril dernier, une nouvelle œuvre d’art a été installée dans notre église-sanctuaire de Maylis. Il s’agit d’un retable en l’honneur de St Bernard Tolomei et de ses deux compagnons, Patrizio Patrizi et Ambroggio Piccolomini, fondateurs des bénédictins olivétains. Nous désirons ainsi honorer nos origines monastiques, et faire connaître et aimer la figure simple et attachante de notre fondateur.
Les statues des fondateurs
Au centre du retable se trouvent les statues des trois inséparables fondateurs de notre famille monastique. Saint Bernard se tient au milieu, mis en valeur et entouré de ses deux compagnons. Tous les trois sont souriants et leur unité est marquée par un jeu dans les regards et dans les mains. Ils semblent se compléter pour adresser ensemble au spectateur le message de notre vocation bénédictine olivétaine.
Saint Bernard Tolomei
Saint Bernard a le regard vers le haut et vers sa droite (donc la gauche pour le spectateur), comme en contemplation. Il est tourné d’une part vers l’échelle qu’il a vue se dresser vers le ciel, et sur laquelle montaient des moines vers le Christ et la Vierge, vêtus de blanc, trônant au Ciel. D’autre part son regard se porte vers le bas-relief qui représente l’ultime accomplissement du don de sa vie à ses frères, son martyre d’amour à Sienne lors de la Grande Peste. Sa main droite est sur son cœur, image du Coeur doux et humble du Christ célébré par les vitraux de la chapelle, source du don total de sa vie, ainsi que de la communion entre ses frères. Sa main gauche est tendue vers le visiteur, comme pour l’accueillir, et l’inviter à aimer en donnant sa vie.
Ambrogio Piccolomini
En quittant le regard et les mains de Bernard, on arrive à Ambrogio, sur la gauche. Il tient d’une main un rameau d’olivier et de l’autre désigne le sol. Il nous rappelle très concrètement que le moine est un homme enraciné dans une terre, en l’occurrence celle du Monte Oliveto, et qu’il vit du travail de ses mains, comme le recommande la Règle de Saint Benoît. Cette Règle est tenue par son frère Patrizio, vers qui le regard d’Ambrogio est tourné, nous invitant à rendre visite au troisième compagnon.
Patrizio Patrizi
Patrizio regarde le visiteur presque les yeux dans les yeux, comme pour l’attirer au cœur de notre vocation : la vie de prière en communauté. Ses mains jointes sont en effet sans équivoque dans leur invitation, et la Règle qu’il porte au bras, serrée sur son cœur, rappelle que les compagnons ont choisi pour guide le Père des moines d’Occident.
Les bas-reliefs
Autour des statues, les bas-reliefs rappellent quelques unes des étapes principales de la vie de St Bernard, inséparables de la fondation de l’abbaye de Monte Oliveto (Toscane – Italie) avec ses compagnons.
Naissance et jeunesse à Sienne
1272. Giovanni Tolomei naît à Sienne, dans la noble et célèbre famille de banquiers et de juristes. Il est représenté dans sa blanche robe baptismale, dont son habit monastique sera le signe bien plus tard. Il grandit dans cette ville, et on le voit ici en compagnie de ses deux amis devant une évocation de la ville librement inspirée de la fresque du Bon Gouvernement peinte par Ambroggio Lorenzetti (1306-1344), contemporain de nos fondateurs, au Palazzo pubblico de la ville de Sienne.
Le retrait à Acona
1313. À l’âge de 41 ans, Giovanni, se retire avec ses compagnons dans une propriété familiale afin d’y mener une vie de recherche de Dieu dans la prière. Les nobles siennois ont quitté leurs habits fins aux couleurs chatoyantes pour des tuniques en étoffe grossière. Ils s’efforcent de travailler la terre. Certains remarqueront peut-être une étrange ressemblance avec les moines de Maylis cultivant la fameuse Plante de Maylis…
La prise d’habit
1319. Le 26 mars, solennité de l’Annonciation cette année-là, les compagnons choisissent officiellement Saint Benoît comme guide, et reçoivent sa Règle des moines des mains de l’évêque d’Arezzo. Ce dernier confie à un abbé bénédictin la tâche de recevoir leurs vœux monastique et de leur remettre l’habit blanc, dans la cathédrale, au pied d’un crucifix que l’on a encore. Giovanni reçoit le nom de Bernard.
