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Veille, patience, espérance, avec les Pères du désert



Patienter et veiller. Attendre que se lève l’aurore. Guetter le Jour sans couchant, le Jour éternel. Espérer la venue définitive de la Lumière, et ne se préoccuper de rien d’autre. Chercher Dieu qui se manifeste au cœur de nos vies, puis se retire pour être désiré, et apparaît encore, discrètement, dans la prière, dans le combat spirituel, dans le frère, dans l’étranger. Ainsi se déroule la vie du moine. Il lui faut tenir dans le temps, et avec patience endurer sa longueur jusqu’à ce que l’éternité se dessine, qu’elle advienne dès cette vie.
Les Pères du désert, premiers moines chrétiens, ne voulaient pas attendre l’heure de la mort pour entrer dans l’éternité, et qu’advienne pour eux l’abolition du temps. Éloignés de la société, cachés au désert, ils se retiraient de l’extériorité pour vivre dans le lieu intérieur de l’intime relation avec Dieu. De même, par leur recul vis-à-vis des affaires des hommes, leur patience dans la solitude, et leur endurance dans la prière, ils conjuraient le temps, ils se retiraient déjà du temps. Ces hommes étaient impatients du Royaume éternel.
Allons rencontrer quelques-uns de ces « Abba » du IVe siècle qui ont fait de la radicalité l’ordinaire de leur vie. N’ayons pas peur de leur étrangeté. Ils étaient pétris de l’Évangile, et c’est leur désir ardent de Dieu qui les a poussés, parfois jusqu’à l’excès, vers les limites de la nature corporelle. Notre société, dans son mépris de Dieu, magnifie le corps, pourtant mortel, et cherche à retenir le temps pour oublier son issue. Ces frères ermites, eux, tendaient vers le corps de gloire, vers la vraie Vie, et méprisaient les choses de ce monde par amour du Christ. C’est pourquoi leurs actes et leurs paroles nous bousculent en proclamant l’urgence du Royaume et l’unique nécessaire : Dieu.

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