Archives par mot-clé : vocation

28e semaine : Pauvre de soi, riche de Dieu



28e dimanche ordinaire B :
Marc 10, 17-30

Bon Maître, que dois-je faire pour avoir la vie éternelle ?

Il est touchant cet homme qui accourt vers Jésus, si généreux dans son désir de bien faire. Il est attristant ce riche dont l’idéal est entravé par ses possessions matérielles. C’est pourtant une même personne. Pourquoi donc sa course vers la sainteté s’est-elle ainsi arrêtée ?
Il vient vers le « bon Maître », mais le rencontre-t-il vraiment ? Jésus le regarde, l’aime, l’appelle à lui qui est Vie éternelle, accomplissement de son désir. Mais l’homme ne noue pas de relation. Le riche a un autre maître.
De tous les commandements, peut-être lui manque-t-il le premier de tous et le second qui lui est semblable. Il n’est pas prêt à tout donner pour les pauvres. Il n’est pas prêt à se donner pour Dieu. Il se possède encore lui-même. Il n’a pas encore compris que la vie éternelle qu’il désire n’est pas le mérite d’un « faire », mais l’accomplissement d’un « être » dans l’amour, le don de soi.
Il repart triste, seul avec ses possessions, avec la richesse de ses œuvres bonnes, avec la maîtrise de sa vie.

Prière universelle :

PU 28e dimanche ordinaire

Une méditation en trois questions…
… pour les grands et les petits !

Accueillir l’Évangile :

Pourquoi les disciples sont-ils de plus en plus déroutés ?

Comprendre sa foi :

La sainteté est-elle œuvre de l’homme ou œuvre de Dieu ?

Vivre avec Jésus :

Et moi, face à ce riche, et surtout face au regard aimant de Jésus, que dois-je faire, qui dois-je être pour avoir la vie éternelle ?

15e semaine : Sur les chemins de Dieu



15e dimanche ordinaire B :
Marc 6, 7-13

Jésus appela les Douze ; alors il commença à les envoyer en mission deux par deux.

Ce dimanche, les lectures de la messe continuent à scruter la vocation de prophète. Il ne s’agit plus de Jésus, mais des disciples, de nous. Les Douze ont eu leur « première fois » : un jour, il faut se lancer, c’est pareil pour tout. Un jour le chrétien est envoyé, et c’est le départ sur les chemins de Dieu. Ce doit être vrai pour chacun de nous.
La vocation de prophète, d’évangélisateur, est au fond assez simple : il faut suivre les chemins de Dieu. L’Esprit nous précède. Il s’agit de s’arrêter là où il est à l’œuvre, pour se mettre à son service, pour lui prêter sa voix, ses gestes. Si l’Esprit n’est pas reçu quelque part, il est inutile de se fatiguer en vain : on doit passer son chemin sans scrupules. On ne peut forcer personne à recevoir Dieu. Il suffit de laisser un signe, un témoignage : partir en secouant la poussière de ses pieds, c’est-à-dire manifester que toute communion est impossible si Dieu n’est pas accueilli. Manque de charité ? Intolérance ? Ou bien réalisme spirituel ?
Nous avons été baptisés dans l’Esprit, mettons-nous donc en quête de l’Esprit qui agit dans notre monde. Partons en chemin, comme si nous n’étions jamais parti encore. Nous avons la Bonne Nouvelle à annoncer. Laissons-nous surprendre, et certainement nous rencontrerons Dieu là où nous ne pensions pas le trouver.
Bonne Route !

Prière universelle :

PU 15e dimanche ordinaire B

Une méditation en trois questions…
… pour les grands et les petits !

Accueillir l’Évangile :

Pourquoi un signe si fort envers ceux qui n’accueillent pas l’Esprit ?

Comprendre sa foi :

Pourquoi ne peut-on et ne doit-on pas imposer aux autres d’accueillir l’Esprit ?

Vivre avec Jésus :

Me suis-je mis en route à l’appel de Jésus, ou est-ce que je fais la sourde oreille ?

Jubilation pour 50 ans donnés !



La vie monastique en vaut la peine !

Le samedi 17 avril, fr Colomban a célébré le cinquantième anniversaire de sa première profession. Chaque jubilé est l’occasion de renouveler les vœux prononcés dans sa jeunesse, mais surtout de rendre grâce pour la fidélité de Dieu qui accomplit des merveilles dans la vie de ses serviteurs. Dans son mot de remerciement, dont vous trouverez un extrait ci-dessous, fr Colomban nous a affirmé: « la vie monastique en vaut la peine ! » Belle et encourageante conclusion de ces années de fidélité.

Voici quelques images commentées de la messe de jubilé, pour que vous puissiez entrer dans la jubilation du fr Colomban et de notre communauté avec lui. Cela peut être pour chacun l’occasion de renouveler les promesses de son baptême.

Remerciement du frère Colomban

Un aperçu sur le mot de remerciement de fr. Colomban, à la fin de la messe. Après avoir remercié ses parents et sa famille, il a ajouté:

Il y a aussi quelques amitiés, fortes et d’autant plus précieuses que la vie monastique peut être marquée par une certaine solitude affective, quelle que soit la réelle chaleur fraternelle d’une communauté. De ces amitiés, j’ai conscience d’avoir plus reçu que je n’ai donné. Et puis il y a le Père Emmanuel et tous nos anciens de la communauté qui m’ont accueilli et guidé dans la vie monastique. Ils m’ont donné le goût de St Benoît, et j’espère un peu de son esprit, à leur exemple j’ai pu persévérer au monastère. Et puis il y a mon Père Abbé et mes frères qui m’entourent aujourd’hui et chaque Heure, chaque jour. Ils me supportent et je les supporte– dans le bon sens bien sur, celui de supporter-, et si je ne sais pas toujours le leur dire et le leur montrer, c’est aujourd’hui peut être l’occasion de leur dire que je les aime et je sais qu’ils m’aiment, pas forcément d’un amour sensible mais toujours vrai. Il y a une oraison de communion qui dit en s’adressant au Seigneur  ‘…sans toi notre vie tombe en ruines’, et bien sans ma communauté ma vie tombe en ruines. Alors si certains ou certaines se posaient la question, qu’ils sachent bien que la vie monastique en vaut la peine.

Homélie du père abbé

Lectures : Ph 3, 7-14 ; Jn 1, 35-42.

Que cherchez-vous ?
Maître, où demeures-tu ?
Venez et vous verrez.
Ils allèrent donc, ils virent où il demeurait
et ils demeurèrent auprès de lui ce jour-là.