La première pierre du monastère
1319. Quelques jours plus tard, le 1er avril, pour la solennité des Rameaux, l’évêque vient lui-même poser la première pierre du monastère, au milieu des oliviers et des cyprès. Divers privilèges sont accordés à la communauté naissante afin qu’ils puissent mener paisiblement leur vie monastique.
L’élection de Bernard
1322. Bernard a d’abord refusé d’être abbé. Ambrogio et Patrizio l’ont précédé dans cette charge. Mais en 1322 il est finalement élu, accepte, et il sera réélu tous les ans jusqu’à sa mort. Il devient pour ses frères signe particulier du Christ ressuscité. Les frères lui tendent les mains en signe de confiance dans l’obéissance. Le 4 mai 1347, ils écriront même un acte de confiance disant qu’en raison de son humilité et de sa sainteté, il resterait abbé jusqu’à sa mort.
Les derniers moments
1348. La Grande Peste ou Peste noire sévit en Italie et dans toute l’Europe. La mort emporte une grande partie de la population. Les villes sont particulièrement touchées. L’abbaye de Monte Oliveto, à la campagne, est épargnée, mais Bernard va soigner ses frères du monastère de Sienne, les aimant et les servant jusqu’à la fin. Il contracte la maladie et en meurt.
La canonisation
2009. Bernard a rapidement été déclaré Bienheureux, et son culte célébré dans notre Congrégation. Mais il a fallu beaucoup de temps pour que le procès de canonisation, interrompu plusieurs fois, arrive à terme. Le 29 avril 2009, finalement, sur la place St Pierre, Bernard est proclamé saint par le pape Benoît XVI, en présence d’une bonne représentation de la communauté de Maylis que l’on voit arborer fièrement le blason de l’abbaye.
La gloire du Ciel
On raconte que dans les tous premiers temps de vie monastique, avant la fondation de l’abbaye, Bernard, qui était alors Giovanni, eut une vision : une échelle s’élevait vers le Ciel, en haut de laquelle se tenaient le Christ et sa Mère, vêtus de blanc. Sur l’échelle montaient des moines, eux aussi vêtus de blancs. Saint Bernard est désormais entré dans cette gloire du Ciel, entouré de ses frères et sœurs.
L’échelle est aussi représentée, et fait référence à une autre échelle. En effet, la Règle de Saint Benoît parle d’une échelle pour les moines : l’humilité. C’est notre chemin vers le Ciel, celui qu’a contemplé et emprunté St Bernard.
Pour terminer…
Cette oeuvre en terre cuite peinte a été réalisée par Sr Mercédès, moniale bénédictine de l’abbaye Ste Scholastique de Dourgne dans le Tarn. À la fin des années 80, elle avait déjà réalisé les panneaux qui ornent l’entrée de notre monastère, et évoquent les figures de St Benoît, Ste Scholastique, St Bernard Tolomei et Ste Françoise Romaine.
Ce retable est situé dans une absidiole, sous les vitraux consacrés au thème du Sacré Cœur. Il fait un peu écho au thème de ces vitraux, comme nous l’avons vu, mais aussi à la statue de St Benoît, située dans l’autre absidiole. Celle-ci avait été réalisée par le p. Étienne Constantin, moine de notre communauté, au début de la fondation à Maylis.
Si vous désirez en ssavoir plus sur la vie de saint Bernard Tolomei, rendez-vous sur l’article suivant : St Bernard Tolomei, notre frère et père