On a là une magnifique description de la vie monastique, et je remercie du fond du cœur fr Colomban d’avoir choisi ces deux lectures pour illustrer son Jubilé de 50 ans de vie monastique.
Tout commence par Jésus qui nous interroge : Que cherchez-vous ? 
C’est-à-dire : « qu’est-ce qui vous anime ? Qu’est-ce qui vous motive, vous dynamise ? Quel est l’axe de votre vie … ou plutôt, au fin fond de vous, qu’est-ce qui vous attire ? A quoi aspirez-vous ? »
La réponse des disciples est surprenante : Maître, où demeures-tu ?
C’est dire qu’en le voyant faire les cent pas près du Jourdain, et en entendant le Baptiste déclarer : « voici l’Agneau de Dieu », ils se sont sentis rejoints et interpellés.
Une folle espérance est montée en eux.
Ils ont perçu en Jésus un rayonnement extraordinaire, leur donnant à penser qu’il pourrait les combler, peut-être donner sens à leur vie. Et ils se sont mis à le suivre.
Ainsi le moine a perçu pour lui-même que seul le Christ pourrait donner vraiment sens à sa vie. Ce n’est que là qu’elle prendra du poids, de l’intensité. Ce n’est que là qu’il sera comblé. Tout le reste, sans pour autant être mauvais et étant même bon et beau, tout le reste lui parait léger à côté de l’intimité avec Jésus.
N’est-ce pas ce que cherchait à exprimer st Paul dans la 1° lecture ?


Tous ces avantages que j’avais, je les ai considérés, à cause du Christ, comme une perte.
Oui je considère tout cela comme une perte à cause de ce bien qui dépasse tout : la connaissance du Christ-Jésus, mon Seigneur.


De quels avantages s’agit-il ? De la possibilité de se lancer dans un métier, ou d’envisager de fonder une famille, ou des richesses de sensibilité ou de relations amicales etc … Tout cela parait tellement léger à côté d’une vie en intimité avec Jésus !


Ils allèrent donc, et ils virent où il demeurait, et ils demeurèrent auprès de lui ce jour-là.
On sent là une rencontre extraordinaire, peut-être de l’ordre de celle entre un disciple et son Maître, où celui-ci transmet à l’autre tout ce qui l’habite, l’anime, et l’autre en est comblé dans son intelligence, et il boit tout.
Ce peut être aussi un moment d’amitié particulièrement intense, où les deux amis sont ouverts l’un à l’autre et communient à des valeurs communes. Mgr Robert Le Gall, archevêque de Toulouse, dans une méditation sur l’amitié, la décrivait ainsi : « Nos âmes étaient sur la même branche de l’Arbre de la Vie, et elles s’étaient reconnues. »
Magnifique description pour exprimer que la vie avait fait se rejoindre les 2 amis, et ils avaient reconnu en l’autre des pierres d’attente, des aspirations communes … Ils se sont reconnus !
N’est-il pas émouvant cet éclairage pour envisager notre relation au Christ ? Il est venu se poser sur la même branche que moi, et il me propose son amitié … Il me reconnaît comme sien, et il espère que je vais le reconnaître également !
Ils demeurèrent auprès de lui ce jour-là, c’était environ la 10° heure.
La traduction liturgique formule cela : « ils restèrent auprès de lui », mais dans le grec, original, c’est le même verbe « demeurer » qui est utilisé.
Devant cette insistance sur ce verbe « demeurer », je suis allé regarder dans le Vocabulaire de Théologie Biblique son sens dans la Bible. La notice du P Jules de Vaux m’a beaucoup plu. Son introduction explique :
Toujours en mouvement, Israël, nomade puis exilé, n’a jamais véritablement expérimenté ce qu’est « demeurer ». Ce peuple, toujours en marche, rêve de se reposer des fatigues du désert. Il voudrait s’installer, et vivre en paix dans la terre que Dieu lui a promise. Au soir de chaque grande étape de son histoire, Israël pense dresser ses tentes pour une « sûre demeure ». … et au matin, il faut à nouveau partir … Ainsi, demeurer est un idéal toujours espéré, mais jamais atteint, qui ne trouvera son accomplissement qu’en Dieu.
Israël, peuple nomade, qui rêve de demeurer avec Dieu, est une belle anticipation du moine de st Benoît, toujours en marche, qui rêve de s’arrêter un peu et de demeurer avec Dieu, en Dieu.
Il me semble qu’au fil des ans, ce rêve devient de plus en plus perceptible, parfois-même prégnant. On s’est agité pendant des années, cherchant à servir Dieu en servant la communauté, au mieux de ce que nous pouvions donner. Dès qu’un objectif était atteint, on se disait : « là, on va pouvoir se poser un peu » … mais rapidement la nuée lumineuse s’élevait de nouveau, et il fallait repartir vers un autre objectif. La vie du moine rejoint vraiment celle d’Israël dans le désert, en marche vers la Terre promise.
C’est le « demeurer en Dieu » qui nous attire

St Paul exprime la même réalité avec l’expression « connaître le Christ », puisque dans la Bible il ne s’agit pas d’une connaissance intellectuelle, mais de connaître dans l’amour.
Il s’agit pour moi de connaître le Christ,
d’éprouver la puissance de sa résurrection,
et de communier aux souffrances de sa Passion, en devenant semblable à lui dans sa mort, avec l’espoir de parvenir à la résurrection d’entre les morts.
Tout est dit de la vie monastique, mais aussi de toute vie chrétienne.
Connaître le Christ, je l’ai déjà dit, au sens biblique il ne s’agit pas d’une connaissance purement intellectuelle, mais d’un lien vital, intime. Une connaissance dans l’amour.
Nous retrouvons bien là tout ce qui a été dit de l’amitié avec Jésus.
Éprouver la puissance de sa résurrection. Au cours de notre vie monastique, nous avons tous expérimenté de temps à autre, que le Seigneur était capable de nous combler, de nous faire avancer, de nous transformer. Nous expérimentons un peu la force de sa vie qui nous habite, qui nous ouvre à une vie nouvelle, qui nous sort petit à petit de nos travers, nous établit sur une échelle des valeurs différente.
Mais ayant expérimenté cela, la vie nous conduit aussi, souvent, à communier aux souffrances de sa Passion, en devenant semblable à lui dans sa mort. Comment cela ?
– en constatant, avec l’âge, que notre corps, nos capacités psychologiques ou intellectuelles, sont en train de mourir à petit feu …
– en accueillant de mieux en mieux nos misères, notre péché, mais sans angoisse car nous avons confiance en la puissance de la résurrection.
Il y a quelque temps, un ancien parmi nous, portant un regard sur sa vie et évoquant sa jeunesse à un ami, exprimait : «C’était le bon vieux temps, où nous rêvions encore de perfection et de sainteté, alors que désormais, nous constatons que nous ne sommes que de pauvres misérables, sujets de l’infinie Miséricorde, de laquelle st Benoît dit qu’il ne faut jamais désespérer.»
« Oui, les illusions de la jeunesse se sont envolées où je croyais que je pourrais faire pas mal de choses bonnes, que je pourrais devenir un bon moine » … Tout cela s’effiloche au fur et à mesure que la lumière divine pénètre en nous, mettant à jour nos misères, notre péché même, qui se glissait dans tout ce que nous cherchions à faire.
Comme le dit très bien St Paul, il ne s’agit plus de penser ou espérer être reconnu juste, d’une justice qui s’appuie sur nos œuvres (ce que st Paul appelle une justice qui vient de la Loi de Moïse), mais de celle qui vient de la foi au Christ, la justice qui vient de Dieu et qui est fondée sur la foi.
C’est-à-dire que c’est Dieu qui nous rend juste,
en nous pardonnant et nous purifiant,
en nous reconstruisant sur cette vérité que nous avons besoin d’être sauvé
« J’ai besoin d’être sauvé ! Aujourd’hui !
Et le Christ est venu pour cela
et il s’est posé sur la même branche que moi
et il m’a reconnu comme sien
et je l’ai reconnu comme mon Sauveur, mon Rédempteur.
 »
Si notre vie monastique nous amène à ce constat, nous n’aurons pas perdu notre temps,
ou plutôt l’offrande du Christ sur la Croix n’aura pas été rendue vaine !
N’est-ce pas cela que nous célébrons en chaque Eucharistie ?
Jésus qui donne sa vie, pour nous entraîner à sa suite vers le Père.
C’est aussi la grâce de chaque jubilé, qui nous entraîne toujours un peu plus loin, de fois en fois, jusqu’à ce que nous puissions enfin établir notre demeure en Dieu.

Baptême du Seigneur B : Celui sur qui repose l’Esprit

Baptême du Seigneur :
Marc 1, 7-11

il vit les cieux se déchirer et l’Esprit descendre sur lui

Le premier dimanche de l’Avent, nous avons imploré avec le prophète Isaïe : « Ah ! Si tu déchirais les cieux, si tu descendais » (Is 63, 19). Durant l’Avent et le temps de Noël, nous avons célébré l’attente et la venue de Celui sur qui reposerait l’Esprit. Ainsi l’avait annoncé le même Isaïe : « Un rameau sortira de la souche de Jessé, père de David, un rejeton jaillira de ses racines. Sur lui reposera l’esprit du Seigneur » (Is 11, 1-2) ; « Voici mon serviteur que je soutiens, mon élu qui a toute ma faveur. J’ai fait reposer sur lui mon esprit » (Is 42, 1) ; et encore une autre prophétie que Jésus s’est attribuée à lui-même (Lc 4, 16-21) : « L’esprit du Seigneur Dieu est sur moi parce que le Seigneur m’a consacré par l’onction. » (Is 61, 1). Voici qu’aujourd’hui, alors que Jésus sort de l’eau après avoir été baptisé par Jean, la prophétie s’accomplit. C’est par cette descente de l’Esprit que Jean-Baptiste peut reconnaître Celui qu’il annonçait, Celui qui venait baptiser dans l’Esprit Saint.
Lors de la Nativité à Bethléem, le Verbe s’est fait chair dans le secret, dans la discrétion. À présent, durant les fêtes de l’Épiphanie, que nous concluons avec le mémorial du Baptême du Seigneur, il est manifesté au monde. Ce n’est pourtant pas une manifestation éclatante : il faut la finesse spirituelle de Jean le Baptiste pour la percevoir. Pourtant cette graine divine semée trente ans auparavant dans le monde commence à germer à la vue de tous et bientôt commencera à porter un fruit surabondant.
Jésus commence sa vie publique en se soumettant au baptême de repentir de Jean, dont il n’avait nul besoin. Lui qui est Dieu s’est fait semblable aux hommes, il prend sur lui toute leur condition jusqu’à se faire solidaire du péché, de l’éloignement de Dieu. Déjà la mort sur la Croix se profile, mais aussi la résurrection. Jésus est baptisé dans le Jourdain, à l’endroit où traditionnellement le peuple hébreux, mené par Josué, a aussi traversé la rivière pour entrer dans la Terre Promise après sa sortie d’Égypte et son errance purificatrice au désert. Jésus est le vrai Josué qui vient nous introduire dans véritable Terre, la Vie éternelle.
Notre introduction dans la vie éternelle se fera par la transmission de l’Esprit qu’il a reçu. C’est sa mission. C’est la mission qu’il reçoit du Père en ce jour de sa vocation, quand il l’appelle : « Fils bien-aimé ». En prenant notre condition, et en nous transmettant l’Esprit qu’il a reçu et qui repose sur lui en plénitude, il va faire de nous des fils adoptifs. Puissions-nous, comme lui, nous donner au Père dans notre vocation personnelle, aimer nos frères jusqu’au bout, et faire ainsi la joie de Dieu !

Prière universelle :

PU Baptême du Seigneur B

Une méditation en trois questions…
… pour les grands et les petits !

Accueillir l’Évangile :

Comment la deuxième lecture, en liant « l’Esprit, l’eau et le sang » aide-t-elle à rapprocher le baptême de Jésus de son Mystère pascal (mort, résurrection, pentecôte) ?

Comprendre sa foi :

Quels liens peut-on faire entre le baptême de Jésus et les sacrements du baptême et de la confirmation ?

Vivre avec Jésus :

Jésus reçoit aujourd’hui sa mission de Messie par l’intermédiaire de Jean-Baptiste. Y a-t-il (eu) des « Jean-Baptiste » qui m’aident (m’ont aidé) à découvrir le don de l’Esprit que j’ai reçu ?

Quand Dieu s’invite parmi les hommes

Annonciation : Quand Dieu s’invite parmi les hommes…

« Dites-nous, messieurs les Apôtres et les Évangélisateurs, d’où sort ce Jésus dont vous nous parlez ? Comment est-il venu dans le monde, cet homme extraordinaire dont vous nous rapportez les paroles et les actes, ce crucifié que vous dites être ressuscité après être passé par la mort ? Qui donc est son père ? Qui est la femme qui l’a porté dans son sein et l’a mis au monde ? Nous aimerions en savoir plus… »

C’est la question que se posaient ceux qui ont entendu en premier la prédication des Apôtres et de leurs collaborateurs. Car, au début, l’annonce de Jésus commençait par la prédication de Jean-Baptiste, et on ne savait rien sur son enfance, sur ses origines. Or Dieu sait si la naissance est importante pour nous autres les hommes ! Tant de choses semblent déjà écrites à ce moment…
La communauté judéo-chrétienne voulait savoir si son père était bien de la tribu de Juda, de la lignée de David, de laquelle devait venir le messie. Elle voulait savoir qui était sa mère, fille d’Israël bénie par le sein de laquelle Jésus avait reçu sa judaïté, car celle-ci se transmet par la maternité. Elle désirait entendre une parole sur les débuts de ce prophète, puisque l’Écriture avait rapporté l’origine de plusieurs autres patriarches et prophètes : s’inscrit-il bien dans la suite de l’Histoire du peuple élu ? Peut-être quelques doutes, ou quelques cancans, couraient-ils sur les places et dans les cœurs, surtout face au grand scandale de l’ouverture à tous les peuples païens des promesses faites au Peuple choisi. C’est Matthieu, le juif, qui va mener l’enquête pour cette communauté.

La communauté chrétienne issue des nations païennes voulait elle aussi savoir quelles étaient les origines de cet homme illustre. Quels sont ses titres de noblesse ? D’où lui vient cette grandeur d’âme ? Les commencements d’une vie disent souvent beaucoup sur le déroulement de la suite. On rapporte ainsi les origines des grands personnages du monde grec. Ce grand homme-là, pourtant, attire riches et pauvres, il a un discours qui parle à tous, il rayonne autre chose que le commun des mortels : quel est donc son mystère ? C’est Luc, le Grec, le disciple de Paul, grand Apôtre des Nations, Luc l’historien et théologien au cœur si sensible, qui va mener l’enquête pour cette communauté.

Et nous, ça nous intéresse aussi. Il y a bien sûr un peu de curiosité sur sa mère, son père, sa famille, son histoire… Curiosité plus ou moins « people » peut-être, mais aussi recherche de sens, puisque Jésus donne sens à nos vies, à nos histoires. Après nous être arrêtés sur l’annonciation à Marie, transmise par St Luc, puis sur l’annonciation à Joseph, transmise par St Matthieu, nous essaierons de faire le lien avec nos expériences spirituelles. Comment Dieu s’invite-t-il parmi les hommes ? Comment Dieu s’invite-t-il dans nos vies ? Comment nous appelle-t-il ? Car il n’a pas fini de venir dans le monde. Il vient encore. Et il viendra un jour définitivement. Comment le reconnaître, comment l’accueillir, lui répondre, aujourd’hui et demain ?

I – Luc 1, 26-38 : « C’est si beau quand Dieu se penche sur la petitesse ! »

Le prologue de l’évangile selon St Luc introduit la transmission d’une sorte de trésor de famille ! St Luc est un conteur de génie, il a l’art du récit, un récit théologique. Il a construit ses deux premiers chapitres, qu’on appelle les Évangiles de l’enfance, comme un diptyque, sur lequel Jean-Baptiste et Jésus sont mis en parallèle. L’annonce à Zacharie de la naissance de Jean est donc parallèle à l’annonce à Marie de la naissance de Jésus. Et le jeu de contraste est très important.
Tout commence en Judée, sous le règne d’un roi, à Jérusalem, dans le Temple, avec le grand prêtre, autrement dit au centre politique du pays et au cœur spirituel du monde. Le Temple, c’est le lieu où l’homme se rapproche le plus près du Ciel. Il est presque normal d’y rencontrer des anges… N’est-ce pas le lieu idéal, semble-t-il, pour accueillir la présence de Dieu et entendre sa Parole ? Et le grand prêtre, choisi par Dieu, éminent spécialiste en matière de religion, n’est-il pas la personne idéale pour reconnaître, croire, et répondre à la manifestation, cet appel de Dieu ? Zacharie voit l’ange. Puis l’ange lui parle et l’appelle par son nom. Mais ça va être un échec partiel : sur le coup, Zacharie a du mal à croire. Pourtant lui et sa femme désiraient un enfant, et l’avaient demandé… mais ils sont vieux, trop vieux. L’ange de Dieu doit se nommer, montrer ses galons pourrait-on dire, pour appuyer son autorité. Tandis que Zacharie va se retrouver sourd-muet, lui qui n’a pas écouté l’ange de Dieu. Néanmoins le plan de Dieu s’accomplira : Élisabeth concevra un fils, et elle saura rendre grâce.
En parallèle, il y a une sorte de coup de théâtre. On voit le Ciel se pencher sur la terre, le Très-Haut, le Très-Grand, se pencher sur la petitesse. Le même ange Gabriel, mandaté par Dieu lui-même, semble descendre des hauteurs, et nous le suivons dans sa course. Il est envoyé dans une petite bourgade inconnue de Galilée, ce « carrefour des nations », région elle-même méprisée sur la terre d’Israël. Rien à voir avec Jérusalem, et moins encore avec Rome, Athènes, ou quelque autre grande ville de renom. Ça commençait mal. On n’attendait pas vraiment Dieu dans ce coin perdu de l’Empire Romain, parmi ces habitants à la race mélangée. Et pourtant, cette fois-ci, on sait tout de suite que ce sera important. Le nom du messager parle de lui-même : cet ange Gabriel est connu dans le livre de Daniel comme celui qui devait annoncer la venue des derniers temps (Dn 9, 21-27).
La récipiendaire du messager divin n’a rien à voir non plus avec le prêtre choisi pour officier dans le Temple de Jérusalem. Cette fois-ci, c’est une vierge. Certes, en Israël, dans les Écritures, une vierge, c’est important, très important. La vierge, la fille de Sion, est porteuse des promesses, de la Promesse. Elle incarne le Peuple élu en attente de la Vie donnée par Dieu pour le monde entier. Mais il y avait des tas de vierges en Israël, et un seul grand prêtre. Pourtant cette vierge-là est toute particulière, ce n’est pas n’importe quelle vierge. Ce qui la rend si singulière entre toutes, c’est que Dieu se penche sur elle. Après avoir défini le pays, Luc nous indique la famille dont elle fait partie du fait de son statut social : fiancée à un certain Joseph, descendant de David, elle fait partie de sa maison. Puis la « cible » de l’ange Gabriel se précise encore et on arrive au prénom de la vierge : Marie.
Il n’est pas dit que l’ange apparaisse, comme pour Zacharie. Il entre et salue. Où entre-t-il ? Sans doute dans le cœur de Marie, plus que dans sa chambre. Marie était ouverte à sa venue, à la venue de son Dieu. L’ange ne l’appelle pas par son nom, comme Zacharie. Il l’appelle par ce qui la caractérise le plus : le don de Dieu. Elle est la « Comblée-de-grâce ». Le nom est très important dans la Bible. Dieu donne souvent un nouveau nom, qui dit une mission au service du Salut. « Comblée-de-grâce » : c’est tout un programme ! Zacharie a eu peur. Marie, elle, est bouleversée quand elle entend ce nom. Autrement dit, son cœur se met à battre très fort. Et son intelligence se met en branle : l’annonce de joie, le titre, l’assurance que le Seigneur est avec elle… plusieurs textes des Prophètes peuvent alors lui revenir en mémoire : « Pousse des cris de joie, fille de Sion ! Éclate en ovations, Israël ! Réjouis-toi, de tout ton cœur bondis de joie, fille de Jérusalem ! Le Seigneur a levé les sentences qui pesaient sur toi, il a écarté tes ennemis. Le roi d’Israël, le Seigneur, est en toi. » (Sophonie 3, 14.15). « Ô terre, ne crains plus ! exulte et réjouis-toi ! Car le Seigneur a fait de grandes choses. […] Et vous saurez que moi, je suis au milieu d’Israël, que Je suis le Seigneur votre Dieu, il n’y en a pas d’autre. Mon peuple ne connaîtra plus jamais la honte. » (Joël 2, 21.27). « Exulte de toutes tes forces, fille de Sion ! Pousse des cris de joie, fille de Jérusalem ! Voici ton roi qui vient à toi » (Zacharie 9, 9).
L’ange va la rassurer et répondre à son attente de sens. Il fait une sorte de commentaire du « Comblée-de-grâce » : « tu as trouvé grâce ». Elle est privilégiée, « objet de la faveur de Dieu », encore peut-être un renvoi au prophète Daniel, lui aussi privilégié, qui reçoit l’annonce de la fin des temps : « Dès le début de ta supplication, une parole a surgi, et je suis venu te l’annoncer, car toi, tu es aimé de Dieu. Comprends la parole et cherche à comprendre l’apparition » (Dn 9, 23). Puis l’ange Gabriel évoque la promesse faite à David par l’intermédiaire du prophète Nathan, que toute femme, toute vierge, toute mère en Israël, dans la tribu de Juda, avait sans doute en tête : la descendance du grand roi fidèle, reprise ensuite par les prophètes : « Le Seigneur t’annonce qu’il te fera lui-même une maison. Quand tes jours seront accomplis et que tu reposeras auprès de tes pères, je te susciterai dans ta descendance un successeur, qui naîtra de toi, et je rendrai stable sa royauté. C’est lui qui bâtira une maison pour mon nom, et je rendrai stable pour toujours son trône royal. Moi, je serai pour lui un père ; et lui sera pour moi un fils. » (2 Samuel 7, 11-14). Concrètement, c’est l’annonce de la conception d’un enfant, conception pas vraiment attendue, comme on va le voir juste après. Il faut être femme, il faut être vierge, pour vraiment comprendre ce que ça veut dire, ce que ça implique charnellement. Mais cela concerne aussi les hommes. Marie est là au nom de toute personne humaine. Sa question, d’ailleurs, va nous mettre sur cette piste.
Marie ne fait pas d’objection. Elle cherche juste à comprendre les modalités, pour résoudre une apparente contradiction. Elle a décidé de rester vierge, et n’imagine même pas que Dieu puisse changer les projets que lui-même lui a inspirés. St Augustin, jouant sur les différentes significations du mot « concevoir », commente la scène en disant que Marie a conçu le Verbe d’abord dans son cœur, avant de le concevoir dans son corps. Le Fils de Dieu est devenu réellement présent en elle spirituellement, avant de le devenir charnellement. Recevoir et concevoir le Verbe de Dieu dans son intériorité, pour transmettre au monde la Vie de Dieu, c’est la vocation du chrétien. Et cela va même plus loin, puisque le chrétien devient lui-même corps du Christ… Grand mystère de la foi.
L’ange Gabriel est descendu jusqu’à la porte du cœur de la Vierge Marie. C’est l’Esprit Saint, Dieu lui-même, qui continuera le chemin pour porter sa Vie jusqu’en son intimité spirituelle et corporelle. Tout est remis entre ses mains avec l’évocation d’une des grandes merveilles de Dieu dans l’Ancien Testament : la naissance inattendue d’Isaac, « car rien n’est impossible à Dieu » (Genèse 18, 14).
Marie conclut en disant sa disponibilité totale à la Parole. « Voici la servante du Seigneur ; que tout m’advienne selon ta parole. » Elle dit sa vérité. Elle dit sa mission, à sa manière, la plus juste qui soit. Elle dit son union à la mission même du Christ, qui est le Serviteur : « Voici mon serviteur que je soutiens, mon élu qui a toute ma faveur. J’ai fait reposer sur lui mon esprit » (Isaïe 42, 1) ; et dans le Nouveau Testament : « Le Christ Jésus, ayant la condition de Dieu, ne retint pas jalousement le rang qui l’égalait à Dieu. Mais il s’est anéanti, prenant la condition de serviteur, devenant semblable aux hommes. » (Philippiens 2, 5-7)
Et le Verbe se fait chair. Dieu se fait charnellement présent dans le monde. « Le Seigneur ton Dieu est en toi, c’est lui, le héros qui apporte le salut. Il aura en toi sa joie et son allégresse, il te renouvellera par son amour ; il exultera pour toi et se réjouira, comme aux jours de fête » (Sophonie 3, 17.18)

Pour conclure et synthétiser le récit de Luc : c’est si beau quand Dieu se penche sur la petitesse !
l’attention s’est déplacée du prêtre à la vierge (Luc a d’ailleurs souvent une sorte de regard féminin, en particulier dans ces textes de l’enfance où les hommes se trouvent un peu sur la touche)
– le grand roi vient au monde dans une bourgade méconnue, par l’intermédiaire d’une vierge : rien de brillant, mais c’est une merveilleuse histoire !
Dieu en s’incarnant assume notre humanité, avec toutes ses lois : il prend chair dans le sein d’une femme. « Lorsqu’est venue la plénitude des temps, Dieu a envoyé son Fils, né d’une femme et soumis à la loi de Moïse, afin de racheter ceux qui étaient soumis à la Loi et pour que nous soyons adoptés comme fils. » (Galates 4, 4-5). C’est bien différent des dieux grecs et latins.
– plus important : la présence de Dieu semble se déplacer du Temple au sein de la vierge, et surtout à son cœur.
On est pris un peu à contre-pied…

II – Matthieu 1, 16-25 : « On ne dirait pas, mais tout est en règle ! »

Avec Matthieu, on est en contexte beaucoup plus masculin. Son style est plus didactique que celui de Luc. C’est un enseignant, et on pourrait dire qu’il présente les choses avec sa rigueur de comptable (rappelons-nous qu’il était collecteur d’impôts quand il a été appelé). Il s’adresse à des judéo-chrétiens, qui se posent des questions particulières, liées notamment à la Loi et aux prophètes : ils ont tous en tête les caractéristiques prévues pour le Messie, et l’application à Jésus n’est pas évidente. Matthieu veut toujours raccrocher Jésus à l’Ancien Testament. C’est une des raisons pour lesquelles il commence avec la généalogie de Jésus, sur laquelle il y aurait beaucoup à dire. Voici deux remarques pour introduire le récit de l’annonciation à Joseph.
Le but d’une généalogie est de mettre en valeur celui qui arrive au bout de la lignée, c’est-à-dire ici Jésus. Celle-ci est très stylisée, et Matthieu la fait remonter à David et Abraham, en trois parties. Il semble d’abord nous rassurer : tout est en règle du point de vue de l’ascendance de Jésus. Il est bien fils d’Abraham, le premier à avoir reçu les promesses, et fils de David, de la tribu royale de Juda, comme doit l’être le Messie. Jésus n’arrive pas par hasard. Il est l’aboutissement d’une Histoire Sainte.
Notons aussi qu’en choisissant 14 personnages par période, Matthieu fait des choix, il sélectionne. Or il est intéressant de voir que dans sa sélection il y a un certain nombre de personnages pas très brillants, c’est le moins que l’on puisse dire. Dieu les assume. Dieu assume les bêtises des hommes, leurs choix parfois mauvais. Ils n’arrêtent pas son projet de salut. Les femmes qui sont citées ont cette caractéristique d’avoir rusé de différentes manières pour avoir une descendance. Or à la fin il y a une sorte de décrochage. Après une longue série de « n. engendra n. », on a l’expression « Joseph, l’époux de Marie, de laquelle fut engendré Jésus que l’on appelle Christ » : Matthieu marque ainsi l’action de Dieu qui ne dépend pas de l’initiative des hommes. Dieu s’insère dans l’histoire des hommes, qu’il a guidée, mais n’en dépend pas.
C’est ce que va aussi expliciter le récit suivant de l’annonciation à Joseph, en montrant notamment toute la complexité de la situation humaine par rapport à nos repères humains. Il reprend donc au v 18 de manière développée ce qu’il vient de dire au v. 17, pour bien se faire comprendre : Joseph n’y est pour rien dans la conception de Jésus. « Or, voici comment fut engendré Jésus Christ » : le passif employé montre que tout est initiative et action de Dieu. Le v. 21 va mettre l’Esprit Saint dans le coup, mais Joseph ne le sait pas encore, et le moins qu’on puisse dire est que ça ne va pas de soi. Il faut prendre le temps de se mettre dans la peau de Joseph, le fiancé, lorsqu’il a su que Marie était enceinte. C’est probablement elle qui le lui a dit, encore qu’on ne le sache pas. Peu importe. L’important pour les évangélistes, Matthieu comme Luc, ce n’est pas la psychologie de l’un et de l’autre, ni la sociologie de l’époque, ni même la morale, encore que tout cela soit en filigrane. L’important, c’est l’obéissance de la foi. Et ici, il s’agit de la foi de Joseph, le gardien, comme il s’agissait de la foi de Marie dans St Luc.
Ça bouge dans la tête et le cœur de Joseph le juste. Cette justice ne désigne pas une simple droiture morale. Le conflit intérieur ne vient pas tellement de ce qu’il serait pris entre deux feux : sa confiance en Marie et sa confiance en la Loi. Le conflit de devoirs n’est pas là. C’est une épreuve spirituelle, une épreuve de foi. Parce qu’il est ajusté à Dieu, il doit discerner sa place dans le mystère qui est en train de s’accomplir en Marie : le Seigneur l’appelle-t-il à céder sa place auprès d’elle, rendre son indépendance à Marie ? Ou l’appelle-t-il à accompagner Marie dans l’aventure en passant pour le père de l’enfant ? C’est très humain, d’autant plus profondément humain qu’il s’agit de discerner sa place face à Dieu, dans le plan de Dieu.
Combien de temps ce conflit dure-t-il ? On ne sait pas. L’ange de Dieu vient le rejoindre dans sa tourmente : « voici que l’ange du Seigneur lui apparut en songe ». Encore un ange… Cette fois-ci c’est un songe. Il y a des tas de songes dans l’Ancien Testament, on connaît ça. C’est mystérieux. Quand et comment Joseph a-t-il eu ce songe ? Il ne devait pas trop arriver à dormir en ces jours ! Il devait beaucoup penser à ce que lui avait rapporté Marie de la venue de Dieu dans sa vie. Compliqué pour un homme, parfois, de comprendre et d’assumer les intuitions d’une femme. Joseph est seul face à sa vocation. Il est seul face à Dieu qui a déboulé dans sa vie à lui aussi. Peut-être le Seigneur l’a-t-il endormi comme il avait endormi Adam au moment de la Création d’Eve (Genèse 2) ? Ou bien luttait-il contre l’ange, comme Jacob sur le bord du torrent, la nuit, alors que sa famille était déjà passé sur l’autre rive (Genèse 32) ?
Il se peut qu’il se soit assoupi durant sa lectio divina, et que l’ange lui ait soufflé une interprétation de la prophétie d’Isaïe 7, 14 : « Voici que la vierge est enceinte, elle enfantera un fils, qu’elle appellera Emmanuel (c’est-à-dire : Dieu-avec-nous) ». Il s’est peut-être aussi souvenu de la prophétie qui présente le Messie, fils de David, rempli de la plénitude de l’Esprit de Dieu : « Un rameau sortira de la souche de Jessé, père de David, un rejeton jaillira de ses racines. Sur lui reposera l’esprit du Seigneur » (Isaïe 11, 1-2). En tout cas il a cru l’incroyable. Il a espéré contre toute espérance. Il a aimé, surtout, contre tous les vents contraires, son Dieu, d’abord, celle qui lui avait été confiée, ensuite, et sûrement aussi son peuple porteur de la promesse du Salut. Il a choisi d’assumer ce que Dieu avait commencé à faire dans sa vie.
Joseph, alors, agit dès son réveil. Il met en œuvre la parole entendue, écoutée. Il ne fait pas selon son idée, mais selon l’intuition reçue de Dieu. Il renonce à sa conception de la justice pour surpasser toute justice. Il dilate le cadre, il transcende la règle, pour la respecter plus pleinement, plus profondément. Il donne une place en ce monde à Celui qui vient non pas abolir la loi, mais l’accomplir. L’ange confie à Joseph le soin de donner le nom, c’est-à-dire qu’il lui confie la mission de faire acte de paternité. La part de Marie dans St Luc a été de recevoir Jésus dans son corps, dans son sein, malgré son propos de virginité, et ainsi de faire acte de maternité. La part de Joseph dans St Matthieu est de faire acte de paternité en le recevant dans l’adoption, pour l’inscrire dans l’Histoire du Peuple choisi, pour en faire le descendant de David, l’héritier des promesses.

Pour conclure et synthétiser le récit de Matthieu : on ne dirait pas, mais tout est en règle !
l’attention se déplace de l’accomplissement de la Loi à l’accomplissement de la Promesse
Dieu assume notre histoire, nos cadres, nos lois, pour les dépasser
– en venant dans le monde, Dieu confronte Joseph à la nécessité d’un discernement sur sa place d’homme face au mystère de l’intervention de Dieu
– surtout : ce qui se passe-là, c’est Dieu avec nous. Et si Dieu est avec nous, qui sera contre nous ?

III – Et pour nous ? Laissons-nous dérouter de nos idées préconçues

Les récits d’annonciation sont des textes théologiques. À chacun de les écouter et de les laisser résonner en son cœur pour que ces textes deviennent Parole vivante, active, de Dieu. À chacun de les laisser entrer en dialogue avec sa vie, de laisser l’Esprit parler dans le silence du cœur. Parce qu’ils sont des récits de vocations, ils nous invitent à nous interroger sur nos propres vocations, à relire l’action et les appels de Dieu dans nos vies.
Au centre de ces récits, il y a Dieu qui vient vers nous. Marie et Joseph sont importants, mais tous deux laissent la première place à leur Seigneur, et à l’Œuvre du Salut du monde qui est en train de s’accomplir. La première place donnée à Dieu permet l’accomplissement de toute promesse de vie. C’est un peu vertigineux de laisser la barre de sa vie à Dieu… Et pourtant, c’est seulement ainsi que notre être profond peut parvenir à son accomplissement. Cela nous fait peur, car nous oublions que Dieu qui vient vers nous, c’est un don de grâce avant d’être un appel et un envoi en mission. Tout est déjà donné au début, rejoignant nos désirs les plus intimes. Il nous revient de dire oui, et de nous laisser conduire, guider, accompagner. Dire oui à Dieu, à son action dans nos vies, c’est se mettre un peu de côté pour lui laisser la première place, mais sans pour autant abandonner ses responsabilités, car elles restent. Dire oui, c’est faire avec Dieu, c’est épouser son projet, c’est mettre toutes ses capacités, tous ses dons, au service de ce projet, selon qu’il le demande.
N’attendons pas de voir un ange ou d’entendre des voix. Les évangélistes utilisent cette manière de parler pour traduire une expérience spirituelle, mais les anges ne se voient ni ne s’entendent comme on voit et on entend les hommes. Leur manifestation est intérieure, et passe par d’autres médiations. Il s’agit de s’ouvrir par la foi, l’espérance, la charité, d’ouvrir son être à la possibilité de la venue de Dieu. C’est tout simple, d’une simplicité enfantine. Dommage qu’il soit parfois difficile d’être d’une simplicité enfantine !
Peut-être remet-on trop les choses de Dieu à des « spécialistes », prêtres, moines, ou religieuses. On ne se reconnaît pas facilement privilégié de Dieu. Il faut dire que c’est engageant… Que fait-on de la grâce de l’Esprit répandue dans le cœur des chrétiens au baptême, à la confirmation, à chaque Eucharistie ? C’est cela qui est important plus que tout le reste. Que fait-on du libre choix de Dieu ? La grâce est fondamentalement libre et gratuite, elle ne doit rien à nos mérites. À nous, pourtant, il revient de nous y ouvrir, de dire « oui », de discerner sa présence et son action. Dieu se manifeste dans nos vies. Il frappe à la porte de nos cœurs. Il nous conduit, et parfois il nous appelle, requiert notre aide. Il le fait au cœur de nos journées, au milieu de nos activités quotidiennes, ou bien au milieu de nos nuits, quand notre être est abandonné entre ses mains. Dieu ne se réserve pas aux « spécialistes » selon les catégories des hommes.
Accueillir Dieu dans sa vie, c’est à la fois se laisser dérouter de ses idées préconçues, et recevoir le don d’une cohérence de son histoire. Marie et Joseph avaient certainement été préparés, et ils seront accompagnés ensuite. Cela n’empêche pas l’inattendu total. Ils sont pris un peu de cours sur le moment. Mais c’est pour un accomplissement plus grand, plus profond, de ce que Dieu a déposé en eux. C’est la méditation des Écritures qui leur a permis de reconnaître, de discerner ce qui venait de Dieu et comment il convenait de lui répondre. Les Écritures sont le lieu privilégié du dialogue intime avec l’Esprit. Elles sont le moyen choisi par Dieu pour nous apprendre son langage. C’est sans doute là pour nous un rappel et un encouragement. Ouvrons chaque matin nos évangiles, afin que la Parole puisse résonner en nous. Demandons au Seigneur d’ouvrir notre oreille intérieure pour que nous puissions l’entendre, l’accueillir, marcher à ses côtés.

26 au 30 décembre : École de prière 18-30 ans

Une École de prière 18-30 ans ?

Hé oui, on peut apprendre à prier. Et c’est même bien de le faire !

Pour les étudiants et jeunes pros 18-30 ans qui cherchent une petite retraite priante et fraternelle au cœur des fêtes de fin d’année : venez à Maylis du 26 au 30 décembre !

Suis le guide en cliquant ici : Logo Ecole de prière

Si tu hésites, tu trouveras ici des témoignages de jeunes passés en retraite à l’abbaye :

Logo vie-monastique
Sur ce site, il y a aussi d’autres retraites proposées dans des abbayes, à faire connaître !

A très bientôt !

Samedi 12 octobre : 16-30 ans, Un jour pour Dieu un jour pour toi !

Portes ouvertes à l’abbaye !

Le samedi 12 octobre, tous les moines et les moniales de France invitent les jeunes de 16-30 ans à venir voir ce qui se passe dans une abbaye !
De l’extérieur, ça semble mystérieux, voire curieux… Pourquoi ne pas aller voir à l’intérieur ?

Le programme à Maylis :

Les garçons seront les bienvenus à Maylis.
Les filles sont invitées à aller dans un des monastères de moniales des Landes : il y a plus de choix ! Par exemple chez nos sœurs Bénédictines de l’abbaye St Eustase. Voir plus bas, après les vidéos…

  • Possibilité d’arriver le vendredi soir et de coucher à l’abbaye (merci d’avertir avant !)
  • Arrivée à 8h30 le samedi
  • Début à 8h45 avec la prière monastique de tierce.
  • Dans la matinée : présentation-témoignage sur la vie monastique, questions, et temps de lecture de la Bible ensemble.
  • Messe à 11h45 suivie du repas.
  • Travail manuel l’après-midi avec les frères et temps de détente.
  • La prière des Vêpres à 18h30 conclura la journée.
  • Possibilité de rester le samedi soir et de prolonger la découverte durant la journée du dimanche (merci d’avertir avant !)

Contact : Frère Oliveto
oliveto[@]maylis.org
05 58 97 72 81

Des vidéos-annonces de 2018 pour donner envie !




Pour ces demoiselles… au choix :

1/ Les Bénédictines d’Eyres Moncube (nos préférées…)
Présentation de la communauté sur notre site : cliquer ici !
Programme de la journée pour filles 17-35 ans (tout se fera avec les sœurs !) :

  • Possibilité d’arriver le vendredi soir et de coucher à l’abbaye (merci d’avertir avant !)
  • Accueil à 9h00 le samedi
  • 9h20 : prière monastique de tierce.
  • Dans la matinée : temps de lecture de la Bible ensemble.
  • Messe à 11h00 suivie du repas.
  • Après-midi : présentation de la vie monastique, témoignage, questions
  • Travail-service et temps de détente.
  • 17h30 : prière des Vêpres puis adoration
  • 18h45 : au revoir !
  • Possibilité de rester le samedi soir et de prolonger la découverte durant la journée du dimanche (merci d’avertir avant !)

Flyer pour faire connaître : Journée 12 oct
Inscriptions : Abbaye Notre-Dame St Eustase, 40500 Eyres-Moncube
accueil[@]st-eustase.org
05 58 76 24 25

2/ Les Carmélites de St Sever
Présentation de la communauté : c’est ici !
Programme pour jeunes filles 16-30 ans :

  • 8h45 : messe
  • Accueil et échanges : vidéos et témoignages
  • Enseignement sur la prière et temps d’oraison
  • 12h15 : Sexte (Prière du milieu du jour)
  • Repas tiré du sac
  • 13h45-14h45 : « récréation thérésienne »
  • Découverte des jardins du Carmel avec les Soeurs et goûter
  • 17h Vêpres

Aucune participation financière n’est demandée, mais par contre l’inscription est nécessaire au 05 58 76 00 15 ou par mail contact.carmel40[@]orange.fr

3/ Les Dominicaines de Dax
Tous les infos sont là : Moniale dominicaine d’un jour

Autres communautés dans toute la France :

Tu peux aller voir les lieux et les contacts sur ce site :
logo vie-monastique

À bientôt dans un de nos monastères !

Un retable pour St Bernard Tolomei et ses compagnons

Honneur à Saint Bernard Tolomei et ses compagnons !

Au mois d’avril dernier, une nouvelle œuvre d’art a été installée dans notre église-sanctuaire de Maylis. Il s’agit d’un retable en l’honneur de St Bernard Tolomei et de ses deux compagnons, Patrizio Patrizi et Ambroggio Piccolomini, fondateurs des bénédictins olivétains. Nous désirons ainsi honorer nos origines monastiques, et faire connaître et aimer la figure simple et attachante de notre fondateur.

Poursuivre la lecture

Bernardo Tolomei, notre frère et père

Bernardo Tolomei :
Un frère au-delà de l’histoire

Le texte ci-dessous est le « script » du montage audiovisuel sur Saint Bernard Tolomei réalisé à l’occasion de sa canonisation (29 avril 2009). Il a été conçu comme un complément de la biographie officielle écrite par frère Bernard Buchoud, moine du Mesnil-Saint-Loup, dont nous vous recommandons vivement la lecture (disponible à l’abbaye). Nous avons souhaité travailler le contexte historique qui éclaire bien des aspects de la vie de notre saint, ce qui nous le rend plus proche, frère au delà de l’histoire…
Évidement ce texte n’a pas la richesse du montage lui-même : demandez à le voir lors de votre passage à l’abbaye !
Poursuivre la lecture

À découvrir : vie-monastique.com

logo vie-monastique

vie-monastique.com : un site créé pour inviter les jeunes à découvrir la vie monastique

Qui sommes nous ?

Nous sommes une trentaine de communautés de moines et moniales rassemblés pour présenter la vie monastique sous diverses formes, à l’intention des jeunes.

Nous proposons :

 des possibilités de retraites et visites dans nos communautés

 des réponses aux questions

 des témoignages de jeunes venus dans nos retraites

 des présentations de nos communautés

 des témoignages de frères et de sœurs, jeunes et vieux

 des réflexions spirituelles

Venir dans un monastère ?

pictogramme calendrierTu trouveras sur le site des propositions de retraites ou de stages que nous organisons dans nos monastères tout au long de l’année. Le meilleur moyen de découvrir les moines et les moniales est de venir les rencontrer chez eux. Ils ouvrent leurs portes aux jeunes : profitez-en ! Venez expérimenter !
Les propositions sont diverses :

  • des retraites organisées avec des enseignement,
  • des temps de discernement
  • la possibilité de venir quelques jours juste pour voir
  • des services aux étudiants pour leurs révisions d’examens
  • participer à la vie de la communauté et au travail
  • des sessions avec un thème particulier qui touche la vie monastique, ou tout simplement un grand thème de la foi chrétienne

Bref, il y a le choix ! Ces propositions vont d’un jour à une semaine environ. Tu trouveras pour chaque communauté la manière dont tu pourras venir, et une possibilité d’entrer en contact.

As-tu des questions ?

pictogramme questionsBeaucoup de questions sur la vie monastique sont abordées. En parcourant les pages du site, on peut donc trouver des réponses concernant cette forme de vie inhabituelle, mais au fond très simple. On peut bien sûr aussi envoyer un message pour poser une question à telle ou telle communauté !

Qui aime les témoignages ?

pictogramme témoignages

Des jeunes témoignent…

Des jeunes passés dans les retraites que nous proposons témoignent de ce qu’ils y ont vécu. Ainsi chacun peut se faire une idée pour préparer sa halte spirituelle !

Les moines témoignent aussi !
Des jeunes, des vieux, des moyens : en texte ou en vidéos, on peut déjà rencontrer quelques frères ou sœurs de ces communautés !

Quelles sont les différentes familles ?

pictogramme monastèresDiverses familles sont représentées :

  • des frères et des sœurs bénédictins
  • … ou cisterciens,
  • et des sœurs carmélites,
  • et aussi des clarisses
  • et les sœurs de l’Annonciade.

De loin, ça paraît compliqué… mais ce sont beaucoup de couleurs à découvrir ! Une grande diversité dans laquelle chacun peut trouver une famille qui lui convient.

Sur une carte, tu verras au premier coup d’œil que tu as l’embarras du choix pour visiter une communauté : la France en est couverte !

Chaque communauté a quelques pages de présentation lui qui sont propres : Présentation, Témoignages, Questions/Réponses, Info pratiques et Contact et autres encore… Cela permet de sentir un peu l’ambiance de la famille !

Aimes-tu réfléchir et méditer ?

pictogramme dossiersCertains dossiers à thème te donneront du grain à moudre, avec des textes écrits par les frères et sœurs.

Y a-t-il des vidéos ?

pictogramme vidéosBien sûr ! Va les regarder ! Et puis aussi d’autres documents multimédia.

 

Prendre contact

pictogramme contactsIl est bien sûr possible de prendre contact avec les communautés : le site est fait pour ça !
Et puis aussi on peut nous suivre sur les Réseaux sociaux.

Bonne visite !

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